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En brefDéchets

Et si consigner les bouteilles plastique était une mauvaise idée ?

Cette consigne pourrait entraîner un coût supplémentaire de 15 centimes d'euros à l'achat.

Faut-il mettre en place une consigne sur les bouteilles en plastique ? C’est la question que le gouvernement souhaite aborder dans la concertation qu’il a lancée le 30 janvier. Industriels, distributeurs, ONG, associations d’élus et de consommateurs… 80 structures sont conviées à en débattre. Une vingtaine de réunions seront organisées en régions avant qu’une décision soit prise en juin 2023.

Ce dispositif viserait à combler le trop faible taux de recyclage des bouteilles. « D’ici à 2025, 77 % de nos bouteilles en plastique devront être recyclées. Nous voulons également diviser par deux le nombre de ces bouteilles jetables et en recycler 90 % d’ici à 2030. Nous en sommes à 60 %. La marche à franchir est grande », confiait Bérangère Couillard, la ministre de la Transition écologique à Ouest-France le 29 janvier.

Concrètement, le consommateur paierait jusqu’à 15 centimes de plus sa bouteille d’eau ou de soda. Une somme qu’il récupérerait en rapportant la bouteille vide dans l’un des 30 000 automates installés sur les parkings des supermarchés. Mais ce système, déjà débattu en 2019 lors des discussions sur la loi Agec, est vivement critiqué par les collectivités locales. L’association Amorce qui les réunit estime qu’« on se focalise sur la bouteille en plastique alors que c’est sans doute le déchet le mieux collecté et recyclé, actuellement en France ».

« Ce sont les industriels des boissons qui poussent vers ce système »

Pour Joël Ruffy, responsable des affaires publiques d’Amorce, « ce sont les industriels des boissons qui poussent vers ce système. C’est une sorte de greenwashing pour afficher une étiquette verte sur la bouteille plastique. Or, cela ne réduira pas les déchets ». Il ne s’agira pas de réemployer les bouteilles ainsi collectées, comme on le fait habituellement avec la consigne sur le verre, mais de les broyer pour en refaire de nouvelles. Ce qui est déjà réalisé avec la collecte en bac jaune.

« Sortir la bouteille en plastique du bac jaune perturbera et complexifiera en outre le geste de tri des ménages, mais aussi tout le travail engagé par les collectivités pour le simplifier », considère pour sa part France urbaine qui regroupe agglomérations et grandes villes.

Le consommateur paierait le recyclage deux fois

« C’est non seulement une solution non pertinente sur le plan environnemental, mais également impactante sur le plan économique, ajoute Joël Ruffy. La bouteille en PET est un matériau bien valorisé qui permet aux collectivités d’obtenir des recettes. Si le consommateur ne met plus ces bouteilles dans le bac jaune mais les rapporte aux supermarchés, ce sera autant de recettes en moins pour les collectivités, qui devront rééquilibrer leur budget, et donc augmenter la taxe sur les ordures ménagères. »

Le consommateur paiera donc le recyclage du plastique deux fois : via la consigne et via sa taxe ou redevance d’ordures ménagères possiblement augmentée. Amorce craint également que cette consigne serve de stratégie commerciale pour rendre le client un peu plus captif avec des bons d’achat.

Plutôt que la consigne pour recyclage pour les bouteilles en plastique, France urbaine plaide pour que « la France se dote d’une véritable stratégie de prévention, de réemploi et de développement du vrac ».

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