La punaise, le vélo et le changement climatique

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Climat Jardin sans pétroleUne punaise inconnue au Jardin sans pétrole et poussée jusque là par le changement climatique se repait des plants de haricots. Il y a urgence à faire une place au vélo…
Il faut dire que la journée est belle et tellement ensoleillée ! Nous ne sommes pas seuls dans le RER C. En plus de nos bicyclettes, il y a des ados et leurs VTT qui vont explorer les chemins d’Île-de-France. Rencontre de circonstance pour faire face à une équipe de contrôleurs qui voient d’un mauvais oeil les vélos bloquer le passage. L’un d’eux nous lance : « Les vélos sont seulement tolérés, mais si ça continue, il faudra les interdire. » La conversation s’engage :
« À bon, vous ne pensez pas qu’il vaudrait mieux prévoir des espaces pour accueillir les petites reines à bord des RER ? C’est quand même mieux que de prendre sa voiture, non ?
— Pour ça, il faut voir avec Valérie Pécresse [la présidente du conseil régional d’Île-de-France]. »
Oui la réponse est politique et urgente car le mécontentement des usagers et des contrôleurs face aux cyclistes du RER conduira à la solution de facilité… leur en interdire l’accès. Pourtant, la comparaison est sans commune mesure. En RER, notre consommation de CO2 est de 3,36 kg, aller-retour pour deux personnes, tandis qu’avec la voiture, elle oscille entre 12 et 16 kg, selon la circulation, soit 4 fois plus !

La contrariété s’estompe en dévalant la route qui conduit sur les bords de la Juine. Et fait place à la joie en découvrant que les tomates ont mûri en nombre, que de nouvelles courgettes se sont formées sur un pied spontané issu d’une graine de courgette à fruit rond et vert. Cette année, les fruits ressemblent davantage à des poires et sont jaunes d’or. Surprise de la sélection ! Cet été, le pied s’est étalé en quatre ramifications et à l’heure du déclin attendu, la plante ne sait plus où donner de la tête, poursuivant floraison et fructification comme si l’automne n’allait jamais venir.
La punaise Nezara remonte de la corne de l’Afrique
En revanche, les haricots ont piètre mine. Les quelques pieds grimpants semblent fatigués et la cause en est peut-être due à la présence d’une punaise tellement belle que j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une espèce de coléoptère. En observant mieux, même si les motifs rappelaient les habits somptueux des chrysomèles, la forme du corps et de la tête était bien celle des punaises. Cette punaise, encore inconnue au Jardin sans pétrole, est originaire de la Corne de l’Afrique. Nezara viridula passe par différentes couleurs selon son stade de développement, tirant sur le vert à l’âge adulte, gardant ses ponctuations blanches, rouges ou orangées. Présente dans tout le bassin méditerranéen depuis des décennies déjà, elle est connue pour se nourrir de la sève de plus d’une trentaine de cultures potagères, parmi lesquelles la tomate, l’aubergine, le pois, le haricot, la pomme de terre, le poivron… Cet insecte piqueur et suceur s’attaque à toutes les parties de la plante : feuilles, tiges, boutons floraux… Les entomologistes constatent l’extension de son aire de distribution européenne vers le Nord, à la faveur des modifications climatiques en cours. Alors de grâce, Madame Pécresse, faites de la place au vélo dans le RER !