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Climat

30 °C mi-octobre : où est passé l’automne ?

L’actuelle montée du mercure, au-delà de 30 °C dans certaines régions françaises, fait craindre l’arrivée de vagues de chaleurs automnales bien au-delà des moyennes de saison. Provoquant une perturbation majeure pour la faune.

Depuis ce week-end, le thermomètre national bat des records. De la Gironde aux Pyrénées-Atlantiques, en passant par les Hautes-Pyrénées, la barre des 30 °C a, dans de nombreuses villes, été franchie. Ce seuil devrait être à nouveau dépassé le 19 octobre à Bordeaux, à Mont-de-Marsan ou encore à Tarbes. Une vague de chaleur bien au-dessus des normales de saison.

« L’ écart est notamment très important dans le sud-ouest et le centre, note Thierry Offre, climatologue chez Météo-France. Mais on constate des situations records ailleurs, comme les 29,6 °C à la station météorologique de Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône. Une température jamais enregistrée depuis son installation en 1966. » Cet épisode de redoux n’est pas exceptionnel, des pics de douceur pouvant se produire jusqu’à la mi-novembre, tempère néanmoins Météo-France dans un bulletin publié lundi. Ce qui l’est, « c’est sa durée », près d’une semaine d’affilée.

À l’origine de ce redoux : le changement climatique. « Les températures corroborent les canicules successives de cet été », dit le spécialiste des conditions météorologiques. Et si, pour l’instant, la biodiversité n’est que très peu affectée par cette vague de chaleur, les conséquences pourraient être « dramatiques si le phénomène venait à se multiplier, dans son nombre mais aussi dans sa rapidité », explique Gérald Dupuy, chargé d’études de la faune chez Gerea, bureau d’études sur l’environnement et la biodiversité basé à Bordeaux, contacté par Reporterre.

« Le vivant est capable d’encaisser ce redoux-là, mais la récurrence en période automnale pourrait mettre à mal de nombreuses espèces, et pourrait entraîner leur désynchronisation avec les saisons », dit le naturaliste. « Tant qu’il pleut, il y a une résilience et une grande capacité du monde animal et végétal à s’adapter. »

Pour les oiseaux tels que l’hirondelle rustique, c’est durant l’automne que l’on stocke des graisses. Flickr /CC BY-NC-ND 2.0 / Yvan88

Une « hécatombe » sans automne

L’automne est une saison très importante pour les animaux, qui se préparent à affronter l’hiver. Pour les oiseaux tels que la grue cendrée, la grive ou l’hirondelle rustique, c’est à cette période que l’on stocke des graisses afin de tenir pendant le long et fastidieux vol vers les pays chauds.

De leur côté, les mammifères, à l’instar des chauves-souris, doivent, eux aussi, ingérer le plus de nourriture possible avant d’entrer en hibernation pendant plusieurs mois. Ces mécanismes biologiques seraient mis en péril si les températures clémentes devenaient plus fréquentes en automne. « Pour les chauves-souris par exemple, la baisse des températures est une indication que le temps de la reproduction est venu », dit Gérald Dupuy.

Enfin, si les automnes venaient à disparaître, ce serait « l’hécatombe ». « On passerait de l’été à l’hiver, et les espèces n’auraient plus le temps de se préparer à migrer ou à hiberner. »

Pour l’instant, d’après l’écologue, le plus dangereux restent les hivers doux : « Un 30 °C en octobre me fait moins peur qu’un 15 °C en décembre ». Car avec une telle douceur, les chauves-souris sortent de leur profond sommeil, alors que les insectes, la base de leur régime alimentaire, ne se sont pas encore transformés. De plus, un seul réveil représente une dépense de 30 à 60 jours de réserves de graisse nécessaires pour hiberner, réduisant drastiquement leur chance de survie. La biodiversité subit déjà le réchauffement global de la planète, qui s’est accéléré ces dix dernières années. « Beaucoup d’espèces ont cessé de migrer, ou alors le font très tard, conclut Gérald Dupuy. Et aujourd’hui, la faune et la flore méditerranéennes s’épanouissent dans le centre de la France. »

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