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Rencontre nationale contre la criminalisation des luttes, à Paris

Date
Le samedi 11 mai 2019

Journée interluttes visant à partager les expériences de criminalisation des mouvements sociaux et des opposant·e·s aux grands projets inutiles. Au programme : témoignages, discussions, tables rondes et temps conviviaux : pour créer des passerelles entre les victimes de l’État policier et organiser collectivement une réponse à la répression judiciaire.

Journée interluttes visant à partager les expériences de criminalisation des mouvements sociaux et des opposant·e·s aux grands projets inutiles. Au programme : témoignages, discussions, tables rondes et temps conviviaux : pour créer des passerelles entre les victimes de l’État policier et organiser collectivement une réponse à la répression judiciaire.

À l’initiative de : Comité Adama Traoré, ATTAC France, Solidaires, Front de Mères, Collectif « Tous Migrants », Désarmons-les !, Confédération paysanne, Réseau « Sortir du nucléaire », des participant·e·s à la lutte de Bure, et d’autres…

Nous, organisations nationales, collectifs, habitants de quartiers populaires, de territoires en luttes, Gilets jaunes, personnes impliquées dans des luttes migratoires, sociales, écologistes, paysannes, antinucléaires, n’avons plus peur des mots : la répression féroce contre le mouvement des gilets jaunes n’est pas une bavure, elle incarne un système.

279 blessés graves, 22 éborgnés, 5 mains arrachées, 1 personne décédée. 8 700 gardes à vue, 2 000 procès, 1 500 comparutions immédiates, 40 % de peines de prison ferme. Cette répression brutale était autrefois réservée aux quartiers populaires.

Maintenant, nous entrons dans un autoritarisme qui se généralise à toute la société...

Nos libertés publiques sont en danger, sous le coup d’un arsenal de lois toujours plus liberticides. La nouvelle loi « anticasseur » remet totalement en cause le droit de manifester. La séparation des pouvoirs vacille : l’autorité législative est dominée par une majorité parlementaire aux ordres. L’institution judiciaire est de plus en plus assignée à des fins de maintien de l’ordre. Le gouvernement cherche à asphyxier la contestation politique : quand la matraque ne suffit pas à disperser les foules, le marteau du juge prend le relais. La longueur des enquêtes et des procès gèle autant les luttes que le canon à eau.

À Bure, les opposants au mégaprojet d’enfouissement des déchets nucléaires ont essuyé en un an 60 procès, 28 interdictions de territoire et au moins 5 peines de prison ferme. 7 personnes sont mises en examen pour « association de malfaiteurs », placées sous contrôles judiciaires et interdites de rentrer en contact. À Briançon, parmi les 13 personnes poursuivies pour, notamment, « l’aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière », 9 sont condamnées à des peines de prison, dont 2 à 4 mois fermes. À Beaumont-sur-Oise, la famille d’Adama Traoré attend toujours que la cause réelle du décès de leur frère soit reconnue. Pendant ce temps, ses quatre frères sont emprisonnés et plusieurs personnes sont ciblées par des contrôles judiciaires. À Clermont-Ferrand, un rassemblement de soutien à Wissam el-Yamni, tué par la police en 2012, est annulé par la préfecture après une mobilisation des syndicats policiers.

La liste peut continuer longtemps. Des Gilets jaunes écopent de 6 mois de prison ferme pour avoir diffusé des appels à bloquer des raffineries sur Facebook, des élèves du lycée Arago sont fichés S, Médiapart a failli être perquisitionné, des paysans opposés à la ferme des Millevaches sont condamnés à payer 120 000 euros de dommages et intérêt, des syndiqués sont licenciés ou mis en examen pour leurs activités, les militants de Greenpeace prennent de la prison ferme pour la première fois depuis la création de l’association en France, les adhérents d’ANV COP21 enchaînent les gardes à vue et les perquisitions, de jeunes grévistes lycéens pour le climat sont placés en garde à vue parce qu’ils détiennent 3 kg de farine bio. Aucun foyer de contestation n’est épargné. Ces éléments s’additionnent et font système, nous donnent à voir ces « matins bruns » qui pointent à l’horizon.

Face à l’autoritarisme, nous appelons à faire corps et renforcer nos solidarités. Nous refusons de jouer le jeu de la division entretenu par un climat de guerre intérieure où des « intellectuels » vont jusqu’à appeler les policiers à se servir de leurs armes. Nous ne voulons plus laisser personne derrière, isolé·e face à la répression policière et judiciaire.

Il existe aujourd’hui en France des centaines de prisonniers politiques, de condamnés, de « délinquants » dont le seul crime est de lutter pour le droit à vivre dans la dignité, parce qu’ils ne s’en sortent plus, parce qu’ils veulent défendre des territoires. Condamnés, parce qu’ils luttent contre un système inégalitaire qui détruit les existences et ravage le vivant au nom du profit et du pouvoir. Condamnés, parce qu’ils ne sont pas nés avec la bonne couleur de peau ou le bon patronyme. Nous en exigeons l’amnistie, tout comme l’abandon du LBD 40 et des grenades offensives !

Pour faire barrage à ce régime liberticide, nous appelons à la constitution d’un large front commun contre l’autoritarisme et la criminalisation de la contestation, une alliance inédite de luttes de base et d’organisations plus larges. Ceci pour :

Mettre en lumière les cas de violences judiciaires, qui se vivent à huis clos
Fédérer les organisations, collectifs, personnes ciblées par la criminalisation, mieux nous connaître pour renforcer nos solidarités.
Affirmer notre résistance commune

  • Dans cette perspective, nous appelons à la rencontre nationale « Ripostons à l’autoritarisme ! » le samedi 11 mai à Paris de 9h30 à 17h30, à la Bourse du Travail, salle Hénaff, 29, boulevard du Temple

PROGRAMME

MATINÉE : PRENDRE ACTE DE L’AUTORITARISME

  • 9h : Accueil des participants
  • 9h45 – 11h30 : Ouverture – Récits de l’autoritarisme et de la criminalisation.
    Animation : Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre
    Intervenant-e-s :
    -  Comité Adama Traoré, Youcef Brakni.
    -  Lutte migratoire à Briançon : des membres du comité de soutien aux 4+3 et de « Tous Migrants »
    -  Ghaiss, lycéen à Romain Rolland (Ivry), poursuivi pour des tags & Fatima Ouassak, du Front des Mères
    -  Lutte de Bure : Joël D, assigné à résidence pendant la COP21 et inculpé dans « l’association de malfaiteur » de Bure
    -  Des Gilets jaunes de Saint-Nazaire impliqués dans le groupe de défense juridique
    -  Une syndicaliste de Sud Éducation Bobigny, menacée par une mutation forcée
    -  Un « décrocheur » de portrait de Macron poursuivi, de ANV COP21
    -  Gaspard Glanz, journaliste indépendant et fondateur de Taranis News
  • 11h30 – 12h30 - Violences policières et militarisation du maintien de l’ordre
    Animation : David Dufresne, journaliste indépendant.
    Intervenant-e-s :
    -  Farid el-Yamni, du comité Vérité et Justice pour Wissam
    -  Ramata Dieng, du collectif Vérité et Justice pour Lamine Dieng et collectif Vies Volées
    -  Ian et Laurent, membres de l’Assemblée des blessé-e-s
  • 12h30 – 13h30 : État d’exception permanent, violences judiciaires, et criminalisation de la contestation.
    Animation : Jade Lindgaard, journaliste à Mediapart
    Intervenant-e-s :
    -  Vanessa Coddaccioni, historienne et politologue
    -  Laurence Blisson, du Syndicat de la Magistrature
    -  Muriel Ruef, avocate au barreau de Lille et membre du SAF
  • 13h30 – 14h30PAUSE REPAS :
    -  Cantine à prix libre (pour 150 personnes) : bénéfices en soutien à un projet de solidarité de la cantine « Graine populaire des luttes ».

APRÈS-MIDI : RIPOSTER À L’AUTORITARISME

  • 14h30 – 16h30 : Plénière dans l’amphithéâtre & discussions thématiques.
  • Atelier thématique 1 : Comment mieux visibiliser et documenter les violences judiciaires ? Quels récits pour la dimension peu visible de l’autoritarisme ?
    Introduit par : Alexandre Léchenet, journaliste ayant travaillé sur le suivi de la répression judiciaire des gilets jaunes pour Basta ! & Jade Lindgaard.
  • Atelier thématique 2 : Comment riposter à l’extension des poursuites pour délits « collectifs » et préventifs (« association de malfaiteurs », « bande organisée », « participation à un groupement en vue de commettre des violences et dégradations »), et la criminalisation de la solidarité ?
    Introduit par : Joël D., inculpé dans l’association de malfaiteur de Bure & Laurence Blisson, du Syndicat de la Magistrature
  • Atelier thématique 3 : Comment renforcer la solidarité financière et matérielle avec les blessé-e-s et le combat politique contre les violences policières ?
    Introduit par : Ian et Laurent, de l’Assemblée des blessé-e-s
  • 14h45 -PLÉNIÈRE
  • 14h45 - RESISTER PAR LE DROIT
    Animation : Hervé Kempf, de Reporterre
    -  Claire Dujardin, avocate de la famille de Rémi Fraisse
    -  discussion avec la salle
  • 15h10 - ORGANISER LAFENSE COLLECTIVE
    Animation : Ivan du Roy, de Bastamag
    -  Assa Traoré 

    -  Gilets jaunes de Saint-Nazaire

    -  discussion avec la salle
  • 15h45- CONSTRUIRE LE RAPPORT DE FORCE
    Animation : Hervé Kempf, de Reporterre
    -  Assa Traoré
    -  Elie Lambert, syndicat Solidaires
    -  discussion avec la salle
  • Synthèse de la plénière : les points saillants - Ivan du Roy
  • 16h30 – 17h : Conclusion et perspectives

-  Restitution des ateliers
-  Conclusion

Informations / contact : [email protected]

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