Les supermarchés et la bio, le compteur Gazpar, une vidéo à Hulot, l’eau du robinet… voici l’Édito des lecteurs

Durée de lecture : 14 minutes
Voici une sélection des très nombreux courriels que nous recevons tous les jours. Messages de soutien, réactions à des articles, coups de cœur, coups de gueule, témoignages… cette tribune mensuelle vous est ouverte. Merci de nous lire et de réagir !
Vous aussi, vous souhaitez participer à l’Édito des lecteurs ? N’hésitez pas à nous envoyer un courriel à : planete (arobase) reporterre.net, en spécifiant [courrier des lecteurs] dans l’objet. À bientôt !
Pour relire l’article concerné par le courrier d’un lecteur, cliquer sur le titre de chaque lettre, s’il est entre guillemets.
« Carrefour et les semences paysannes : coup de com’ ou vraie mutation ? »

Comme chaque soir, je regarde Reporterre. Votre article sur Carrefour me fait penser à mon Franprix local, Paris 18, rue Ordener, à l’angle de la rue des Poissonniers. Je suis coopératrice de La Louve, une épicerie coopérative. Curieusement, je constate un nouvel étal spécifique chez Franprix de produits bio, sous plastique bien entendu, mais « à la bonne franquette », sur palette. Ça a l’air de flipper dans la grande distribution : vite, il faudrait s’adapter aux demandes des consommateurs.
Les grandes surfaces vendent le bio sous plastique, (matériau ô combien écologique), et à des quantités obligatoires : fatal gaspillage et pollution sous prétexte de répondre aux demandes des « consommateurs ». Puis-je me permette d’appeler ça la « dictature bio des grandes surfaces » ?
Anne
- [rep]Reporterre —[/rep] Est-ce une bonne chose que la grande distribution se mette au bio, en mode intensif ? Le débat est ouvert ! En attendant, vous avez raison de souligner les nombreuses alternatives aux supermarchés conventionnels. Reporterre vous a déjà parlé des supermarchés coopératifs comme La Louve, mais il existe aussi des Amap, des groupements d’achats et des boutiques de producteurs.
« Le fléau des bouteilles en plastique en une infographie »

L’infographie sur les bouteilles est proprement effrayante, mais elle ne répond pas à la question « Pourquoi buvons-nous de l’eau en bouteille ? ». Tout simplement parce que, en ville (j’ai vécu en région parisienne), elle n’est pas bonne (très chlorée). Depuis que je vis à la montagne, où l’eau vient d’une source, je bois l’eau du robinet. J’aimerais bien savoir avec quelle eau du robinet a été fait le test en aveugle de préférence d’eau. Je ne suis plus personnellement concerné par cette problématique, mais je pense à ma fille qui vient d’avoir un bébé et pour qui ce genre d’article est culpabilisant, sans apporter véritablement d’alternative satisfaisante.
Pierre
Échange de bons procédés
je suis un vieux con réac et j’aime pas les écolos
mais je me pose quand même une question
je vis dans un pavillon de banlieue
pas loin de Paris trois kilomètres
j’ai donc un jardin, et j’y ai planté un pommier reinette du canada et un abricotier
l’arbre est libre et il se démerde tout seul, il ne reçoit aucun traitement
mes deux arbres sont donc parfaitement bio
enfin saupoudré quand même de la pollution ambiante
Le pommier donne une quantité de pommes assez importantes
le vieux con a deux désavantages
il ne sait rien faire, en tout cas pour son pommier
nous sommes combien dans ce cas
je ne me plains pas de mes pommes, elles sont incroyablement excellentes
mais je pense à la quantité de pommes que je laisse pourrir
alors que s’il y avait un horticulteur, on améliorerait les pommes
et comme je ne risque pas de manger tout seul ce que produit un arbre
je pourrais donner tout le reste
pour faire vivre un circuit pas cher et d’une très haute qualité
mutualiser le pommier, l’abricotier
gérer et prendre soin de l’arbre
si ça vous branche (d’arbre )
continuons le débat
Vincent alias pomm coing
l’invers de point com
Lettre vidéo à Nicolas Hulot sur les moteurs qui tournent au ralenti
Nous venons d’écrire une lettre audio visuelle à Nicolas Hulot, pour attirer son attention et lui demander d’agir, contre une pollution inutile et mortelle pour la santé humaine et l’environnement.
Cette pollution, qui produit chaque année plusieurs centaines de milliers de tonnes de gaz à effet de serre, rien qu’en France, est celle des moteurs qui tournent inutilement au ralenti, quand les véhicules sont garés, parqués, stationnés. Quand les conducteurs partent faire des achats, attendent des passagers, l’heure du départ, chargent ou déchargent des marchandises, vont prendre le café.
Parfois, les moteurs des camions, si les conditions climatiques s’en mêlent, peuvent tourner pendant 12 h et plus si le véhicule n’est pas équipé de climatiseur de nuit.
Manque de formation et d’information chez les conducteurs professionnels et les autres. Idées reçues sur la surconsommation de carburant au redémarrage d’un moteur. Sans compter ceux qui s’en fichent de la pollution et du reste.
L’originalité de cette campagne s’inscrit dans une démarche artistique. Plus de mille personnes ont posé devant notre objectif, avec un nez de clown, pour symboliser l’apnée que nous pratiquons chaque jour, lorsque nous passons ou travaillons à côté de moteurs qui tournent au ralenti, pour rien.
Bob Boennec, Rires sans frontière
« Fermes d’avenir, des petites fermes aux grandes ambitions »

J’aimerais apporter un regard critique, notamment si on se penche sur les partenaires de Fermes d’avenir : Casino, Système U, Metro, Fleury-Michon, Philips, Banque populaire Caisse d’épargne…
Le conseil d’administration de l’association compte plusieurs membres du Groupe SOS (Jean-Marc Borello, Éric Balmier, Nicolas Froissard, Hélène Le Teno) ainsi que plusieurs personnes issues du monde de l’entreprise. Pour info, le Groupe SOS emploie 7.000 salariés, avec un chiffre d’affaires supérieur à 300 millions d’euros en 2011. Il chapeaute une trentaine d’associations (accueil de toxicomanes, de SDF, de jeunes en difficulté, gestion de crèches et de maisons de retraite) et regroupe une dizaine d’entreprises privées, le tout dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.
Tout ceci me laisse penser que Fermes d’avenir n’est qu’un projet de « greenwashing », voire de mise en conformité des projets alternatifs aux logiques capitalistes et productivistes. Lorsqu’on est conscient que le système dans lequel on se trouve est malsain et nous emmène à la ruine, comment peut-on continuer à y coopérer au delà du strict nécessaire ?
Julien
- [rep]Reporterre —[/rep] En effet, vous pointez l’ambivalence du mouvement Fermes d’Avenir, qui dénonce l’agro-industrie dans son plaidoyer, tout en liant des partenariats avec certains de ses acteurs. Les membres de Fermes d’avenir estiment qu’il faut les inclure pour faire bouger les lignes et participent peut-être (à leurs dépens ?) à une opération d’écoblanchiment.
« Les couveuses agricoles préparent l’agriculture de demain »

Mon expérience des couveuses d’activité agricole est très mitigée. Nous nous sommes laissés, mon épouse et moi, entraîner dans une aventure surdimensionnée pour satisfaire les visées expansionnistes d’une structure nébuleuse mélangeant solidarité, militantisme, monde associatif et SARL. Nous avons été séduits par un discours altruiste et en accord avec nos idées.
Nous avions un petit projet de maraîchage bio sur un lopin de terre nous appartenant, qui devait être créateur d’au moins un emploi. J’étais inscrit à un BPREA (brevet professionnel responsable d’exploitation agricole).
La coopérative d’installation agricole de notre département nous a convaincu de modifier notre projet à la hausse et de ne pas suivre la formation, qu’elle estimait inutile. Nous nous sommes laissés persuader (d’autant plus facilement que nous sommes néopaysans, bio, de gauche et très sensibles à l’écologie). J’ai renoncé à mon projet de BPREA au profit d’un stage et d’un portage d’activité, deux produits au catalogue de la structure, qui touche des subventions pour mener à bien ces activités.
Les structures qui sous-traitent pour les pouvoirs publics perdent le véritable objectif. Elles répondent simplement à des appels d’offres. Pour la formation et l’aide à la création d’entreprise, le client n’est pas l’usager, mais la collectivité qui finance. Et le but de la collectivité n’est pas de contribuer à des projets de vie, mais de prouver à travers une ligne budgétaire qu’elle est sensible à une thématique. Le but de la structure sous-traitante est de dépenser le budget alloué sans faire de vagues mais avec la meilleure rémunération.
L’accompagnement a été très décevant, nous avons connu des déboires avec la structure. Nous avons vite eu le sentiment qu’on nous avait laissé totalement seuls, techniquement et humainement. La coopérative a finalement procédé à une interruption unilatérale de notre partenariat sans respect du préavis contractuel. Et nous avons reçu une facture incluant des prestations non réalisées.
La couveuse agricole n’a pas contribué à la réussite notre installation, bien au contraire. Nous avons malgré tout réussi à nous installer, mais sur un autre projet, d’un format inférieur à ce qui était prévu.
Bernard
- [rep]Reporterre —[/rep] Votre témoignage montre bien que les « espaces tests agricoles » ne sont pas la solution miracle de l’installation de nouveaux paysans. Ils peuvent être un outil, une aide : rappelons que les deux tiers des personnes passées en couveuses depuis 2007 se sont installées. Mais les couveuses sont nombreuses à être en difficulté économique, car un « espace test » coûte plus qu’il ne rapporte. Ces structures dépendent donc des subventions publiques. Avec les éventuels effets pervers dont vous avez été témoins.
Nuisances aériennes : quand le loisir des uns pollue la vie des autres
Vous n’êtes pas sans savoir l’extrême nuisance générée par la voltige aérienne de loisir. Quelques nantis en veine de sensations font subir leurs frasques à toute une population. Nous sommes en Creuse, près de l’aérodrome de Lepaud 23, mais c’est aussi partout en France. Toute l’administration est au courant mais rien à faire. C’est un fléau, une calamité.
Charles Martin
L’Haÿ-les-Roses, 80 arbres menacés par l’urbanisation
Le centre historique de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) est menacé d’être défiguré par un projet dit « cœur de ville ». Avec son projet, la municipalité veut créer, entre autres, une place bétonnée entre trois points : la Roseraie, l’église et l’actuel îlot de la poste. Ce projet d’aménagement nécessite de raser une cinquantaine d’arbres, pour la plupart anciens, sur le parking actuel de la Roseraie, derrière l’église et dans la rue Watel. Certains arbres sont centenaires et même au-delà, comme le grand marronnier devant le manège, qui a plus de 140 ans. Il est aussi prévu de raser plusieurs maisons anciennes. En tout, 80 arbres qui constituent un véritable poumon pour notre ville. Pour rappel, 319 espèces sauvages peuplent notre commune. Pour plus d’informations, le site www.betonatort.fr.
Mathilde
Lettre contre le compteur Gazpar « intelligent »
Ci-dessous, voici la lettre que j’ai envoyée à GrDF exposant les raisons de mon refus du remplacement de mon compteur gaz par un compteur Gazpar — dit « compteur communicant ».
Monique
Monsieur le Directeur des relations clientèle de GRDF,
Vous m’informez par un courrier en date du 26/06/17 que vous souhaitez remplacer mon compteur de gaz par un compteur communicant répondant au nom de Gazpar.
Veuillez trouver ci-dessous les raisons pour lesquelles je me permets de vous demander de ne pas procéder à ce changement :
- Au plan environnemental, pourquoi se débarrasser d’un compteur de gaz qui est en parfait état de marche ? Vous assurez que vous allez le recycler, mais il est indiqué de ne recycler que des compteurs défectueux, ou arrivés en fin de vie. Qui plus est, la fabrication des nouveaux compteurs nécessite — vous le savez — de grandes quantités de matières premières et d’énergie qui n’ont pas à être utilisées de façon anticipée ;
- Au plan financier, il est injustifiable de remplacer 11 millions de compteurs de gaz qui sont en parfait état de marche par de nouveaux compteurs très onéreux. Ce changement ne peut pas être « gratuit », il sera donc payé par le biais de ma facture en tant qu’usager. Les prétendues « économies » de consommation attendues sont tellement virtuelles que vous avancez le chiffre surprenant de… 1%. Comme l’a montré une étude menée par deux universités aux Pays-Bas (Le Figaro du 12/03/17), ce nouveau Gazpar est au contraire susceptible de surévaluer notre facture, jusqu’à + 582 %. Et comme je n’utilise le gaz que lorsque c’est nécessaire, je n’ai nul besoin de recevoir des courbes de consommation.
- Non seulement les données que vous voulez collecter grâce aux compteurs communicants ne seront pour moi d’aucune utilité mais elles peuvent être utilisées dans le cadre du « big data ». Pourquoi aiderais-je à capter des informations sur mon emploi du temps, sur ma vie privée ? Je n’ignore pas que la revente de ces données aux sociétés commerciales qui me démarchent de façon ciblée est très lucrative… Vous promettez que les informations collectées sur nos vies ne seront utilisables qu’avec notre accord mais, une fois ces « compteurs-espions » installés, comme on ignore qui y aura accès en France dans quelques années, la seule façon de protéger nos données privées est de s’assurer qu’elles ne seront pas collectées — et donc de garder les compteurs ordinaires.
- Vous nous assurez par ailleurs de l’innocuité des ondes électromagnétiques générées par ces compteurs communicants. Mais il ne s’agit pas seulement de compteurs (gaz, électricité, eau), mais aussi — vous le savez — d’une multitude d’appareils (répéteurs, répartiteurs, concentrateurs) qui devront être installés dans les rues, sur les habitations, dans les transformateurs de quartier, etc. à quoi va s’ajouter l’envoi de toutes les données par téléphonie mobile.
En conclusion, je désire absolument conserver mon compteur actuel dont je sais qu’il ne pose aucun problème, ne met pas ma santé en danger et comptabilise correctement ma consommation.
Je tiens à vous remercier de bien vouloir respecter les valeurs du service public — avant tout celles de la démocratie — en ne tentant pas d’imposer ces compteurs à des usagers qui ne vous demandent que le statu quo.
Je vous prie de trouver ici, Monsieur le Directeur des relations clientèle de GRDF, mes salutations distinguées.
- [rep]Reporterre —[/rep] Comme nous le racontions dès 2016, municipalités et communes peuvent en effet refuser l’installation d’un compteur dit « intelligent » (Linky ou Gazpar).
Opération Grandes Causes 2017
- [rep]Reporterre —[/rep] Xavier B. est adhérent à une trentaine d’associations. Depuis quelques années, afin de faire connaître les actions des structures qu’il soutient, il propose à son carnet d’adresses (amis, famille) de « leur offrir l’adhésion » à une des 24 associations qu’il souhaite encourager. Ainsi, les associations se renforcent avec plus de membres, et les personnes « parrainées » découvrent pendant un an une structure, à travers les lettres d’info et autres courriers réservés aux adhérents. Reporterre figure dans la liste, aux côtés de l’Âge de faire, d’Accueil paysan ou de Générations futures. Merci à Xavier et à toutes celles et ceux qui participeront à son opération Grandes Causes 2017 ! Voici quelques extraits de son courriel de présentation. Et si vous aussi, vous voulez aider l’information libre sur l’écologie, voici notre page de soutien.
Xavier B. — Adhérer, vouloir soutenir, ne comporte aucune obligation de participer, de consacrer du temps. C’est essentiellement une façon d’exprimer « oui, ce sujet me concerne ou m’importe, je souhaite encourager un organisme qui y travaille et recevoir les informations correspondantes ».
Côté budget, malgré mon travail à temps partiel, quelques réserves ainsi qu’un été passé localement avec peu de dépenses, un mode de vie tourné globalement vers la sobriété, la créativité, le partage et la gratitude dans l’usage des ressources (auto-stop et autopartage plutôt que posséder une voiture, etc.), participent à me permettre de consacrer quelques moyens à cette modeste et ambitieuse action « Grandes Causes 2017 ».
Je ne peux que vous encourager à la curiosité, à l’élan de participer cette année, si cela vous parle et si vous trouvez dans la liste une cause qui vous inspire.
Aucune des initiatives que je vous présente n’est parfaite, certaines sont même parfois critiques entre elles, mais je trouve plus utile et constructif de les promouvoir autour de moi en leur faisant la confiance de continuer aussi à évoluer, que de renoncer à toute transmission pour cause d’imperfection. Car je crois qu’elles apportent toutes quelque chose. Et qu’il n’est pas souhaitable de déserter, de laisser aux multinationales ou aux forces de la finance tout le champ pour régir voire dévaloriser nos vies.
Sur Terre pour une durée limitée, parcelles d’une humanité en chemin, il nous incombe maintenant de mettre en œuvre notre conscience et nos choix au service d’un monde avec lequel (et au sein duquel) nous sommes sans doute plus reliés que nous ne le pensons généralement…