Qu’est-ce que l’écoféminisme ?

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FéminismeCatherine Larrère est philosophe, et notamment auteure avec Raphaël Larrère de Du bon usage de la nature (Champs Flammarion).
« L’écoféminisme, c’est s’interroger sur le lien entre les femmes et la nature des deux côtés. Dire aux femmes que le rapport à la nature les intéresse, et que donc un mouvement féministe qui ne se pose pas la question de la nature n’est pas un mouvement féministe complet. Et puis, c’est dire aux environnementalistes que la question des femmes les intéresse.
Si on dit que l’environnementalisme, c’est s’interroger sur le rapport entre l’homme et la nature et qu’on ne s’est pas demandé de quel homme il s’agissait, on n’est pas allé jusqu’au bout. L’écoféminisme est beaucoup plus un mouvement intérieur à l’environnementalisme, qui a un aspect culturel : des travaux historiques ont montré qu’il y a un lien entre la domination de la nature et la domination des femmes, et en particulier autour de la modernité. Un livre de Carolyn Merchant, Death of nature, montre comment la montée de la science moderne est en fait une redéfinition du rapport à la femme. Dans le même ordre, on a redéfini le rapport aux femmes et on a redéfini le rapport à la nature.
Un côté plus politique, plus social, plus tiers-mondiste, interroge le rapport entre les femmes, en ajoutant une domination, celle du sol du Sud par le Nord, et qui montre finalement le rôle stratégique des femmes dans les pays du Tiers-Monde du Sud comme l’Inde, le Kenya. Elles sont à la fois la base de la démographie - qui est un gros problème environnementaliste du Sud - et elles jouent un rôle agricole beaucoup plus important que dans les pays du Nord. »
• Ecouter l’entretien avec Catherine Larrère :