Notre Dame des Landes : bataille gagnée, pas encore la victoire
Les commissions ont remis leurs rapports. Dialogue, compensation, agriculture : sur les trois dossiers, des études supplémentaires sont recommandées. Officiellement, le projet d’aéroport n’est pas abandonné. Mais le chantier ne démarrera pas à court terme.
Les textes des trois rapports publiés le 9 avril sont à télécharger ici
AFP
Un rapport préconise des aménagements à Notre-Dame-des-Landes
La commission chargée de calmer le jeu dans l’épineux dossier de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, près de Nantes, a justifié mardi l’utilité du projet controversé. Elle a toutefois préconisé des aménagements afin d’en limiter l’impact environnemental.
Dans ses conclusions, la commission du dialogue estime que "le réaménagement de [l’actuelle aérogare de] Nantes-Atlantique n’apparaît pas (...) comme une solution viable à long terme". Elle souligne notamment que "les perspectives de trafic prévoient d’atteindre 4,2 millions de passagers autour de 2018-2020".
"Actuellement, l’aéroport de Nantes n’est pas saturé, mais le développement du trafic qui est prévisible fait penser qu’il le sera à terme de quelques années", a résumé le président de la commission, Claude Chéreau.
Le rapport remis au ministre délégué aux Transports Frédéric Cuvillier recommande en revanche d’améliorer le projet de Notre-Dame-des-Landes en réduisant notamment "autant que possible" la surface totale de la future infrastructure.
Ses autres recommandations portent sur la réduction de la surface totale du futur aéroport. Elle souligne l’importance de réduire "autant que possible" l’emprise du projet sur les terres agricoles, notamment en réduisant la surface des parcs de stationnement et celles des activités économiques autour de l’aéroport.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et fervent partisan du futur aéroport, a immédiatement réagi en réaffirmant dans un communiqué "son attachement à poursuivre la conduite de ce projet", en promettant "dialogue" et "échange constructif".
Mais pour Europe Ecologie-Les Verts (EELV), partenaire du Parti socialiste au sein du gouvernement, les conclusions de la commission au contraire "reportent sine die le projet". A ses yeux, le rapport "démontre surtout que le projet est aussi fragile que mal formaté".
Sur la zone du futur aéroport, les réactions étaient mitigées parmi les opposants, déçus du maintien du projet mais satisfaits de certains éléments des rapports, qui donnent raison selon eux à certains de leurs arguments.
EELV
Pour EEVL, les rapports rendus publics condamnent de fait le projet
La commission du dialogue, le collège d’experts scientifiques et la mission agricole viennent de remettre leurs rapports au Ministre des Transports, M. Cuvillier.
Si la commission du dialogue estime, sortant ainsi de sa feuille de route initiale, que le projet est « justifié », ses observations, recommandations et conclusions démontrent surtout que le projet est aussi fragile que mal formaté.
En effet, tant sur le dimensionnement de l’aérogare et de la piste, que sur le plan des dessertes routières et ferroviaires, ainsi que sur l’impact agricole et l’emprise foncière, le projet témoigne d’un nombre considérable de failles.
En ce qui concerne l’impact environnemental, la conclusion du collège d’experts est sans appel. La méthodologie proposée est invalidée à l’unanimité d’un point de vue scientifique. D’un point de vue juridique, sauf à s’affranchir de la loi sur l’eau et du droit communautaire, le projet ne peut être autorisé en l’état actuel.
Pour Europe Ecologie – Les Verts, la copie est bien à revoir intégralement. Toutes les interrogations posées depuis des années par les opposants sont aujourd’hui confortées et légitimées.
En l’état, la mise en œuvre de toutes les recommandations formulées dans ces rapports relève de la mission impossible et reporte sine die le projet.