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Lettre à Monsieur Hollande sur Notre Dame des Landes


Geneviève Lebouteux
Conseillère régionale
avec le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport

à Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée

La Chapelle, le 20 septembre 2012

Monsieur le Président,

Vous avez reçu ces trois dernières semaines des courriers de Sylvie et Marcel Thébault, de Brigitte et Sylvain Fresneau et de Chantal et Thierry Drouet, soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, vous demandant un entretien. Leurs demandes étant restées sans réponse à ce jour, je la réitère aujourd’hui.

Vendredi 14 septembre, trois personnes de la coordination ont été reçues par M Kesler, directeur de cabinet de M Cuvillier, Ministre des Transports. Deux heures d’écoute attentive de sa part. A l’heure où le Ministère des transports va revisiter les projets du SNIT, il est impératif que le projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes fasse partie de cette mise à plat. En effet, la somme annoncée pour la construction de cet aéroport est très loin du compte. Au moment où, en 2010, l’Etat a contractualisé avec Vinci et avec les collectivités locales impliquées, un plan de financement a été acté.

Vous remarquerez que 262 millions d’euros d’argent public sont prévus pour ce projet d’aéroport 100 % privé (il s’agit d’une DSP de 55 ans) ; le « retour à meilleure fortune » attendu par les collectivités locales pour leur investissement sur la plateforme cache en fait une subvention.

Plusieurs dépenses publiques sont encore à venir pour ce projet :
-   Une nouvelle ligne ferroviaire grande vitesse Nantes-Rennes passant par Notre Dame des Landes pour laquelle le débat public est prévu début 2013 : 3 milliards d’euros ?

-   La restructuration des accès routiers (trois routes départementales à dévier) : 115 millions d’euros ;

-   Un nouveau franchissement de la Loire ? (600 millions d’euros)

-   Un accès vers Nantes par tram-train : 150 millions d’euros

-  L’entretien et le fonctionnement de la piste actuelle, maintenue pour Airbus

Par ailleurs, je suis, comme beaucoup, persuadée que les coûts de construction de l’aéroport et de sa desserte routière sont sous-estimés : la comparaison avec d’autres constructions ou extensions d’aéroports laisse à penser que le coût sera probablement double (de l’ordre du milliard d’euros). On sait d’ailleurs que les dépassements de coûts sont très courants : la moyenne européenne est de 40 % de dépassement de coût de construction pour ce type de projets.

Au final, votre gouvernement aurait tout intérêt à remettre à plat ce projet. A quel besoin doit-on répondre ? Peut-on faire autrement ? Comment préserver le dynamisme des régions de l’Ouest tout en préservant les terres et les emplois agricoles, les zones humides, la biodiversité ?

Je vous rappelle d’ailleurs que les bases économiques sur lesquelles est fondé le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes sont non seulement très optimistes relativement à la situation du secteur aérien, mais aussi « pipeautées », de façon à présenter un intérêt économique global pour ce projet, alors que c’est faux (cf l’étude économique indépendante du cabinet européen CE Delft, non démentie à ce jour, sur le site du CéDpa : aeroportnddl.fr ).

Monsieur le Président, lors de la conférence environnementale de la semaine dernière, vous vous êtes engagé clairement pour une transition écologique de notre société. Votre premier Ministre, M Jean-Marc Ayrault, à la Fête de la Rose en Loire Atlantique, a parlé d’une « société de la sobriété ».

Entièrement d’accord. L’Ouest et la Loire Atlantique ont droit à avoir toute leur part dans cette transition et n’ont pas à souffrir d’une décision d’un autre siècle aux conséquences désastreuses à tous niveaux, pour laquelle Monsieur Fillon, alors premier ministre, avait signé la déclaration d’utilité publique.

Monsieur le Président, au nom de la coordination des opposants au projet d’aéroport, je réitère notre demande d’un entretien sur ce sujet, très rapidement.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.


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