Notre Dame des Landes : même les patrons doutent
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Figure du patronat vendéen, Yves Gonnord se dit contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes en l’état. La CCI et le Medef conditionnent leur soutien à un deuxième pont sur la Loire.
Le temps des démonstrations bruyantes d’enthousiasme est derrière. Le monde de l’entreprise en Vendée est désormais partagé sur l’opportunité de construire un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Yves Gonnord, figure de l’entreprise à la vendéenne, a jeté un pavé dans la mare. Le tabou est levé : on peut critiquer le projet initié il y a plus de 30 ans par Olivier Guichard et poussé par Jacques Auxiette et Jean-Marc Ayrault aujourd’hui.
Le vice-président de Fleury Michon - qui parle à titre personnel - ne prend pas de gants : « Avant la construction d’un nouvel aéroport, il est urgent d’investir dans des équipements routiers et ferroviaires : nouveaux ponts sur la Loire, deuxième rocade de Nantes, ligne à grande vitesse Nantes-Paris. Il en résulte que le projet sera repoussé de plusieurs années. En attendant, l’aéroport actuel est largement suffisant. »
Plus diplomate, la chambre de commerce et d’industrie de Vendée est, peu ou prou, sur la même ligne : « C’est un projet structurant d’avenir, mais il ne peut se faire que si, dans le même temps, nous disposons d’infrastructures routières dont le 2e pont sur la Loire. Les entreprises de Vendée diront OK à condition qu’elles ne mettent pas trois-quarts d’heure de plus dans le contournement de Nantes », explique Joseph Moreau, le président de la CCI de Vendée.
Philippe Bellante, le président du Medef vendéen, est très explicite : « Une décision a été prise. On ne va pas revenir dessus. Maintenant, pour nous, c’est lié au pont sur la Loire. Il faut se battre pour que les deux sortent en même temps. On n’a pas envie de passer des heures sur le pont de Cheviré à voir décoller les avions ! »
Autant d’arguments qui permettent, entre les lignes, de ne pas insulter l’avenir tout en manifestant ouvertement une grogne de « sudistes » en mal d’écoute.
Des voix patronales anti-aéroport
Un pont, sinon rien ! Certains chefs d’entreprise vont au-delà de l’argument des accès. Ils sont carrément hostiles au projet dans sa globalité. Tel Christian Ricot, patron vendéen d’une entreprise choletaise de distribution de surgelés et encarté au MoDem :
« Notre-Dame-des-Landes est aujourd’hui dépassé. Ce modèle est d’une époque révolue. Il faut aujourd’hui privilégier le réseau de trains à grande vitesse afin de mieux desservir les aéroports existants. Nantes-Atlantique n’est pas et ne sera sans doute jamais à saturation. S’il l’était, il pourrait être agrandi sans problème majeur. »
Marcel Barteau, co-gérant de la concession Alfa-Roméo à La Roche-sur-Yon, est encore plus incisif : « Pour moi, c’est catégorique, c’est non. Je me rallie 100 % à ce que dit Yves Gonnord. Cet aéroport est complètement inutile. De plus, il n’y a pas les infrastructures d’accès. Quand on construit une maison, on fait d’abord un chemin pour y aller ! ».
Quant aux nouveaux emplois promis (3 000), Marcel Barteau n’y croit pas : « Il y a déjà un déséquilibre deux-tiers - un tiers des emplois entre le nord et le Sud-Loire. Des emplois en plus au nord, ce serait des emplois en moins au Sud-Loire, y compris en Nord-Vendée. »