En bref — Grands projets inutiles
La Zad de Gonesse tient malgré la neige

Trois nuits sous la neige. Depuis le dimanche 7 février, des militants ont lancé une Zad sur le Triangle de Gonesse (Val-d’Oise) pour protester contre la construction d’une gare de la future ligne 17 du métro du Grand Paris au beau milieu des champs.
« J’ai été assez étonné de l’organisation mise en place pour que les gens dorment ici. Nous étions environ une vingtaine à passer la nuit et tout le monde était dans un abri en dur. Personne n’a dormi en tente. Du coup, ça allait nous n’avons pas eu trop froid », raconte Askyy, (pseudonyme) militant d’Extinction Rebellion (XR). Les températures glaciales ne semblent pas refroidir l’enthousiasme des zadistes qui s’organisent pour durer. « L’ambiance est vraiment super bonne. Il n’y a pas eu de patrouille de police pendant la nuit. On a juste vu des gens qui étaient peut-être des RG [Pour Renseignements Généraux, depuis intégrés au Service central du renseignement territorial (SCRT), NDLR] et qui nous observaient ce matin », poursuit-il.
Dans un communiqué de presse, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France (LR) a dénoncé mardi 9 février « l’occupation illicite de terrains » craignant « qu’à l’instar de certains exemples passés de Zad, notamment sur le site de Notre-Dame-des-Landes dans le département de la Loire-Atlantique, que cette occupation illégale ne dégénère rapidement en appels à la désobéissance civile et en violences ». Elle demande donc au gouvernement l’évacuation immédiate des lieux.

Pourtant, sur place, tout semble calme. Même si le maire serait apparemment venu en personne voir les gens du voyage, dont le terrain jouxte la Zad et qui fournissent de l’eau et de l’électricité aux occupants. « On les aurait menacés de leur couper l’électricité s’ils continuaient à nous aider », témoigne un militant. Si les patrouilles de police continuent leurs rondes, aucun signe d’évacuation tangible n’est à déceler pour le moment. « Je pense qu’il y a une forte pression médiatique : il serait mal vu de nous déloger dès le début. D’autant que de nombreux partis politiques se sont positionnés en faveur de la lutte », rappelle Askyy.
Le jeune homme est étudiant en transport et logistique et assure suivre ses cours en ligne entre deux déchargements de camion. Car les soutiens se multiplient dans toute l’Île-de-France. Sur le fil Telegram d’organisation, près de 450 personnes proposent du bois, des soupes, des couvertures, du gel hydroalcoolique, des éponges mais aussi des livres pour remplir les rayonnages de la bibliothèque. Les prochains jours, les occupants vont s’atteler à la construction de nouveaux dortoirs pour accueillir les militants qui ne manqueront pas d’affluer ce week-end, premier jour des vacances scolaires. Une carte a été publiée pour faciliter leur venue.
« On pense que beaucoup de gens vont venir », espère Askyy. Il estime que c’est l’occasion idéale pour toutes celles et ceux qui veulent s’engager dans une lutte, sans forcément pouvoir se rendre dans une Zad existante, comme celle du Carnet.
Beaucoup attendent également une convergence entre les différents acteurs qui se mobilisent aujourd’hui contre des projets inutiles dans toute l’Île-de-France, du collectif qui lutte contre le terminal 4 à Roissy en passant par les jardins ouvriers d’Aubervilliers ou encore le collectif Saccage 2024, qui se bat contre les Jeux Olympiques.
Source : Reporterre
Photos : Siamak, CPTG et Askyy.