La bourrache prend ses aises

Dans la moiteur automnale et sous les couleurs des fleurs, le jardin garde belle allure. Semis spontanés ou mise à l’écart des graines en cuisine, il est temps de songer aux futures récoltes.
Une pomme, le compost, un vêtement pour la pluie et me voilà dans la rue dimanche matin dans la moiteur automnale. [C’était le 8 novembre]. Les Parisiens sont en tongs et les trottoirs jonchés de feuilles de platanes dans lesquelles il est amusant de rouler. Dans le jardin, les feuilles sont presque toutes tombées, des cerisiers, du petit pêcher, des aubépines, du pommier et des frênes. Seuls les chênes et le saule des oliviers tiennent tête à ce mois de novembre dont la douceur ravis les cavaliers du dimanche qui passent devant notre lopin.
Il a encore belle allure, réveillé par le jaune d’or des tagètes, l’orangé des soucis et des capucines, le bleu des fleurs de bourraches. Le mesclun - mélange de cresson alénois, de scarole, de roquette, de cressonnette marocaine, semé fin août a bien poussé et permet de cueillir une jolie salade.
Des minéraux remontés des profondeurs
Ça et là, des plantes sont laissées à monter en graines avec l’espoir de les voir germer au printemps prochain ou le suivant, selon que leur cycle végétatif se déroule sur une année, comme l’arroche et la roquette, ou sur deux ans, comme la mâche, la coriandre, les carottes et les choux. L’inconvénient des semis spontanés est qu’ils poussent le plus souvent au milieu des allées ! Ou qu’ils favorisent certaines plantes, comme la bourrache qui a trouvé dans notre jardin une terre d’élection et notre indulgence. Leurs fleurs ont un goût d’huître, qui ne plait pas seulement aux abeilles, et leurs feuilles vertes et râpeuses étalées sur les buttes freinent le déplacement des limaces. En se dégradant, elles apportent au sol des minéraux remontés des profondeurs du sol.

Pour d’autres plantes potagères, comme les potimarrons et les tomates noires de Crimée, la récupération des graines se passe en cuisine. On les met de côté en préparant le dîner, puis on les lave plusieurs fois, afin de supprimer la chair visqueuse qui s’accroche aux graines, avant de les mettre à sécher sur un torchon, à l’air libre. Ensuite, nous rangerons les plus belles dans des sachets de papier en indiquant la date de récolte, la variété et l’origine de la graine. Histoire de prendre de bonnes habitudes... et au fil des années peut-être, obtenir des graines adaptées aux conditions pédoclimatiques de notre jardin.