Les Français veulent « réformer le capitalisme en profondeur »
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Sacrés Français ! Ils sont les plus radicaux des Européens, selon un sondage TNS Sofres, et ne font pas confiance aux gouvernants pour changer le système.
A l’occasion du Colloque « Nouveau Monde, Nouveau Capitalisme » qui se tient les 8 et 9 janvier à Paris, Eric BESSON, Secrétaire d’Etat à la Prospective, à l’Evaluation des politiques publiques et au Développement de l’économie numérique, a demandé à TNS Sofres d’évaluer, au-delà de la crise, la perception du grand public à l’égard de l’avenir du système capitaliste en Europe.
TNS Sofres a réalisé une étude auprès de la population de 5 pays : France, Royaume-Uni, Allemagne, Suède, Espagne. Une analyse complémentaire a été effectuée pour la France auprès des chefs d’entreprise de plus de 10 salariés.
En voici les principaux résultats :
Comment la crise actuelle est-elle perçue ?
L’ensemble des 5 pays européens interrogés est unanime : 81% estiment que cette crise remet en cause nos valeurs et nos façons de vivre. C’est notamment un sentiment partagé par 87% des Espagnols et des Anglais, 82% des Suédois, et dans une moindre mesure par 79% des Allemands et 74% des Français.
Au-delà de la crise, quel regard les 5 pays européens interrogés portent-ils sur le capitalisme ?
Doit-il être réformé, ou non, en totalité ou pas ? 52% des Européens souhaitent une réforme du système capitaliste sur quelques points (contre 31% une réforme en profondeur). L’opinion publique française se singularise : seuls 38% des Français veulent une réforme sur quelques points seulement, tandis que la majorité d’entre eux réclame une réforme en profondeur (53%).
Les pronostics des populations des différents pays montrent un certain scepticisme quant à la capacité du capitalisme à se réformer. Ainsi, 7% des Européens interrogés pensent que le système capitaliste sera réformé en profondeur (alors qu’ils sont 31% à le souhaiter) tandis que 35% estiment qu’il ne sera pas réformé (contre 11% qui le souhaitent).
Une demande d’intervention de l’État
Une majorité des personnes interrogées (51%) considère que l’État n’intervient pas assez dans la vie économique de leur pays. Cependant, des disparités existent entre les pays. En France, 59% de nos compatriotes estiment que l’État n’intervient pas assez dans la vie économique, et seulement 42% des chefs d’entreprise. A l’inverse, seuls 38% des Espagnols et 24% des Suédois pensent que l’État n’intervient pas assez.
Même configuration pour la protection sociale où l’intervention étatique est jugée insuffisante par 53% des populations européennes interrogées. En France, toutefois, les chefs d’entreprise jugent que l’État intervient trop (36%) ou comme il faut (36%).
Et une aspiration au retour des valeurs humanistes face à l’individualisme et au consumérisme
La consommation, l’individualisme et la recherche de la performance sont les valeurs qui ont pris le plus de place, selon les populations des 5 pays (respectivement 70%, 62% et 56% au niveau global), au cours des dernières années.
Mais lorsqu’ils s’expriment sur les valeurs qu’il faudrait privilégier dans les années à venir, le classement place au premier rang les valeurs collectives : le respect d’autrui (91%), le sens de la famille (88%) et la responsabilité individuelle (81%) constituent le peloton de tête.
Dans ce contexte de crise et méfiance, vers qui se tourner pour améliorer les choses ?
Dans les 5 pays européens, ce sont les acteurs suivants qui inspirent le plus confiance : les gouvernants (39%), les scientifiques (37%) et les enseignants (35%).
En France, 39% des Français (et 61% des chefs d’entreprise) pensent que cette amélioration viendra d’eux-mêmes. Les scientifiques remportent également leurs suffrages (39% des citations). Viennent ensuite les associations de citoyens (36% des réponses). Seuls 30% des Français citent les gouvernants.
A propos de l’étude « nouvelles formes du capitalisme » Etude réalisée par téléphone par TNS Sofres entre le 9 et 18 décembre, auprès d’échantillons représentatifs de la population âgée de 18 ans et plus dans les pays suivants : Royaume-Uni (963 individus), France (952), Allemagne (942), Suède (485) et Espagne (956). Pour le volet chefs d’entreprise, un échantillon représentatif de 300 entreprises de plus de 10 salariés.