Des semaines en prison pour sauver l’Arctique

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En escaladant une plateforme pétrolière de Gazprom, les militants de Greenpeace emprisonnés depuis deux mois et en cours de libération voulaient dénoncer les dangers écologiques que représentent les activités offshore dans les eaux de l’Arctique.
La justice russe délibère ces jours-ci de l’issue de la détention provisoire des « Trente de l’Arctique ». Leur sort reste incertain : certains sont libérés sous caution depuis mercredi 19 novembre, tandis que le militant austalien Colin Russell a vu sa détention provisoire prolongée de trois mois. Si les faits sont maintenant bien connus, les motifs de leur revendication le sont moins. Que dénonçaient ces militants de nationalités différentes, au cours de cette expédition sur le navire de l’Arctic Sunrise ?
En tentant le 18 septembre dernier d’escalader Prirazlomnaya, une plateforme offshore installée par Gazprom dans l’Arctique, Greenpeace souhaitait alerter sur les nombreux risques que représentent les forages pétroliers en Arctique. Selon l’association, cette plateforme serait « la première à procéder à des exploitations au-delà du cercle polaire, dans un but commercial », avec l’objectif de fournir du pétrole début 2014.
- Arrestation des militants de Greenpeace le 18 septembre -
Un mois auparavant, c’est à une autre compagnie pétrolière – Rosneft – que l’Arctic Sunrise faisait face, dans une autre région de l’océan Arctique, au niveau de la mer de Barents. Là, le 13 août 2013, un navire russe, l’Akademic Lazarev, y réalisait des tests sismiques en tirant sous l’eau des coups de canon sonores à 250 décibels. En prévision de forage, la technique vise à analyser la constitution des sols marins et sa structure géologique en profondeur. S’interposant, l’Arctic Sunrise cherchait à prévenir de l’impact environnemental de ces activités sur la biodiversité et sur les écosystèmes environnants.
Ces actions ciblées de Greenpeace s’inscrivent dans le cadre de sa campagne intitulée « Save The Arctic », lancée en juin 2011. Ayant recueilli quatre millions de signatures sur les cinq visés, la mobilisation appelle à la création d’une "zone naturelle préservée" autour du pôle Nord, afin d’empêcher les destructions qui s’y déploient. Selon l’association, deux principales menaces pèsent sur l’Arctique : l’exploitation pétrolière et la surpêche industrielle.
Cette campagne se rapporte au changement climatique – c’est d’ailleurs la division « Energie - Climat » de l’organisation écologiste, et non « Océan », qui la chapeaute. Coïncidence ou pas, cette affaire s’est déclenchée au moment de la sortie du dernier rapport du GIEC. Pour Axel Renaudin, directeur de la communication de Greenpeace, il s’agit de sortir d’un modèle qui a fait les preuves de son échec : « On ne peut pas continuer à extraire des ressources fossiles et non-conventionnelles, elles-mêmes responsables du réchauffement climatique, au moment où on sait que la situation empire ».
L’Arctique est en première ligne du dérèglement climatique : l’augmentation des températures y est deux fois plus rapide qu’ailleurs. Le réchauffement accélère la fonte des glaces, ce qui permet aux industriels d’augmenter leur recherche de pétrole, carburant en partie responsable du réchauffement climatique !
C’est pour enrayer ce processus qui n’aurait de fin que l’épuisement des ressources sur une Terre trop chaude que Greenpeace a focalisé son attention sur l’océan blanc.
D’autres enjeux s’y révèlent, ceux de la préservation d’un écosystème déréglé par le changement climatique et menacé par les risques de marée noire, ceux aussi d’une législation internationale incapable de réguler ces activités polluantes. Reporterre va les explorer la semaine prochaine.