Les États s’engagent bien trop peu pour limiter le réchauffement, selon l’ONU

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Climat MondeDans un rapport publié mi-septembre, l’Organisation des Nations unies fait le point sur les engagements climatiques des 191 États signataires de l’Accord de Paris. Ils sont beaucoup trop faibles et nous conduiraient à un réchauffement de 2,7°C par rapport à l’ère pré-industrielle.
Malgré les engagements des États, les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas. En 2015, l’Accord de Paris sur le climat a permis de mettre en place des « contributions déterminées au niveau national » (NDC), décrivant les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales de façon à limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C ou 2 °C en 2050 par rapport à la période préindustrielle.
Un récent rapport de l’ONU Climat paru le 17 septembre montre que, en date du 30 juillet 2021, l’ensemble des NDC des 191 parties ayant signé l’accord de Paris ne permet pas de diminuer les émissions. Pire, si l’on continue sur cette trajectoire, les émissions vont augmenter de 16 % d’ici à 2030 par rapport à 2010, conduisant à un réchauffement de l’atmosphère de 2,7 °C d’ici la fin du siècle. Ces prévisions sont fondées sur les derniers travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) publié le 9 aout 2021 : pour limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 °C, il faut réduire les émissions de CO2 de 45 % en 2030. Pour limiter le réchauffement à 2 °C, une réduction de 25 % est nécessaire.

Ce rapport de synthèse de l’ONU Climat a été demandé par les parties de l’Accord de Paris pour évaluer les progrès réalisés avant la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), qui se tiendra du 1er au 12 novembre à Glasgow, en Écosse.
« La lutte contre le changement climatique ne sera un succès que si tout le monde s’unit »
Parmi les 191 parties, seulement 113 avaient mis à jour leur NDC au 30 juillet 2021. Ces 113 pays ne représentent que 49 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Parmi ceux qui n’ont pas encore soumis des NDC actualisés, la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite et la Turquie — pays qui ensemble représentent pourtant 33 % des gaz à effet de serre dans le monde. L’Australie et l’Indonésie ont quant à elles soumis des NDC actualisées, mais avec objectifs de réduction d’émissions inchangés par rapport à ceux proposés en 2015. Plus surprenant, le Brésil, le Mexique, et la Russie ont pour leur part soumis des plans qui autorisent… des hausses d’émissions. Quant au Japon et à la Corée du Sud, ils doivent soumettre de nouveaux objectifs plus stricts avant la COP26.
À ce jour, l’Argentine, le Canada, l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont renforcé leurs objectifs de réduction d’émissions pour 2030. Avec une baisse des émissions de 68 % en 2030 par rapport à 1990, seules les NDC du Royaume-Uni sont considérées comme compatibles avec les exigences conduisant à une limite du réchauffement de 1,5 °C en 2050. Selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « Si les nations riches ne s’engagent pas dès maintenant à lutter contre les émissions de CO2, le monde est sur la voie désastreuse d’un réchauffement de 2,7 degrés d’ici la fin du siècle » ».
