Tribune —
Le climat n’est pas une priorité du gouvernement
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Le budget pour la qualité de l’air et la lutte contre le changement climatique ? 35 millions d’euros
Après la conférence environnementale des 14 et 15 septembre, les « climateux » nourrissaient quelque espoir de voir les affaires climatiques reprises en main par le gouvernement. Ils en sont pour leurs frais.
Le 19 septembre, le conseil des ministres a adopté un projet de loi réformant le marché français des quotas de gaz à effet de serre (GES). Celui-ci prévoit, certes, d’accroître le champ d’application de l’ETS [marché européen des émissions de gaz carbonique] et de soumettre à quotas de nouveaux GES, comme le NO2 (dioxyde d’azote) ou les PFC (perfluorocarbones).
Fort bien. Il ouvre aussi la voie à la mise aux enchères desdits quotas. Mais les exemptions sont tellement nombreuses que seul le secteur de l’énergie, en gros, devrait pleinement acheter ses permis. Ceci réduira d’autant le produit des enchères, lequel doit, en partie, financer le programme de rénovation des passoires thermiques, annoncé par François Hollande le 14 septembre. Un programme qui, pour le moment, est loin d’avoir bouclé son financement.
Mais le coup de grâce a été donné par les rédacteurs du projet de loi de finances 2013 (PLF). Présenté le 28 septembre, il sabre férocement les crédits du ministère de l’écologie. Le budget de l’hôtel de Roquelaure devra baisser de plus de 15 % entre 2011 et 2015. Les services de Delphine Batho devront s’alléger de plus de 900 personnes. Mais quoi de plus normal ?
Car, voyez-vous, de l’avis de Bercy, le ministère de l’écologie n’est pas un ministère prioritaire. « En 2013, les effectifs des ministères qui ne concourent pas aux missions prioritaires seront réduits de 12 298 postes », indique, noir sur blanc, le projet de PLF.
En s’il en fallait un peu plus pour se convaincre de l’inaction climatique annoncée, voici une petite devinette pour finir : « Quel est le montant du budget que le ministère ’non prioritaire’ pourra consacrer à l’amélioration de la qualité de l’air et à la lutte contre le changement climatique ? » Vous séchez ? Voilà la réponse : 35 millions d’euros. À peine de quoi installer une demi douzaine d’éolienne en mer.
Il se pourrait que les négociateurs, au sommet climatique de Doha, en novembre, trouvent ça drôle.