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Non aux Jeux Olympiques à Grenoble

Le maire de Grenoble rêve d’obtenir les Jeux Olympiques d’hiver dans sa ville. Cela signifierait une augmentation de la destruction de l’environnement régional et un coût énorme. Des citoyens s’opposent à ce fantasme d’une autre époque.

Nous, habitants de la cuvette grenobloise et des communes de montagne voisines, refusons la candidature de Grenoble aux Jeux Olympiques de 2018. Non, la population n’est pas unanime pour défendre un projet dont les conséquences seraient lourdes pour la vie des Grenoblois :
− Un coût indécent. Les JO de 1968 ont été remboursés, via des impôts locaux augmentés, jusqu’en 1995. Une simple candidature coûte des dizaines de millions d’euros. Pour les seuls « Jeux de la Neige » (4 au 6 décembre 2008), opération de communication destinée à impressionner le Comité Olympique, la mairie débourse 400 000 € (pour un coût total dépassant largement le million d’euros). N’avons-nous pas de besoins plus urgents à régler avec de telles sommes ?
M. Destot prétend que sa réélection en mars 2008, sur un programme comportant la candidature aux JO, légitime ses lubies. Rappelons qu’il a obtenu, au 2e tour des municipales, 20 959 voix sur un college de 127 551 Grenoblois en âge de voter. Un Grenoblois sur sept.

-  Alors que la cuvette étouffe dans la pollution et souffre d’une urbanisation galopante, les JO imposeraient des années de travaux pour créer 30 000 lits – hors spectateurs ! – et des infrastructures gigantesques : rocade Nord avec tunnel sous la Bastille, autoroute A51, agrandissement de l’aéroport de Saint-Geoirs, élargissement de l’A48, etc. La mairie veut profiter des JO pour accélérer la réalisation du Sillon Alpin (continuité urbaine de Geneve à Valence sur 220 km) et l’urbanisation high tech du centre (le projet GIANT et ses gratte-ciel). Nous refusons cette mégalopole inhumaine.

-  Un environnement saccagé. Les JO de 1968 ont laissé des massifs défigurés : tremplin à ski de Saint-Nizier du Moucherotte (280 000 m3 de terrassement ) devenu un tas de béton abandonné ; matériel d’éclairage laissé tel quel aux Trois Pucelles et sous le Moucherotte ; piste de bobsleigh de l’Alpe d’Huez – 3000 m3 de béton coulé – abandonnée depuis 1972, etc. Cinquante ans plus tard, cette meme course folle à la croissance économique qui justifie la candidature de Grenoble a bouleversé le climat et la montagne : la neige se fait rare dans les stations de moyenne altitude. Les Jeux exigeront ces canons à neige qui, dans le Vercors par exemple, imposent de créer des lacs artificiels, gaspillent une grande quantité d’eau et d’électricité, perturbent les cycles naturels de la végétation, de la faune, et ravagent les paysages.

-  Une ville fliquée. En 1968 l’armée avait déployé 7000 soldats dans Grenoble. En 2018, grace aux avancées des technologies sécuritaires, la ville sera couverte de caméras de surveillance, de systemes de tracabilité (puces RFID) et d’identification (biométrie), et placée sous contrôle policier. Un avant-goût est fourni par les dispositifs installés au Stade des Alpes et acceptés en toute soumission par les supporters.

-  Une idéologie répugnante. L’« idéal olympique » sans cesse loué par les décideurs est résumé par les déclarations du maire de Grenoble, M. Destot : « Une candidature en 2018 est une formidable opportunité pour notre ville » ; « Une formidable opportunité pour la montagne francaise, confrontée à une concurrence mondiale en matiere de développement sportif, économique et touristique. » En somme, il s’agit de mettre à genoux nos concurrents mondiaux en toute fraternité et de remplir les poches des idéalistes chefs d’entreprises, commercants et développeurs touristiques dauphinois. Qui ne s’y sont pas trompés puisqu’ils ont créé l’association « Pro JO » à l’initiative de la Chambre de Commerce et d’Industrie, qui ordonne dans un courrier aux patrons grenoblois : « Vous êtes chef d’entreprise responsable, vous vous devez d’etre intéressé par cet événement. » L’idéal olympique, c’est celui de l’argent, de la compétition, de la réussite à tout prix, y compris celui de la triche (...).
De Berlin à Pékin, l’idéal olympique a prouvé qu’il s’accordait à toutes les dictatures. Par respect pour le sport, pour la dignité et la liberté, nous refusons la candidature de Grenoble.

Non aux Jeux Olympiques, ni ici ni ailleurs.

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