La France connaîtra la sécheresse cet été

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Selon une carte prévisionnelle publiée le 18 mai par le ministère de la Transition écologique, quatre-vingts départements sont concernés par un risque de sécheresse cet été. Seuls une partie de la Normandie, l’Île-de-France et les Hauts-de-France pourraient y échapper.
Pour la quatrième année consécutive, l’été s’annonce fort sec. Selon la carte prévisionnelle dévoilée le 18 mai par le ministère de la Transition écologique, quatre-vingts départements sont concernés par un risque de sécheresse, et notamment ceux situés sur le pourtour méditerranéen, l’ouest de la France et la région Rhône-Alpes. Seuls une partie de la Normandie, l’Île-de-France et les Hauts-de-France pourraient y échapper.
L’année dernière, au plus fort de la crise, 88 départements avaient fait l’objet d’arrêtés préfectoraux restreignant l’usage de l’eau. Selon la sévérité de l’épisode de sécheresse, quatre niveaux de limitation peuvent en effet être mis en place (vigilance, alerte, alerte renforcée et niveau de crise). Dès le niveau d’alerte atteint, les préfets peuvent prendre des mesures de limitation ou de suspension des usages de l’eau.

La carte prévisionnelle s’appuie sur un croisement de données du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), de Météo France, de l’Office français de la biodiversité (OFB) et du Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations (Schapi). Manque de pluies depuis le début du printemps, sols très secs, faible manteau neigeux... les indicateurs sont à des niveaux inquiétants. « Nous nous sommes basés sur les données de fin de recharge des nappes phréatiques en avril et mai. Nous utilisons 1 600 piézomètres sur l’ensemble du territoire pour mesurer les niveaux d’eau. Météo France, de son côté, fait des études sur la sécheresse des sols, avec des scénarios de précipitations et de température. L’OFB et le Schapi travaillent sur les données de débits et d’assecs des cours d’eau », explique à Reporterre Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM.
Une mauvaise recharge des nappes
Cet hiver, le BRGM a noté une très bonne recharge sur la partie nord et ouest du pays. « En revanche, il n’a quasiment pas plu dans le sud-est, en Provence. Les recharges n’y sont vraiment pas bonnes », poursuit l’experte. S’ajoutent à cela trois mois de printemps très peu pluvieux : « Les nappes n’ont pas pu finir leur recharge. Or, quand la végétation reprend, elle a besoin d’eau. » Les fortes pluies actuelles changeront-elles la donne ? Les effets seront isolés, selon l’hydrologue. « Le sol est sec, quand la pluie tombe, elle est absorbée par la végétation ». D’autant que les sols n’arrivent pas à absorber le volume d’eau lors de pluies très intenses, sur très peu de temps, car l’eau ruisselle. Les fleuves sont alors hauts sans que les nappes ne se rechargent.
Dans certaines nappes, comme celle du socle limousin, où l’eau circule très vite, un niveau de recharge insuffisant peut entrainer un assèchement partiel de la nappe très rapidement. « On est passé d’un niveau assez haut en février, à un niveau très bas en avril », résume l’hydrologue.
En outre, Météo France prévoit un climat chaud et sec pour les trois prochains mois. Les pluies de mai permettront cependant de repousser de quelques semaines les campagnes d’irrigations, allégeant ainsi la pression sur les nappes.
De nouveaux outils pour surveiller la sécheresse
« Il convient toutefois de rester vigilant quant à l’utilisation de ces résultats. Ils donnent des indications par rapport aux situations habituellement rencontrées et, en fonction des précipitations à venir dans les prochaines semaines, la situation pourrait encore évoluer », indique le ministère.
Afin de surveiller et de mieux gérer les épisodes de sécheresse, un décret paru le 15 mai crée un comité d’anticipation et de suivi hydrologique (Cash). Rattaché au Comité national de l’eau, il est composé de 43 membres représentant les collectivités territoriales et les différents usagers de l’eau (consommateurs, agriculteurs, entreprises, etc.).
Un autre décret pourrait être signé en juin, indique le ministère, dans le but de « moderniser la gestion quantitative de la ressource en eau et la gestion des situations de crise liées à la sécheresse ». Il s’agirait de mettre en place des mesures de restriction harmonisées au niveau national par usage et par type d’activité. Ce projet est actuellement examiné au Conseil d’État.