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Pesticides au Nicaragua : trois multinationales devant la justice française

Plantation au Nicaragua.

C’est une saga qui dure depuis 1983 avec, pour personnage principal, une petite molécule qui répond au nom de dibromochloropropane (ou DBCP). Utilisée dans des pesticides pour éliminer les vers nuisibles aux racines de bananiers, elle est accusée d’engendrer des problèmes de santé, causant des infertilités et des cancers. 1 234 ouvriers agricoles nicaraguayens ont été exposés et réclament 1 milliard de dollars à The Dow Chemical Company, Occidental Chemical (désormais Oxy) et Shell Oil, qui ont commercialisé le produit. Et c’est au tribunal judiciaire de Paris que va être examiné ce dossier, à partir de ce lundi 24 janvier.

Pourquoi examiner à Paris les effets d’une molécule issue d’un pesticide américain commercialisé au Nicaragua ? Une première décision de justice avait été prononcée en 2006 au Nicaragua à l’encontre des trois groupes, mais ceux-ci l’ayant toujours contestée, elle n’a jamais pu être appliquée. L’examen du dossier à Paris doit rendre cette décision exécutoire en France et dans les autres États de l’Union européenne, ce qui signifie que des saisies d’actifs de ces trois sociétés seraient possibles sur tout le territoire européen. C’est ce qu’espèrent les avocats Tony Lopez (Managua), Stuart Smith (Louisiane), Robert McKee (Floride) et Pierre-Olivier Sur, qui portent le dossier. « Nous avons choisi la juridiction parisienne parce que les mécanismes juridiques de responsabilité au Nicaragua sont directement influencés par le droit français », a ajouté ce dernier dans un communiqué.

La toxicité de ce pesticide est connue depuis les années 1950. Une étude, réalisée pour Shell sur des animaux en 1958 alertait sur la dangerosité du DBCP, soulignant des effets cancérigènes. En 1977, plusieurs cas de stérilité ont été découverts chez des ouvriers agricoles et la molécule a été interdite aux États-Unis. Pour autant, les stocks ont continué d’être écoulés au Nicaragua.

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