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Un collectif est créé pour suivre les mines d’uranium


Déclaration commune des associations luttant contre les effets
environnementaux et sanitaires des mines d’uranium en France et au
Niger.

Les 23 et 24 août 2012, se sont réunies à proximité de l’ancienne
mine d’uranium des Bois Noirs (Loire) les associations luttant contre
les effets environnementaux et sanitaires des mines d’uranium en
France et au Niger. A l’issue de cette importante rencontre, les
associations font la déclaration suivante.

La France a connu principalement entre 1945 et 2001 une importante
activité d’extraction et de transformation de l’uranium dans plus de
200 sites miniers et 8 usines de transformation répartis sur 25
départements et 8 régions. Aujourd’hui, une grande part de
l’uranium utilisé en France provient des trois sites de la région
d’Agadez au Niger dont l’exploitation a commencé à la fin des
années 60.

L’héritage de ces décennies d’exploitation est lourd pour les
territoires car il laisse des centaines de millions de tonnes de
déchets radioactifs dangereux (boues de traitement, usines
démantelées, déchets métalliques contaminés, rebuts miniers). Ces
déchets sont trop souvent disséminés dans l’environnement et/ou
stockés dans des conditions totalement inappropriées. Ils génèrent
des pollutions environnementales multiples (air, eau, sol, chaîne
alimentaire) induisant des dangers sanitaires inacceptables
aujourd’hui et pour les générations futures.

Face aux lourdes carences des exploitants miniers en terme de gestion
des sites, au premier rang desquels la société COGEMA, aujourd’hui
AREVA, des associations se sont constituées en France et au Niger pour
alerter les populations et mettre AREVA devant ses responsabilités.

Les États qui ont trop souvent couvert la filière nucléaire, ont
préféré organiser l’irresponsabilité des exploitants, notamment à
travers une législation complaisante.
Depuis de nombreuses années, et souvent avec l’appui scientifique de
la CRIIRAD et de son laboratoire, ces associations oeuvrent pour que
soient reconnues et traitées les situations de pollutions et de mise en
danger des populations. Leur combat est parfois soutenu par des élus
locaux sensibilisés.

Aujourd’hui, ces associations partagent un même constat : l’industriel
AREVA tente par tous moyens d’échapper à sa responsabilité. Face à
cette attitude, les États et les institutions du nucléaire (En France
 : IRSN, ASN, ministères. Au Niger : BEEEI, CNRP, ministère des Mines)
n’agissent pas à la hauteur des enjeux :

-  Terrains, lieux publics, habitations contaminés par des matériaux
radioactifs.

-  Pollutions du milieu naturel dont les ressources en eau.

-  Gestion condamnable des sites de stockage de déchets.

-  Perte de mémoire sur la localisation des sites.

-  Exposition du public à son insu.

-  Absence de normes sanitaires et environnementales claires et
partagées par tous, en particulier sur les niveaux de rejet et de
décontamination acceptables.

-  Dispositif de surveillance inadapté.

-  Au Niger, défaillances de l’observatoire de santé et
expropriations de 450 km2 de terres autour de la mine d’Imouraren.

Face à ces questions essentielles, AREVA et les institutions
nationales accumulent les expertises ne concluant qu’à la nécessité de
la réalisation d’autres expertises, oubliant au passage d’entendre les préoccupations locales et l’urgence des situations, et laissant ce niveau local démuni et
empêché de prendre ses propres décisions.

Le partage d’expériences qui résulte de la réunion des associations
fait apparaître que des victoires importantes ont été obtenues
localement : décontamination aux frais d’AREVA de sites parfois
vastes (cours d’écoles, parkings et chemins publics, maisons, lac de
baignade, réserves d’eau potable, etc.). Ces avancées doivent
constituer des précédents : ce qu’AREVA a réalisé quelque part
sous la pression associative doit être possible partout.

L’échec des organes locaux de participation (CLIS, CLI, CESS,
CODERST, etc.) démontre que les décisions ne sont plus prises au
niveau local mais confisquées par le niveau national.

Face à ce constat, les associations ont décidé de s’organiser en
collectif, dénommé « Collectif Mines d’Uranium », dont les
premières priorités sont les suivantes :

-  Dossier du recensement par cartographie héliportée des remblais (« 
stériles miniers »
) disséminés sur le territoire français : obtenir
une révision de la méthodologie, un accès aux cartes brutes
d’AREVA, et une négociation des seuils et modalités de traitement.

-  Problématique des matières radioactives disséminées dans la
commune urbaine d’Arlit : obtenir la publication des résultats du
plan compteur effectué par AREVA dans les rues, et la réalisation de
celui annoncé depuis 2010 dans un échantillon de 125 maisons.

Le Collectif Mines d’Uranium appelle les Présidents des Républiques
de la France et du Niger à prendre enfin la mesure des enjeux de santé
publique et de protection de l’environnement liés à l’extraction de
l’uranium.

...................................................................................................

Associations signataires au 1er octobre 2012
(l’ensemble des associations présentes à la rencontre ont signé la
déclaration commune) :

. Association Aghir in Man – Niger
. Association Oui à l’avenir – Creuse
. Association Noria - Vendée, Deux-Sèvres
. Association pour la Défense de l’environnement de Xaintrie (ADEX) –
Corrèze
. Association pour notre qualité de vie – Cantal
. Association nos enfants et leur sécurité - Cantal
. Collectif bois noirs - Loire/Allier
. Association Moine et Sèvres pour l’avenir - Vendée, Maine et Loire,
Deux Sèvres
. Association Puy de Dôme Nature Environnement - Puy de Dôme
. Association Rozglas - Bretagne
. Association Sources et Rivières du Limousin (SRL) - Limousin
. Association CRIIRAD – France


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