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La Russie s’apprête à utiliser une centrale nucléaire flottante


Fin juin, la première centrale nucléaire flottante du monde a pris la mer depuis St-Pétersbourg, en Russie. Dénommée « Akadmik Lomonosov », l’unité mise à l’eau devrait entrer en service d’ici avril 2012, selon les prévisions de Rosatom, l’agence fédérale de l’énergie atomique russe. Destinée à être installée dans la péninsule du Kamtchatka dans l’océan Pacifique, au large de la ville de Vilyuchinsk, cette centrale nucléaire flottante doit faire une halte préliminaire à Mourmansk pour « faire le plein » d’uranium.

Actuellement, on compte une soixantaine de centrales flottantes de production d’électricité, à l’échelle planétaire, mais aucune nucléaire.

Grâce à ses deux réacteurs, cette centrale devrait délivrer une puissance électrique de 70 MW (à comparer aux 1 600 MW de l’EPR français, non flottant). Si cette puissance et l’aptitude à dessaler l’eau de mer n’ont pas changé par rapport au projet présenté début 2008, les dimensions de la barge accueillant les installations nucléaires ont apparemment été revues à la baisse, avec une longueur de 144 m pour une largeur de 30 m.

D’une durée de vie estimée à 38 ans, la centrale devrait connaître trois cycles de fonctionnement de 12 ans entrecoupés de deux phases de maintenance/rechargement en uranium. Durant les périodes de production, le combustible nucléaire usagé sera stocké sur l’Akadmik Lomonosov, dans des conteneurs spécifiques pour éviter tout risque de contamination.

Alors qu’un minimum de huit centrales nucléaires de ce type devrait voir le jour, la dissémination de telles installations sur la planète n’est pas sans soulever de questions. En effet, si pour Moscou, « Il s’agit d’un moyen sûr et sans risque de prolifération de répondre aux besoins énergétiques des zones les plus isolées, ou à l’énorme appétit des économies en pleine croissance », ces centrales sont autant de matériels nucléaires qu’il faudra à terme théoriquement démanteler. Or, en la matière, la Russie n’est pas le meilleur élève du groupe de pays recourant à l’énergie atomique, la gestion des déchets radioactifs de ses brise-glace et autres sous-marins nucléaires nationaux restant non résolue de même que leur démantèlement en fin de vie. Par ailleurs, correspondant aux modèles utilisés sur certains brise-glace et sous-marins à propulsion nucléaire de l’ex URSS, de par leur conception ces petits réacteurs sont considérés par plusieurs experts comme beaucoup plus difficiles à contrôler qu’un réacteur commercial classique, notamment en cas d’emballement de la réaction en chaîne.

Pour le moment, les sept autres centrales nucléaires flottantes programmées sont à vocation russe, mais plusieurs pays ont déjà déclaré être intéressés par ces dispositifs, d’autant qu’un modèle plus petit, en cours d’élaboration, promet d’accéder à l’intérieur des terres via le réseau fluvial.


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