Sauvons la Méditerranée de la pollution marine, rencontre-débat à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Le mardi 14 mars 2023


Une rencontre debat pour informer sur la probable future catastrophe ecologique en Mediterranee et la désinformation organisée sur ce sujet
Les gros navires sont des usines à gaz, parfois capables de rejeter autant d’oxyde de soufre que des millions de voitures.
Mais depuis le 1er janvier 2020, promis juré, les gros bateaux ne polluent presque plus.
L’air marin est épargné, mais c’est la mer qui trinque car la pollution de l’air est transférée dans les mers et océans.
A Marseille (Bouches-du-Rhône), comme dans tous les ports et les mers du monde, on se plie à la nouvelle réglementation. Les 60 000 navires qui sillonnent les mers (cargos, paquebots et ferries) ont dû réduire leurs émissions de soufre depuis le 1er janvier 2020 , de 3,5% à 0,5%, soit sept fois moins.
Pour respecter cette obligation , les armateurs ont le choix : utiliser un carburant moins soufré mais bien plus cher, ou équiper leurs cheminées de scrubbers, installation qui utilisent l’eau de mer pour « laver » les gaz d’échappement et éliminer les oxydes de soufre . Aujourd’hui, des milliers de bateaux traversent les océans en utilisant ce dernier dispositif. Plusieurs armateurs, notamment français, ont choisi d’en équiper leurs navires : c’est le cas de Corsica Linea, Brittany Ferries ou MSC, par exemple.
Des tonnes d’eaux souillées
Mais ce dispositif pose problème. Dans 70 à 80% des cas, les scrubbers utilisés sont en "boucle ouverte", c’est-à-dire que l’eau de mer est prélevée, pulvérisée dans les cheminées, puis rejetée sans que rien ne soit prévu pour les tonnes d’eaux souillées. Quand on interroge Corsica Linea sur la destination de ces eaux, la réponse est claire : "Directement à la mer". Est-ce que cela revient à déplacer le problème, de renvoyer en mer une pollution émise auparavant dans l’air ? "Non parce que vous avez une réaction chimique qui fait que vous rejetez quelque chose qui est propre", affirme Alain Mistre, directeur exploitation portuaire et environnement de Corsica Linea.
Mais est-ce vraiment propre ? Ce n’est pas l’avis d’un expert, interrogé par "L’Œil du 20 heures" : "C’est extrêmement corrosif, ce qui ressort, l’acier ne résiste pas s’il n’est pas protégé. Ça fait des trous dans les coques. Vous renvoyez toute l’acidité en mer. Donc, au lieu de polluer l’atmosphère, vous polluez la mer." Dans le sillage des scrubbers, des chercheurs ont ainsi trouvé des hydrocarbures ou des métaux lourds, à des niveaux parfois 50 fois supérieurs aux doses normales.
Des conséquences dramatiques pour les mers
A tel point que certains ports et des pays entiers interdisent ces rejets dans leurs eaux. La Chine, Singapour, les Etats Unis et leurs iles, le canal de Panama, mais aussi la Belgique ou Le Havre… Dans ces zones, les navires doivent passer d’un système en boucle ouverte à une boucle fermée, qui réutilise la même eau et stocke les déchets à bord. Ou utiliser un carburant moins polluant.
Mais au large, les navires peuvent continuer de polluer en toute légalité.
Avec des conséquences dramatiques sur l’écosystème, selon une étude menée par des biologistes suédois, de l’université de Göteborg. "Nous avons constaté une surmortalité des microplanctons, et ceux qui survivaient n’arrivaient pas à atteindre le stade adulte. Donc il y a un effet massif sur des micro-organismes qui sont essentiels pour toute la vie marine.
C’est tout simplement incroyable que sans même chercher à mesurer l’impact que cela aurait sur l’environnement, on ait accepté cette solution technique.
Une étude de l’IFREMER en date du 7 avril 2022 concernant 11 navires naviguant en Méditerranée conclut que ces 11 navires polluent en HAP ( hydrocarbures aromatiques polycycliques) et métaux lourds autant que le Rhône .
De son côté, l’organisation maritime internationale se saisit lentement du dossier, et l’un de ses groupes de travail planche sur un état des lieux des connaissances scientifiques sur le sujet. En France, les autorités ont demandé à la Commission européenne d’interdire purement et simplement les rejets des scrubbers, en vain pour l’instant.
Et les armateurs continuent imperturbables dans leurs déclarations de bonnes intentions et leur souci de préserver le vivant, sans pourtant être crédibles tant leurs arguments sont contestables .
Précisions
Le 14 mars 2023 de 18 a 20h00 Salle Bailli de Suffren à la mairie centrale de Marseille