Tribune —
Trop d’humains en 2050 ?
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Le pic pétrolier affectera la production agricole, donc la sécurité alimentaire d’une population mondiale plus nombreuse qu’aujourd’hui.
En réponse au dossier sur Malthus paru avec le numéro de juillet-août du Journal la Décroissance (où j’étais interpellé en page 2), j’ai commis une réponse intitulée « Le néo-malthusianisme pour les Nuls », que le Journal de la décroissance a refusé de publier, mais que Hervé Kempf a bien voulu publier le 5 août sur son blog. S’en est suivi un échange interne aux Verts avec un copain nataliste (ou du moins opposé à l’anti-natalisme) qui m’a fait pondre une longue réponse sur les listes vertes, avec de nouvelles données factuelles. Compte tenu de l’importance vitale du sujet (le 21e siècle peut-il ne pas être le siècle des famines globales ?), je me permets de vous reproduire ci-dessous l’essentiel de mon propos, en réponse aux arguments du copain.
Cette position du cahier de l’IEESDS joint au journal de La Décroissance n’est en rien à renier par l’essentiel des Verts. En dehors du seul texte rédigé par une femme et de celui de Vincent Cheynet, il n’est guère fait allusion aux constat des géographes et sociologues : les cartes mondiales des taux d’analphabétisation des femmes et du nombre d’enfants par femme sont quasi superposables.
Exact. Et ça permet de conclure une nouvelle fois que l’alphabétisation des femmes (et plus largement le développement) diminuent généralement la natalité (pas toujours, cf les pays du Golfe pétrolier). Mais sûrement pas que la planète pourra nourrir 9-10 milliards de personnes dans quelques décennies.
C’est donc l’éducation et la reconnaissance du statut d’égalité entre homme et femme qui est le meilleur garant d’une diminution de la population à moyen terme.
Le meilleur ? Une conscience générale, étayée et bien intériorisée des risques d’une natalité excessive ferait beaucoup mieux. Sur l’île de Tikopia, cette conscience est chevillée au mode de vie de tous les habitants (Effondrement, Jared Diamond), et leur effectif (un millier sur 5 km2) est stable depuis 3000 ans ! Quelle autre civilisation humaine peut en dire autant ?
Si cette conscience est aujourd’hui marginale au niveau planétaire, c’est dû à la méconnaissance générale des enjeux, au mythe tenace d’un progrès sans fin, au productivisme qui a besoin de fuite en avant dans la consommation pour que sa mécanique fonctionne, à l’obstruction cléricale et aux tabous religieux qui imprègnent y compris les rangs écologistes. Ainsi Vincent Cheynet, dans son papier de l’IEESDS, ne nie pas être influencé par des tabous religieux. Il me reproche seulement d’évoquer cette hypothèse sans que lui-même ait jamais fait état de ses croyances dans son journal. Ce qui n’établit évidemment pas leur inexistence.
Or la question posée pourrait être que les ressources risquent tant de se tarir que seule une décroissance de la population peut nous sortir de l’impasse environnementale dans laquelle nous allons. Il n’en n’est rien en réalité. Les exemples sont légions qui montrent qu’une diminution des taux de natalité peut se traduire par un accroissement de l’empreinte écologique (cas de la Chine), qu’une grande densité de population peut se traduire par un très faible impact environnemental avec un indice de développement humain élevé (cas du Kérala, état de l’inde fédérale).
Ces 2 exemples ne démontrent rien : ils rapprochent des faits sans lien de cause à effet, en utilisant la tournure spécieuse « peut se traduire par ». Jusqu’à preuve du contraire, la cause de l’envolée de l’empreinte chinoise n’est pas la baisse de la natalité, mais le développement économique concomitant (lequel a peut-être contribué à baisser la natalité). De même, la forte densité des Kéralais n’est pas la cause, mais bien un obstacle à leur faible empreinte : à mode de vie identique, leur empreinte serait forcément encore plus faible avec moins d’habitants au km2 et sans que leur IDH en souffre !! Ou alors il faudrait vite faire beaucoup d’enfants pour sauver l’humanité de la famine… ;-)
Seules les politiques publiques, volontaristes en matière d’environnement peuvent porter leurs fruits en la matière : ce doit être leur but premier. La baisse de la population est donc alors une conséquence des politiques éducatives et féministes et non un objectif premier en soi.
On arrive enfin au cœur du problème : une politique écologiste idéalement « poussée » (une décroissance solidaire) suffirait-elle pour empêcher un crash alimentaire global ?
Premier élément de réponse : le marché alimentaire actuel est déjà bien tendu. La possibilité de nourrir demain 9 ou 10 milliards d’humains serait donc plus crédible s’ils disposaient de davantage de terres arables, d’eau, de poissons, de minerais et d’énergie que ceux dont disposent les 6,8 milliards actuels, qui sont déjà loin de manger tous à leur faim. Or il se trouve au contraire que toutes ces ressources sont aujourd’hui en fort recul, sans perspective d’inversion de tendance. Il n’existe déjà plus de marges de productivité pour une nouvelle « révolution verte » basée sur la mécanisation et la chimie. La situation de Afrique sera bientôt dramatique. Et nos descendants hériteront en prime d’un climat de plus en plus hostile, surtout sous les tropiques. Moins de ressources pour nourrir davantage de monde : comment ce qui a échoué à 6,8 milliards pourrait-il fonctionner demain à 9-10 milliards ? Bref, comment le milliard actuel d’affamés pourrait-il ne pas grossir encore ?
Mais il y a pire : RIEN (rien de connu à ce jour, en tout cas) ne pourra empêcher le déclin du pétrole de provoquer un lent effondrement la productivité agricole mécanisée (la production par actif agricole), avec à terme une situation intenable. J’ai ainsi été stupéfait d’apprendre récemment que sans pétrole, la productivité d’un riziculteur camarguais ou américain (500 T/an) serait divisée par rien moins que 1000 ! (Cf Marc Dufumier). Si elle n’était divisée « que » par 10, la chute de productivité de riz (première céréale consommée au monde) serait compensable par un retour à la terre d’une partie raisonnable des citadins. Mais une multiplication par 1000 du nombre de riziculteurs dans les pays riches est un challenge impossible à relever dans un contexte qui verrait évidemment émerger une nécessité similaire pour les autres productions de base.
A ce propos, de quel facteur au juste la privation de pétrole (et donc de machines agricoles) fera-t-elle chuter la productivité de la culture mécanisée de blé ? Et celle de maïs, de pommes de terre, etc ? Je n’ai pas trouvé ces données, mais il existe un indicateur pertinent : depuis 1955, l’avènement du pétrole dans l’agriculture française a permis de multiplier la production cumulée de blé et de maïs par 4,1. Le tout avec 8 fois moins d’agriculteurs et 12% de surface agricole en moins, en bonne partie sacrifiée au béton (c’est écrit ici). Voilà qui situe l’envol historique de la progression du rendement céréalier à l’hectare autour d’un facteur 4,7 ≈ 4,1÷(1-0,12) et celle de la productivité par actif agricole aux alentours d’un facteur 33 ≈ 8x4,1 !! Il va sans dire que la quasi totalité du surcroît de rendement à l’ha repose sur la chimie tirée des hydrocarbures, le bio ne représentant que 2% de la surface agricole en France. Et c’est le cumul de ce gain avec celui - énorme - apporté par le machinisme agricole qui explique l’explosion de la productivité par actif.
Un petit aparté sur le rôle central des énergies fossiles (85% de notre consommation actuelle). On imagine souvent qu’elles seront remplacées peu à peu par les renouvelables. Erreur profonde : aussi abondant et durable soit-il, aucun renouvelable ne pourra se substituer quantitativement au carbone fossile. Il faut beaucoup d’investissement technologique pour valoriser la force de marée, la géothermie ou l’énergie solaire sous toutes ses formes (thermique, photovoltaïque, éolienne, à l’exception notable de la photosynthèse…). Or la technologie sans ressources fossiles, ça se réduira demain à très peu de choses comparé à aujourd’hui. D’autant qu’il y aura des besoins énergétiques bien plus prioritaires que la recherche-innovation, ou même l’investissement dans des éoliennes…
Corollaire brut de tout ça : une fois privés de pétrole et en l’absence de substitut en quantités comparables, les 751 000 actifs travaillant actuellement dans l’agriculture française devraient être 33 fois plus nombreux, rien que pour maintenir la production céréalière actuelle sur la base des rendements de 1955. Ce qui nous mènerait à près de 25 millions de travailleurs de la terre sur un total de… 28 millions d’actif (dont plus de 3 millions de chômeurs). Ce serait la fin des villes, et même la police devrait apprendre à semer, biner et faucher… ;-)
Ce constat calamiteux sera heureusement bien meilleur avec une conversion totale au bio. Le bio peut atteindre 80% du rendement de la chimie dans les pays tempérés. La productivité céréalière à l’ha serait alors 3,8 fois celle de 1955 (80% de 4,7). L’agriculture bio n’utilisant que très peu de produits de synthèse (bouillie bordelaise, etc), la privation de pétrole la pénaliserait très peu sur ce point. Reste la question déterminante du machinisme, qui constitue le gros facteur limitant de la production. Et là il est clair que privé lui aussi d’énergie mécanique fossile, l’agrobio nécessitera une force de travail humain et animal du même ordre que l’agriculture traditionnelle en 1955. Même l’utilisation du biodiesel produit sur place à partir de tournesol ou de colza serait assez vite compromise par la difficulté croissante de fabriquer et d’entretenir les machines elles-même, dans un contexte où les minerais eux aussi seront inéluctablement de plus en plus plus rares, chers et de qualité décroissante.
Retenons donc que dans cette hypothèse d’optimisation des rendements par le passage au « tout bio », le facteur 33 ci-dessus serait ramené à 33÷3,8 ≈ 8,7. En clair : à terme l’agrobio nécessiterait quand même 9 fois plus d’actifs agricoles qu’aujourd’hui, soit (même en proportion de la population) davantage qu’après guerre.
Une autre marge d’optimisation (et pas des moindres) sera dans la réduction de la part carnée de la nourriture occidentale. 78% de la surface agricole du monde sert aujourd’hui à nourrir les animaux d’élevage. En supprimant totalement l’élevage, le potentiel nourricier de l’agriculture pourrait donc être multiplié en théorie par un facteur 4. Mais cela supposerait que nous devenions tous végétaliens. Qui est d’accord ? Plus sérieusement, il existe des surfaces productives (steppe, pampa, alpages…) qui ne se prêtent guère qu’à l’élevage. Et puis, le bio a besoin d’importantes séquences enherbées dans ses rotations de culture, ainsi que de fumier animal. Contrainte qui permettra de conserver la production de laitages et d’oeufs, ainsi qu’une surface importante en herbe et cultures fourragères, avec en prime la consommation de la viande des poules, des vaches et des brebis laitières en fin de vie. Rappelons aussi l’incontournabilité des animaux de trait, eux aussi consommables en fin de vie, mais dont le nourrissage nécessitera de l’ordre de 20% des assolements. Ajoutons enfin que dans les faits, l’appétence humaine pour la viande sera difficile à brider jusqu’à son strict minimum, surtout dans nos pays habitués à des excès carnés. Il sera donc probablement difficile d’amener le facteur 4 susdit au-dela de 2. Ce n’est déjà pas mal, mais loin de résoudre notre problème !
Car d’autres réalités viendront largement tempérer cette poussée d’optimisme ;-) :
• Demain (faut-il le répéter ?) la population humaine à nourrir, et donc la production agricole, sont censés augmenter de 50%.
• La surface agricole sacrifiée au béton depuis 1955 est irrécupérable.
• les terres agricoles « chimiques » ont perdu une partie de leur humus et jusqu’à 90% de leur biomasse vivante (Cf : Claude Bourguignon). Elles ne font plus illusion que grâce aux engrais solubles et aux pesticides.
• les anciennes machines agricoles à traction animale (faucheuses, charrues…) ont quasiment disparu et leur fabrication nécessitera du temps, de l’énergie et des minerais dans un contexte où les trois feront défaut.
• la traction animale elle-même ne sera opérationnelle que des décennies plus tard, tant le cheptel d’animaux de trait de 1955, devenu aujourd’hui symbolique, sera long à reconstituer (les chevaux ne sont pas des lapins !). Je ne parle même pas des savoir-faire perdus.
• Les habitudes et aspirations de vie des Français (beaucoup plus citadins qu’en 1955) rendent illusoire un retour massif au travail manuel de la terre, même avec un Pol Pot ad hoc aux manettes :-((. Demandez-vous seulement où logeraient tous ces néo-campagnards…
Je n’évoque pas la concurrence des agro-carburants à filière industrielle, sans doute assez vite condamnés par leur bilan énergétique proche de zéro. Et puis, comment imaginer qu’un monde affamé accepte de brûler de la nourriture ou même de sacrifier des terres fertiles à la culture (au culte) de l’éthanol ?
Au total, le problème étant similaire dans tous les pays « développés » (≈ pétro-dépendants), l’humanité sera incapable d’empêcher la disparition progressive de l’agriculture mécanisée de la planète, aujourd’hui principale pourvoyeuse alimentaire du monde. Il suffit de penser au devenir des « greniers à blé » canadien et américain, ou de se demander, en traversant la Beauce, comment de telles surfaces pourraient êtres valorisées sans machines.
Une baisse rapide des besoins alimentaires (donc de la démographie) est en revanche susceptible d’atténuer le problème, et en tout cas de réduire le nombre de victimes de la méga-crise à venir. Or la dénatalité – seul type de recul démographique éthiquement acceptable – ne produit son effet qu’après plusieurs décennies. N’en déplaise à Vincent Cheynet, c’est donc dès aujourd’hui qu’il faut la poser en soi comme objectif public majeur, inscrit dans le paysage mental commun, et indépendamment des politiques éducatives et féministes qui ont leur utilité propre. Signalons à ce propos qu’il y a un siècle existait un féminisme qui intégrait la revendication de la « grève des ventres ». C’était alors une valeur progressiste, pacifiste et libératrice de la condition des femmes, qui était déjà décriée – avec curieusement moins de succès qu’aujourd’hui – par tous les productivistes et cléricaux du pays.
La plupart des natalistes le sont par pur conformisme à la doxa ambiante, en totale ignorance de l’enjeu alimentaire ici évoqué, et sont donc susceptibles de changer d’avis si on les éclaire. Certains se dédouanent volontiers de la peine d’examiner ce risque en taxant les alarmistes de malthusiens, de misanthropes, de « deep écologistes » (très commode, ça !) ou d’aigris qui haïssent les enfants. D’autres encore nient ce risque par simple foi en la capacité de l’humanité à résoudre tous ses problèmes à mesure qu’ils se posent. Il en est enfin qui, tout en comprenant bien ce risque, font le pari fou que l’Homme découvrira très bientôt une nouvelle source d’énergie aussi abondante, accessible, commode d’emploi et polyvalente que l’était le pétrole, et qui, en attendant, veulent bien que le principe de précaution s’applique à tout, sauf à la démographie. Et vous, dans quelle catégorie êtes-vous ? ;-)
Les Verts et Europe Ecologie prônent justement humanisme, féminisme et une politique écologiste poussée, c’est à dire globalement dans le sens des propos du cahier de l’IEESDS joint au journal la Décroissance.
Enfonçons donc le clou. Les besoins alimentaires vitaux par humain ne décroîtront pas. Or aujourd’hui ils pourraient probablement être satisfaits (je parle en ordre de grandeur) si les repus du Nord mangeaient moins de viande pour libérer les surfaces productives capables de nourrir les affamés du Sud. Demain, la conjonction de l’effondrement agricole post-pétrolier (qui est inéluctable) et d’une augmentation de 50% de notre nombre (qui n’est pas inéluctable) provoquerait des famines planétaires susceptibles de causer (directement ou par violence induite) des morts par milliards. En d’autres termes, que ça nous plaise ou non, il n’y aura jamais 9 Mds d’humains sur Terre ! Yves Cochet arrive à la même conclusion page 220 de son dernier livre (un bijou !) : « J’écris une dernière phrase d’une main tremblante : le déclin démographique proche sera catastrophique au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Dire que la population du monde va perdre 3 milliards d’habitants en 30 ans n’est pas un froid constat de prévisionniste statisticien. La perspective est humainement insupportable. Hélas, elle est devant nous ». Et Yves n’est bien entendu pas seul à penser cela : prenez donc le temps de lire ce texte de Dale Allen Pfeiffer, intitulé « Nous mangeons du pétrole ». Vous serez bien en peine de réfuter les chiffres de son implacable démonstration.
Il faut bien comprendre que l’amplitude de l’effondrement post-pétrolier de la production agricole mécanisée ne dépend que du niveau de ressources renouvelables accessibles dans l’ère post-fossile. « Humanisme, féminisme et politique écologiste », aussi « poussés » soient-ils, seront donc par nature strictement sans effet sur cette amplitude. Ils peuvent certes retarder cet effondrement en instaurant un droit de préemption absolu de l’activité agricole sur le reliquat d’or noir et sur la main-d’oeuvre. Ce qui suppose (outre un assouplissement du concept d’humanisme) un niveau inédit de rationalisation collective de l’alimentation (bio, frugale, végétale, saisonnière, relocalisée) et de partage planétaire des ressources. Lequel suppose à son tour la survivance des démocraties et la requalification généralisée de la production agricole en service public excluant toute spéculation. Le tout, bien sûr, en évitant les guerres, dont l’inhumanité n’aura pas échappé à personne ;-). Vaste et salutaire programme, qui mériterait d’être largement explicité et défendu par les Verts, car seul susceptible de rendre l’espoir en conjurant la perspective du chaos portée par le « chacun pour soi contre tous ».
Réalisons cependant que bien avant la fin de ce siècle, le pétrole, le gaz et le charbon résiduels finiront quand même par devenir inaccessibles (hors de prix), même si le climat nous autorisait encore à les transformer en CO2 (ce qui est fort douteux). En d’autres termes, le scénario optimiste sus-évoqué ne fait qu’étaler le même effondrement agricole (donc démographique) sur quelques décennies de plus. De fait, le niveau final auquel la population humaine s’ajustera durablement à la fécondité post-pétrolière de la Terre n’est pas négociable. Selon plusieurs auteurs, il pourrait être de l’ordre de 1 à 2 Mds (cf aussi : « Nous mangeons du pétrole », entre autres). Ce scénario pourrait même inclure la survivance d’une vie civilisée si tout se déroule pour le mieux (sans tueries majeures). Mais pour avoir le choix du mode d’ajustement de la population, il faut se décider maintenant. Soit nous anticipons une réduction rapide du nombre de bouches à nourrir, et nous aurons un reflux démographique à la fois plus limité (car entamé à 6,8 Mds) et étalé sur une durée plus longue (car commençant plus tôt). Soit nous persistons à vouloir en passer par ce fameux pic de 9 Mds, et nous remettons à un avenir relativement proche une abominable « régulation naturelle ».
J’attends toujours une réfutation sérieuse de cette analyse, certes quelque peu en décalage avec les préoccupations dominantes de cette fin 2009 ;-). À ceux que sa « noirceur » suffirait à fermer comme une huître, je rappelle que ce qui importera demain n’est pas la couleur de l’analyse, mais son exactitude. Je me doute que certain(e)s discuteront tel ou tel détail, mais seul importe un éventuel démontage argumenté des ordres de grandeur (qui d’ailleurs me comblerait d’aise !). En revanche épargnez-nous svp les contre-exemples « roses » tirés d’un présent encore très riche en pétrole qui ne prouvent strictement rien pour le futur. La prospective n’est pas l’art de transposer le présent dans l’avenir (ce que font tous les productivistes), mais l’art de décrypter les effets à venir des évolutions en cours et de celles qu’on sait inéluctables, dont l’épuisement des ressources fossiles et le réchauffement climatique sont de loin les moins anodines.