Le lobby automobile freine le recul de la pollution
Durée de lecture : 3 minutes
Le « Mondial de l’automobile » s’ouvre à Paris. L’industrie qui s’exhibe ainsi est un des lobbies les plus importants du monde, qui bloque de toutes ses forces les réductions de la pollution des véhicules.
Le monde automobile n’est pas le monde. C’est une profession intégrée au milieu des intérêts pétroliers représentant un des deux lobbys les plus importants sur la planète. L’industrie automobile est un monde opaque, non-ouvert aux citoyens, un monde industriel en retard technologiquement et sociétalement. Voici quelques exemples :
- L’industrie refuse de communiquer toutes les informations sur la pollution automobile (particules fines…).
- Au niveau technique, très peu de progression depuis 60 ans : la Volkswagen de 1948 consommait 7,5 L/100 km, celle de 2008 consomme également 7,5 L/100 km, pas d’allégement du poids des véhicules.
- L’industrie est juge et partie ; l’UTAC (Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle), en charge des normes et des contrôles, est possédée par les industriels eux-mêmes ; son directeur général étant actuellement détaché par le Groupe PSA. Il est nécessaire de revoir l’indépendance de cet organisme pour qu’il diffuse tous ses résultats ayant des impacts sur la santé des citoyens.
Tant que le législateur n’intervient pas, l’industrie automobile poursuit son lobbying pour préserver la situation actuelle, faisant fi de la santé publique. Ainsi, il a fallu attendre 14 ans pour avoir une baisse sensible du CO (Euro I à Euro IV) et près de 20 ans, après les Etats-Unis, pour équiper les véhicules essences de pots catalytiques. Et aujourd’hui, sur 2 millions de véhicules vendus en France, 1,5 million sont des diesels et continuent majoritairement (sans filtre à particules) à mettre notre santé en danger.
Pourquoi ne pas imposer des filtres à particules sur les diesels, alors que les particules fines issues de cette motorisation représentent un danger très important pour la santé humaine ? On dénombre près de 30.000 morts en France chaque année, une progression de l’asthme chez l’enfant, des hospitalisations, des cancers, une perte de l’espérance de vie, des décès prématurés…
Pourquoi donner un bonus à tous ces diesels polluants et satisfaire ainsi l’inertie de l’industrie ?
Nous demandons à l’Etat d’attribuer le bonus exclusivement aux diesels équipés de filtre à particules, en rétablissant ainsi l’équilibre financier du bonus/malus. Par ailleurs, il serait opportun de profiter de l’actuelle Présidence française à l’Union Européenne pour faire avancer la norme Euro V et gagner une réelle avancée sur la santé des citoyens.