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Le gaz de schiste n’est pas une si bonne affaire, même aux Etats-Unis

D’après l’Institut du développement durable et des relations internationales, le gaz de schiste n’explique pas la reprise économique aux Etats-Unis, et son exploitation ne changerait pas la donne énergétique en Europe.


Le gaz de schiste ne change « pas la donne » énergétique en Europe et ne permettra pas de réduire la dépendance du continent aux importations de gaz et de pétrole, selon une étude publiée mercredi par l’Iddri, Institut du développement durable et des relations internationales, basé à Paris.

La Commission européenne a donné fin janvier son feu vert à l’exploitation du gaz de schiste en adoptant une recommandation qui autorise cette activité à condition de respecter des « principes communs » minimaux. Cet hydrocarbure non conventionnel est à l’origine d’une révolution énergétique aux Etats-Unis et de nombreux industriels visent les réserves potentielles des sous-sols européens, notamment en France.

« Avantages économiques restreints aux Etats-Unis »

Pourtant, « les avantages économiques aux Etats-Unis sont beaucoup plus restreints qu’on ne le pense souvent », assure Thomas Spencer, directeur du programme climat à l’Iddri et co-auteur de cette étude économique. Cette analyse, qui doit être présentée à Bruxelles ce jeudi, suggère que l’impact économique est aux Etats-Unis « très local », « très sectoriel » et n’explique pas la reprise de la croissance économique. « Local » car limité à « quelques Etats comme le Dakota du Nord, la Virginie Occidentale ». « Sectoriel » car la baisse du prix du gaz a bénéficié à des entreprises (pétrochimie, producteurs d’engrais) représentant au total environ « 1,2% du PIB américain ».

Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, l’étude estime par ailleurs que le gaz de schiste, à lui seul, ne permet pas « de sortir le charbon du système » énergétique américain et donc de « décarboner » durablement l’économie du pays.

Entre 3 et 10% de la demande en Europe

En Europe, une grande incertitude existe sur les réserves potentielles en gaz de schiste mais des « scénarios médians » suggèrent que cet hydrocarbure pourrait couvrir entre « 3 et 10% » de la demande en énergie à l’horizon 2030-35, selon le chercheur de l’Iddri. Des perspectives qui ne « changent pas la donne » pour la politique énergétique de l’Europe, car le continent restera largement importateur d’une « énergie chère » et notamment de pétrole et de gaz, ajoute-t-il, estimant que l’Europe doit plutôt développer des politiques d’efficacité énergétique, d’innovation et les sources d’énergie à bas carbone.

Selon les données d’Eurostat, l’UE importe plus de la moitié (54% en 2010) de l’énergie qu’elle consomme.

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