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Transports : l’agroalimentaire toujours plus accro aux camions

Image d'illustration.

La filière agroalimentaire est toujours plus friande de camions. Mercredi 16 février, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a adressé un rapport aux ministres Barbara Pompili et Julien Denormandie, respectivement chargés de la Transition écologique et de l’Agriculture. L’objectif de ce travail, intitulé Les flux logistiques agroalimentaires : l’avenir des modes massifiés était de déterminer si les industries agricoles et alimentaires ont suffisamment recours aux transports économes en émission de gaz à effet de serre pour leurs flux logistiques. La réponse est non.

« Les chargeurs choisissent à plus de 90 % d’effectuer par la route leurs transports de marchandises et cette tendance s’est accrue encore récemment », développent les auteurs du rapport. Résultat : en 2019, les émissions de gaz à effet de serre du transport logistique liées à ce secteur s’élevaient à 12,5 mégatonnes d’équivalent CO2 pour les poids lourds et utilitaires légers, contre 0,08 mégatonne d’équivalent CO2 pour les transports par voie fluviale et ferroviaire. Le transport des marchandises est ainsi responsable d’environ 15 % de l’empreinte carbone de l’ensemble des activités des industries agricoles et alimentaires.

La voie d’eau offre une solution de transport très compétitive

À l’origine de ce recours massif aux camions, il y a bien sûr une histoire de compétitivité. Plusieurs facteurs limitant du transport ferré découragent les industriels à quitter les routes : les trop strictes conditions de déclenchement des pénalités de retard pour la livraison à la grande distribution, l’absence ou l’obsolescence des raccordements au réseau ferré, les fréquentes annulations de trains entiers pourtant programmés ou encore la nécessité de programmation rigide des circulations jusqu’à dix-huit mois à l’avance. De l’autre côté, hors épisodes de crue, la voie d’eau offre une solution de transport très compétitive de par ses nombreuses connexions aux ports et son accès souvent direct aux centres-villes. Toutefois, elle pâtit d’un réseau fluvial assez limité.

Le rapport estime finalement possible pour 2030 une réduction de 39 % par rapport à 2019 des émissions de gaz à effet de serre de la logistique de ces industries utilisant des poids lourds. Cette diminution repose notamment sur la décarbonation du parc de poids lourds, une croissance des flux de transport limitée à 0,5 % par an, un doublement du fret ferroviaire et une augmentation de 30 % du fret fluvial pour ces secteurs d’ici huit ans.

Conscients du développement des circuits courts de proximité, les auteurs du rapport notent enfin que celui-ci doit s’accompagner d’une vigilance renforcée, « pour éviter tout accroissement des émissions lié à la démassification des flux ». En effet, le « dernier kilomètre » est souvent le plus polluant. « Des solutions de mutualisations locales pourraient y contribuer », estiment-ils.

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