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En brefPesticides

Interdiction actée pour un herbicide surutilisé

Le S-métolachlore est un herbicide autorisé depuis 2005 et l’un des plus utilisés en agriculture française.

La France réagit enfin après des années d’alerte : le 15 février, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé la prochaine interdiction du S-métolachlore, herbicide autorisé depuis 2005 et l’un des plus utilisés en agriculture française.

L’agence avait déjà pris des mesures de restriction en 2021 en réduisant les doses maximales d’emploi pour la culture du maïs, du tournesol, du soja et du sorgho. Mais à la suite d’une nouvelle expertise, elle constate toujours « un risque de contamination des eaux souterraines par les métabolites du S-métolachlore ». Elle engage donc une procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active. « Cela permettra de réduire la contamination de l’environnement par cette substance et contribuera donc à une restauration progressive de la qualité des eaux souterraines », espère l’Agence.

Pas de mise au placard définitive

Eaux et Rivières de Bretagne, qui bataille depuis des années contre ce pesticide, se félicite d’une annonce « rare ». Pour autant, l’association est bien consciente que cela ne signifie pas une mise au placard complète et définitive du S-métolachlore.

Tout d’abord, la procédure de retrait va prendre un certain temps. « Les achats d’herbicides pour la saison ont déjà été faits en janvier. On ne se leurre pas, la substance sera encore utilisée cette année », affirme Dominique Le Goux, chargée de mission santé et environnement de l’association.

Ensuite, l’interdiction ne concernera que « certains usages », comme le précise l’Anses. « Si des pratiques alternatives existent pour le désherbage du maïs, comme le désherbage mécanique, cela risque d’être plus difficile pour les pois ou haricots », explique Eaux et Rivières de Bretagne. D’autres molécules toutes aussi nocives pourraient venir se substituer au S-métolachlore. Un phénomène qui a déjà pu être constaté par le passé. L’association réclame que le cahier des charges de l’agriculture biologique soit rendu obligatoire dans toutes les zones d’alimentation de captage d’eau.

Métabolites de dégradation toujours présents dans l’eau

Enfin, le S-métolachlore se dégrade en métabolites qui migrent vers la ressource en eau où ils perdurent pendant de très longues années. Or ces métabolites, comme ESA-métolachlore et NOA-métolachlore, sont bien présents dans l’eau potable. En septembre dernier, l’Anses avait d’ailleurs décidé de relever la limite de qualité de ces deux substances pour permettre de rendre à nouveau l’eau potable dans un très grand nombre de communes.

Générations futures, qui réclamait elle aussi l’interdiction de cette molécule, note de son côté que la France anticipe ainsi « une probable interdiction au niveau européen de la substance », une réévaluation étant en cours. « Contrairement à ce qui nous est souvent répondu, cet avis montre que les autorités nationales ont le pouvoir de prendre des décisions sur les autorisations des produits sans attendre les conclusions de l’Europe sur les substances actives », conclut l’ONG.

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