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Greenpride 2012 : ils font de l’écologie une fête

Electro-pop et perturbateurs endocriniens, un mélange détonnant et joyeux, pour la Greenpride qui s’est déroulée dans la bonne humeur les 6 et 7 octobre.


-  Reportage à Paris

« Greenpride, Santé-vous bien ». Tel était le slogan de la greenpride, cette manifestation annuelle qui s’est tenue ces 6 et 7 octobre à Paris et dont l’objectif est de sensibiliser la population aux multiples impacts de l’environnement sur la santé humaine.

A l’initiative de cet événement, un collectif – l’Appel de la Jeunesse – deux jeunes femmes motivées – Elise Vertier et Malissa Phitthayaphone – et une idée forte : il faut être récréatif et amusant pour traiter de sujets graves. C’est la genèse de la greenpride : « En discutant dans la rue ou avec des proches, on s’est rendu compte que les gens ne voulaient pas entendre parler des questions de santé-environnement car c’est trop anxiogène. On devait donc trouver un autre moyen de les toucher, et la fête nous en a semblé un bon », explique Malissa, co-organisatrice des deux premières éditions. C’est ainsi que la greenpride met en place concerts, brunchs et parades déguisés afin d’alerter le plus grand nombre sur les dangers sanitaires de la pollution ou de la dégradation de l’environnement.

Exercice de communication ambitieux, la greenpride se lance le samedi soir, au Divan du Monde, avec un concert de 4 heures. Premier défi : pour chanter la santé et l’environnement, pas de Doc Gyneco ou de Maxime le Forestier. Au programme, la nouvelle vague branchée aux sonorités électro-pop, avec Ornette, What About Penguins et Please Call Me Madame. Une affiche résolument tournée vers la jeunesse parisienne, qui participe d’une stratégie assumée : « On voulait réunir des artistes de la scène parisienne, pas particulièrement engagés mais connus pour faire bouger leur public », explique Malissa. Les organisateurs profitent de l’audience et agissent alors dans les interstices : clips d’animation humoristiques pendant les intermèdes musicaux, exposition et panneaux explicatifs à l’entrée de la salle de concert. Au final, 500 spectateurs, une salle surchauffée et une entrée en matière convaincante pour la greenpride.

Les manifestations du lendemain prennent une tournure plus classique et permettent de mettre en avant la thématique de la greenpride 2012 : les perturbateurs endocriniens. Pour Malissa, « les perturbateurs endocriniens arrivent sur le haut de l’agenda. La Mairie de Paris en a fait une priorité, les gens commencent vraiment à en entendre parler. C’était le moment idéal pour en faire le motif principal de la mobilisation ». La journée du dimanche débute donc par un Brunch, au Comptoir Général. Autour d’un menu bio, certifié sans Bisphénol A ni pesticides, de jeunes couples échangent avec des associations étudiantes grâce à des ateliers découvertes ou des dégustations de produit. Et malgré un prix excessif – 18 euros quand même – et une bonne heure dans la file d’attente pour être servi, l’événement fait également carton plein avec 250 couverts servis.

Sur le modèle de la gaypride, sa collègue verte part ensuite pour une parade, le long du canal Saint-Martin. Sous un soleil d’automne bienvenu, tambours et déguisements animent de façon gaillarde un cortège long de 150 mètres. A l’heure de la balade digestive du dimanche après-midi, le défilé attire l’œil. Un badaud à la terrasse d’un troquet témoigne : « C’est festif et c’est une bonne manière de faire du bruit pour se faire remarquer. On est plus attentif au message et il s’ancre mieux dans nos esprits ». Axelle, jeune écologiste qui avance au milieu du cortège, confirme : « Il y a beaucoup de gens, car la démarche est positive. On ne culpabilise pas les gens, on ne manifeste pas contre quelque chose mais bien pour un avenir meilleur. La preuve que les manifestations joyeuses, ça marche ! ». Distribution de chocolat issu du commerce équitable et séances photos avec les bioman en action, il y en a pour tous les goûts et le public – petit comme grand – semble conquis.

A l’arrivée sur le boulevard Richard-Lenoir, un dernier concert rassemble tous les participants et clôt le week-end de la greenpride.

A l’heure des bilans, les organisateurs ont déjà deux satisfactions : une participation en hausse et une synergie naissante entre les structures qui collaborent. Car c’est l’autre enjeu de l’événement : « A travers la greenpride, on cherche à rassembler et faire du lien entre des structures qui n’ont pas forcément l’habitude de parler de santé », avoue Malissa. La greenpride 2012 ne s’arrête pas là pour autant ; un cycle de conférences dans les écoles et Universités franciliennes s’ouvre à partir du 25 octobre, avec Gilles-Eric Séralini en premier invité. Avec toujours ce leitmotiv : sensibiliser les jeunes populations sur la situation du couple « environnement/qualité de vie ».

Cette deuxième édition de la greenpride semble réussie et c’est l’écologie qui s’en réjouit. Souvent alarmiste et parfois culpabilisante, radicale voire-même terroriste pour certains, l’écologie politique souffre régulièrement de qualificatifs peu glorieux. Ce week-end, elle a fait preuve qu’elle pouvait aussi être ouverte, festive et imaginative. Et sa force vient du collectif : avec près de 85 partenaires cette année, la greenpride a réuni différents acteurs d’environnement, de France Nature Environnement à Greenpeace, en passant par le REFEDD ou les Jeunes écologistes. Une capacité de mobilisation qui traduit la force des leviers écologistes dans la société civile. Et ce n’est sûrement pas une coïncidence si l’expression « perturbateurs endocriniens » fait son entrée dans l’édition 2013 du Petit Robert…


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