Tribune —
Une relance ? Non. L’aveuglement
Derrière la « relance », le gouvernement maintient le « cap des réformes, » c’est-à-dire du délabrement organisé des institutions sociales.
En lançant à grands coups de trompette l’application de son plan de relance, le gouvernement français fait preuve d’aveuglement, de cynisme et d’irresponsabilité.
Le gouvernement n’a pris aucune mesure de l’ampleur et de l’origine de la crise. Celle-ci est pour lui extérieure, venue d’ailleurs. Or ce sont les politiques néolibérales appliquées méthodiquement depuis trente ans, en France, en Europe et dans le monde, qui ont conduit à la situation actuelle : liberté pour les capitaux, explosion des dividendes et blocage des salaires, privatisation des services publics et protection sociale confiée de plus en plus aux fonds spéculatifs, crédit sans contrôle pour les circuits financiers, etc. Et Messieurs Sarkozy et Fillon veulent poursuivre de plus belle ce délabrement baptisé « réformes ».
Le Premier ministre déclare que « rien ne serait pire qu’un changement de cap » et que « aujourd’hui, la priorité absolue, c’est l’emploi ». De deux choses l’une : ou bien il le pense et alors il a changé de cap puisqu’il y a six mois encore, c’était priorité au pouvoir d’achat (« travailler plus pour gagner plus ») ; ou bien il se fiche autant de l’emploi que le Président promoteur du bouclier fiscal se moque du pouvoir d’achat des pauvres, et dans ce cas il maintient son cap. On comprend mieux le sauvetage des banques sans contrepartie aucune exigée de leur part, tandis que les minima sociaux continueront de végéter.
Dans les mille mesures annoncées avec tapage en faveur de l’investissement, le Premier ministre confirme les craintes formulées au mois de décembre dernier : l’essentiel ne représente pas des sommes supplémentaires, mais un redéploiement d’engagements déjà pris.
De la même façon que le gouvernement oppose emploi et pouvoir d’achat de salariés, comme si l’enrichissement des riches n’avait pas pour conséquence de brider l’emploi et les salaires des pauvres, il oppose investissement et consommation. Quelle entreprise privée va investir si elle n’a pas de perspectives de débouchés ? Plus grave, piétinant ses propres modestes engagements en faveur de l’écologie, il appelle une croissance – qui de toute façon ne reviendra pas de sitôt – sans s’interroger sur le bien-fondé des aides à des secteurs en difficulté au moment où il faudrait commencer à penser à leur reconversion.
L’association Attac appelle les travailleurs et les citoyens à amplifier le mouvement d’opposition à la crise et aux fauteurs de crise qui s’est manifesté le 29 janvier. Pour sa part, Attac, en liaison avec l’ensemble des associations altermondialistes, s’attachera à populariser l’appel anti-crise lancé au Forum social mondial qui vient de s’achever à Belém.