Plantation d’arbres, Bure, méthane, EDF… voici l’édito des lectrices et lecteurs

Durée de lecture : 8 minutes
Voici une sélection des nombreux courriels que nous recevons tous les jours. Réactions à des articles, coups de cœur, coups de gueule, témoignages, poèmes… Cette tribune régulière vous est ouverte. Merci de nous lire et de réagir !
Si vous souhaitez participer au courrier des lecteurs, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à planete (arobase) reporterre.net, en spécifiant [courrier des lecteurs] dans l’objet. À bientôt !
« Nous plantons un arbre tous les mille kilomètres »
Actuellement résidant au Canada, je suis dans ce que l’on pourrait considérer comme une classe moyenne avantagée. Nous avons une maison, deux autos (seule une est utilisée régulièrement)… tout va bien, même si nous devons tout de même, comme tout le monde, faire des économies pour tenir jusqu’à la fin du mois (d’où notre avantage par rapport à la classe moyenne, qui essaie de tenir jusqu’au 15).
Bref, depuis l’année dernière (à la suite d’un déménagement), et témoins pratiquement impuissants de la déforestation de la ville de Québec (qui remplace des forêts protégées par des immeubles), nous avons décidé de planter autant d’arbres que possible. Concrètement, nous plantons un arbre pour chaque millier de kilomètres parcouru en voiture personnelle ou en avion. Nous avons la chance d’avoir un grand terrain, mais c’est important.
C’est certes une maigre consolation pour l’environnement, mais nous faisons le maximum de ce qui est dans nos moyens (nous avons déjà réduit drastiquement nos déchets, nous utilisons nos véhicules seulement lorsqu’il n’y a pas d’autre choix, nous utilisons les appareils électriques de façon optimale (four micro-onde / four de table plutôt qu’un gros four de 3.500 W, volets et arbres plutôt qu’air conditionné, couverture plutôt que chauffage, etc.)
En ce qui me concerne, planter un arbre provoque une émotion particulière, et même si, en un an, nous en avons déjà planté une vingtaine, l’émotion est présente à chaque fois. Maintenant, sachant que la déforestation est sans doute pour beaucoup dans la crise des gaz à effet de serre, il me semble judicieux d’encourager les gens à planter des arbres. Ce n’est pas très cher (même si au Québec chaque arbre nous a coûté entre 60 et 150 euros), c’est accessible à chacun, et ça ne fera pas de mal.
Vladimir
Un chant pour Notre-Dame de Paris

Inspiré par l’incendie qui a ravagé la cathédrale de Notre-Dame de Paris, le 15 avril dernier, Dominique nous a envoyé ce chant qu’il a concocté :
Oh ! Notre drame !
Entends les choses qui se taisent
Ce qui se dit au fond de moi :
Éteins télé, coupe tes chaînes
État est mensonge de droit
Et vois le peuple se déchaîne
La voix d’un peuple dans l’effroi
Éteins télé coupe tes chaînes
La voix du peuple prend ses droits
Oh ! Notre-Dame
Oh ! Notre drame
Tu n’es pas épargnée
Quant à mon âme
Elle s’enflamme
Elle est dans ce bûcherQuelques milliardaires
Qui sèment la misère
Et nous font la guerre
Et la charité (bis)La presse n’a plus d’esprit critique
Pour rien, tu perds ta profession
Partout, la police politique
Comme au temps de l’inquisition
Condamne au nom d’la république
Tous ceux qu’ont d’autres opinions
Partout, la voie oligarchique
Comme au temps de l’inquisitionOh ! Notre-Dame / Oh ! Notre-Dame
Oh ! Notre drame / Oh ! Notre drame
Tu n’es pas épargnée / Tu n’es pas épargnée
Quant à mon âme / Oui c’est la Dame
Elle s’enflamme / De notre drame
Elle est dans ce bûcher / Qui est dans ce bûcherDominique
Face à la répression, l’opposition à Bure cherche à se renouveler

En réaction à notre reportage sur les nouvelles formes de résistance qui émergent à Bure paru en juin, Philippe nous a envoyé ce commentaire :
Je fais le parallèle avec la situation à Notre-Dame-des-Landes. Après la victoire — l’abandon du projet d’aéroport — le déferlement de violence pour reprendre la Zad et casser le mouvement a profondément déstabilisé le mouvement, lequel a été contraint de se renouveler pour continuer différemment le combat.
Dans l’article, il est question de Maître Ruef, qui se refuse à parler de « laboratoire de la répression ». De ma place de Rennais, je ne peux pas ne pas faire de lien entre la répression des Gilets jaunes, ce qui s’est passé à Bure l’an dernier, et ce que je prends comme les prémices de cette organisation répressive, à savoir la délirante interpellation de vingt militants rennais en 2016 pendant la lutte contre la loi Travail d’alors.
Philippe
Le méthane croit de manière alarmante dans l’atmosphère

Je suis étonné de la faible place donnée dans l’article consacré à l’élevage alors qu’il représente une part très importante des émissions de méthane anthropique. Parmi les solutions pour réduire les émissions de méthane, l’accent est surtout mis sur les énergies fossiles, une seule phrase parle de l’élevage à la toute fin et ne mentionne que le changement d’alimentation des bovins. Je pense que la réduction de la consommation et de la production de viande de ruminants (bovidés en particulier) mériterait d’être mentionnée dans l’article, puisque c’est une solution qui me semble essentielle et qui est mise en avant par nombre de publications et d’ONG environnementales (y compris dans la dernière source citée dans votre article)
Jérôme
En quasi-faillite, EDF veut nationaliser le nucléaire… et privatiser les renouvelables

Gautier réagit à notre article analysant la stratégie d’EDF paru en mai.
Sur les territoires, de nombreux acteurs publics s’emparent de l’enjeu de décentralisation… et même si l’activité historique EnR [énergies renouvelables] d’EDF se filialise, ces acteurs publics locaux (syndicats d’énergie, sociétés d’économie mixte) prennent doucement mais sûrement le relais pour porter un développement EnR local, sous gouvernance locale.
On peut être nostalgique d’un acteur public intégré (et de nombreux employés d’EDF le sont encore, j’y suis resté sept ans et demi), néanmoins les enjeux de transition auxquels nous faisons face interrogent aussi et surtout nos modes de gouvernance et de fonctionnement historiques. Les Gilets jaunes comme la multiplication d’action de désobéissance civile en faveur du climat/écologie en attestent presque quotidiennement…
De ce point de vue, l’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie ouvre aussi et surtout la porte à une décentralisation de la gouvernance de notre devenir énergétique, de nombreux territoires (et citoyens) le comprennent et s’en saisissent (un peu trop doucement). Ils restent encore de gros freins, et la politique nucléariste et industrielle du gouvernement n’est pas la plus simple… mais l’enjeu de gouvernance, d’investissement et de gestion pérenne des réseaux de distribution l’est presque encore plus à court terme, parce que, sans réseau (ou avec des coûts prohibitifs ou avec une vétusté croissante ou avec une perte de solidarité territoriale…), pas de transition énergétique possible.
Gautier
« Les marches pour le climat ont placé l’écologie au sommet des agendas politiques en Europe »

Tout d’abord, merci pour tout votre travail, mais je suis décontenancé par cette phrase : « Le bon score des Verts signale la place prise par l’écologie à gauche » en introduction de l’interview de Simon Persico ! Je suis cofondateur du 1er groupe d’écologie politique de la région de Montpellier en 1973 et, en tant que libertaire, je ne me suis jamais senti « de gauche », dont la plupart des partis actuels sont encore dans une logique productiviste. L’idéal serait que l’écologie prenne une place à droite. Car ce sont surtout des gens de droite qui dirigent les multinationales, exploitations agricoles intensives… L’écologie n’est ni de droite ni de gauche… elle concerne tous les humains…
Christophe
Contre Nestlé, la lutte s’organise à Vittel
Camille réagit à notre enquête dans la région de Vittel, où l’eau se fait rare. Nestlé Waters, soutenue par les élus, œuvre pour préserver son accès à la ressource. Malgré le poids du géant de l’agroalimentaire dans la vie locale, des habitants se mobilisent pour défendre leur propre accès à l’eau.
J’ai été interpellée par un de vos articles sur Nestlé et, surtout, la détresse des habitants de la région de Vittel. Nestlé, cela fait 25 ans que je boycotte tous ses produits. Mais cela ne suffit pas. Il y a tellement d’argent en jeu que même nos autorités semblent impuissantes. Il m’est pourtant venu une idée, à laquelle je me raccroche maintenant : s’adresser au cœur, plutôt qu’à la raison. J’ai initié une opération qui pourrait vous plaire : l’« Opération 2051 ».
Il s’agit d’inviter les enfants et les jeunes à créer leurs animaux préférés et/ou écrire leurs idées pour rendre demain possible et envoyer leurs œuvres aux dirigeants des multinationales (j’ai choisi Nestlé en tout premier), pour les inciter à prendre soin de la Terre et de ses habitants. Les façons de participer sont très variées, peintures, dessins, land art, legos, pâte à modeler… nous avons aussi une chanson que les enfants peuvent interpréter pour envoyer leur enregistrement… tout est possible, pourvu que l’on reste dans l’esprit de l’Opération.
Je vous envoie le court-métrage que nous avons réalisé et qui vous en dira long.
Camille