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Enfin une bonne nouvelle : le FMI fait des bénéfices

Plus la crise s’aggrave, plus le FMI s’enrichit.


L’étape actuelle de la crise du système financier et monétaire international, provoquée par un endettement massif des Etats résultant du sauvetage des banques et des gages donnés aux « marchés » ne fait pas que des malheureux. En particulier, les dirigeants du Fonds monétaire international (FMI) ont de bonnes raisons de se frotter les mains…
Après avoir vu ses capacités d’intervention financière bondir de 250 à 750 milliards de dollars, suite à la décision du G-20 de Londres (2 avril 2009), il vient d’annoncer, le 19 mai dernier - et dans une relative indifférence médiatique - la multiplication par quatre de ses bénéfices pour l’exercice 2009-2010 (clos fin avril). Pour l’institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn, c’est la fin d’une période difficile… Il faut en effet savoir que le budget de fonctionnement du FMI provient des intérêts des prêts qu’il accorde aux pays en crise, ainsi que des placements qu’il effectue. Pas de prêts, pas d’intérêts, chute des recettes, « plans sociaux » comme dans une entreprise quelconque.

En 2007(exercice mai 2006-avril 2007) et 2008 (exercice mai 2007-avril 2008), le FMI a même connu deux années de pertes (165 et 135 millions de dollars) et a dû décider le licenciement de 385 des 2 900 postes du « staff ».

Fort heureusement, la crise globale est arrivée ! Et prêter à des Etats exsangues, ça rapporte ! L’institution annonce, pour cette seconde année consécutive de bénéfices, des revenus record de 534 millions de dollars (429 millions d’euros) pour l’exercice mai 2009-avril 2010, contre 126 millions de dollars lors de l’exercice précédent (mai 2008-avril 2009).
« Ces perspectives améliorées résultent en premier lieu de rentrées plus importantes que prévu du portefeuille d’investissement du Fonds » indique sobrement le communiqué officiel du FMI du 19 mai[1]. La multiplication des prêts à des conditions scandaleuses pour les populations - en particulier pour les fonctionnaires et les retraités - et les placements (élargis suite à une réforme du règlement intérieur en date du 7 avril 2008[2] mais non rendus publics) ont enrichi la maison cette année.
La vente d’or (près de 13 millions d’onces d’or[3]) appartenant à l’institution, et des mesures de restructuration interne complètent l’explication de la superforme 2010 du principal garde-chiourme des intérêts des banquiers et financiers internationaux.

Curieusement, cette bonne nouvelle - qui tranche avec un contexte plus que morose pour les populations touchées par les plans du FMI – n’a pas été saluée comme il se doit par les grands médias. Il est vrai qu’ils ont été très mobilisés par la campagne de promotion personnelle du patron du FMI : émission télé, sondages et articles flatteurs pour l’échéance présidentielle de 2012, etc. Une seule et même brève, copié-collé des dépêches AFP et Reuters dans les colonnes du Monde, sur le site du Point, du Nouvel Observateur et du Parisien
Le FMI, dont la mission est de « de promouvoir la coopération monétaire internationale, de veiller à la stabilité financière, de faciliter le commerce international, de susciter des niveaux d’emploi et de croissance durable, et de faire reculer la pauvreté dans le monde », démontre que la lutte contre la pauvreté, sur un mode néolibéral, est aussi un très bon business. Mais nous le savons, dans notre monde de plus en plus orwellien, la cupidité, c’est la générosité. Et ce ne sont pas nos Brille-Babil[4] qui diront le contraire. D’ailleurs, à en croire l’étude publiée par OpinionWay pour Le Figaro du 20 mai, les sympathisants de gauche ne pensent-ils pas que DSK est le plus apte à battre Nicolas Sarkozy en 2012 ?

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[1] Lire, en anglais, le communiqué officiel du FMI du 19 mai :http://www.imf.org/external/np/sec/...

[2] Avec cette réforme proposée aux Etats membres par le Conseil d’administration du FMI, l’institution est désormais habilitée à « déterminer sa stratégie d’investissement (…) en prenant en compte une évaluation prudente des niveaux acceptables de risques étant donné la nature publique des fonds investis ». Jusqu’à 2008, le budget de fonctionnement du FMI était essentiellement assuré par la différence entre les intérêts perçus (sur l’encours des crédits) et les intérêts versés (sur le montant de quotes-parts qui sert à financer les crédits accordés, appelé “position créditrice ou position de réserve”). Désormais, placements financiers et vente d’or complètent le dispositif. Pour en savoir plus : http://www.imf.org/external/np/exr/...

[3] Le rapport complet, Review of the Fund’s Income Position 2010-2011, est disponible, en anglais, sur le site du FMI : http://www.imf.org/external/np/pp/e...


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