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ReportageGrands projets inutiles

Sur la Loire, haro contre les camions et entrepôts logistiques

Environ 200 manifestants se sont réunis dans le Loiret, le 5 décembre, contre la construction d’un nouveau pont sur la Loire. Les collectifs ont créé une coordination régionale contre l’artificialisation des terres.

Saint-Denis-de-l’Hôtel (Loiret), reportage

La pluie n’a pas arrêté les manifestants, dimanche 5 décembre, opposés au projet de contournement d’Orléans. Après des prises de parole à Saint-Denis-de-l’Hôtel, une halte en musique sur le pont de Jargeau, où les manifestants ont entonné la parodie de la chanson d’Angèle « Balance ton pont », le cortège s’est rendu sous une pluie battante devant le site du pont en construction.

Malgré les recours juridiques en cours, les travaux du nouveau pont se poursuivent. 70 hectares de terres agricoles et 15 hectares de forêt sont menacés, avec de nombreuses conséquences sur la Loire et sa biodiversité. Le site est pourtant classé au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco et labellisé zone Natura 2000. Les associations pensent réclamer la déclassification du site. Reporterre s’était déjà rendu en 2019 à Mardié pour rencontrer de la coordination La Loire vivra et détailler les différents enjeux environnementaux.

Les manifestants bravent la pluie pour se rendre sur le chantier du pont. © Yoan Jäger/Reporterre

« Le pont atterrit sur ma meilleure parcelle »

Dimanche, l’artificialisation des terres était au centre des préoccupations. « Un sol bétonné, imperméabilisé, ne peut pas être restauré, il disparaît », a déclaré la pédologue Line Boulonne, présente à la manifestation. Laurent Richard, pédologue également mobilisé, a insisté sur le rôle que joue la zone humide en bord de Loire pour la biodiversité et la filtration de l’eau dans une zone déjà en proie aux pollutions liées à l’agro-industrie, très implantée dans le Loiret. Et le sol bétonné est perdu pour l’agriculture.

Louis, agriculteur propriétaire de terres à Jargeau, Darvoy et Sandillon : « 20 % de mes terres sont concernées par ce projet, le pont atterrit sur ma meilleure parcelle. C’est une question de choix : on veut des routes pour livrer des petits cartons partout ou on veut des terres pour avoir du commerce local et des agriculteurs locaux ? »

© Yoan Jäger/Reporterre

« C’est bien ce nouveau pont ! C’est mieux pour les gamins s’il y a moins de camions qui passent », a lancé un automobiliste pendant la manifestation. « C’est peut-être les camions le problème alors, non ? » a répondu un manifestant. Les camions, la source du problème, c’est ce qu’affirment les collectifs mobilisés contre des projets de plateforme logistique, qui se multiplient en Centre-Val de Loire, encouragés par la Région elle-même, qui vante son attractivité pour le développement du secteur de la logistique via son agence DevUp.

Vue du chantier du pont depuis la rive droite. © Yoan Jäger/Reporterre

Venus de toute la région, les collectifs ont profité de la mobilisation du dimanche 5 décembre pour constituer une coordination régionale. L’objectif : fédérer et mutualiser les moyens humains et financiers pour faire obstacle à la « promotion aveugle » de la filière logistique. Et lutter ensemble contre les conséquences multiples de cette politique de développement économique : augmentation du trafic routier avec toujours plus de camions, augmentation de la pollution et des gaz à effet de serre, artificialisation des terres tant pour la construction des plateformes que pour le développement d’infrastructures routières, comme... à Jargeau.


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