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Agriculture

Pain, agriculture, café, démocratie... À Mâlain, on invente l’alternative totale

Dans ce village de Côte-d’Or, un groupe animé par l’envie de reconnecter l’agriculture au territoire fait grandir un projet autant agricole que culturel, mêlant vignoble bio, culture du houblon, élevage de poules, mais aussi café associatif, habitat participatif ou encore université populaire. Reportage photographique.

  • Mâlain (Côte-d’Or), reportage

Mâlain est un village de Côte-d’Or de 750 habitants, à 25 km de Dijon. Depuis deux ans, un petit groupe s’y est installé et impulse une belle dynamique collective autour d’un projet alternatif agriculturel étonnant.

Jennifer, Renaud, François, Claire, Myriam, Léo, Hélène, Jeff, Cyril, Gaëlle… tous sont animés par l’envie de reconnecter l’agriculture au territoire, de créer une agriculture à taille humaine, respectueuse de l’environnement et créatrice de lien social, d’œuvrer pour une éducation populaire. Tous sont convaincus que c’est en se rassemblant que l’on peut faire avancer ses idées. Tous ont le cœur à l’ouvrage.

La reprise en bio du vignoble du village, la création du groupement foncier agricole (GFA) citoyen Champs libres, l’achat collectif d’un bâtiment et de terres agricoles ont été les principaux points d’appui qui ont permis à cette dynamique de s’assurer une assise. Sur ce terreau, comme dans un jardin fertile, les projets germent et les énergies se multiplient.

Plusieurs projets, dont celui de café associatif, d’épicerie participative ou encore d’université populaire 

Les 123 associés du GFA ont déjà acquis collectivement environ 6 ha de terres agricoles qui servent pour un projet d’élevage de poules pondeuses bio et un jardin potager permaculturel, et bientôt pour de la culture de céréales paysannes et de houblon. Le bâtiment acheté, qui se situe en continuité de terres du GFA, a été réhabilité pour y accueillir un habitat participatif, une brasserie artisanale bio, un café associatif et un fournil. Dans cette effervescence est également née l’association Risomes (Réseau d’initiatives solidaires mutuelles et écologiques) qui anime plusieurs projets, dont celui de café associatif, d’épicerie participative ou encore d’université populaire.

Aujourd’hui, après un an et demi de chantiers, les trois logements de l’habitat participatif sont occupés. Les travaux de la brasserie et du fournil se terminent avec un commencement des activités prévues en ce début d’année 2017. Arriveront ensuite les 250 cohabitantes gallinacées qui devraient être ravies de découvrir leur nouvelle maison en bois. L’ouverture du café associatif est attendue de tous, plusieurs chantiers collectifs bénévoles sont prévus dans les mois qui viennent pour concrétiser ce projet. Et une grande fête agriculturelle pourrait bien célébrer toutes ces réalisations l’été prochain.

L’association Risomes s’est constituée en février 2016 et compte aujourd’hui plus de 140 adhérent-e-s. Elle s’organise horizontalement à partir de groupes-actions : université populaire et buissonnière ; pratiques d’échanges non marchands ; café associatif ; épicerie coopérative…
Un ancien four à gueulard datant du XIXe siècle en cours de réhabilitation dans le bâtiment collectif jouxtant les terres du GFA. Cyril, paysan-boulanger, viendra s’y installer pour faire du pain bio au levain naturel à partir du premier trimestre 2017.
Cyril fabrique déjà du pain dans le village tous les mardis et vendredis depuis un an, dans un petit four à bois appartenant à l’ancien viticulteur bio du village, qui ne l’avait jamais vu fonctionner. Cyril vient de faire l’acquisition d’un moulin de ferme pour produire sa farine, moulin financé via la cagnotte solidaire Germe de blé, dont les principaux contributeurs sont des Amapiens.
François fait déguster son vin lors de la journée découverte du projet de café associatif. Claire et François sont viticulteurs bio à Mâlain, ils ont repris en 2015 le dernier domaine viticole du village, sur 2,7 ha. Leur crédo, c’est d’élaborer des vins les plus naturels possible en minimisant les interventions au moment de la vinification.
Mars 2016 : les travaux de réhabilitation de trois logements du bâtiment collectif qui jouxte les terres du GFA sont engagés. Décembre 2016 : les travaux sont terminés et les trois familles qui composent cet habitat participatif ont intégré les lieux. Ils sont tous porteurs de projets agricoles ou artisanaux. Le bâtiment est géré par une SCI composée de 18 associés, 6 habitants et 12 épargnants solidaires.
Mai 2016 : discussion en groupe après la projection du film « Merci Patron ! » organisée par l’université populaire de Risomes. Une centaine de personnes sont présentes dans la salle des fêtes de Mâlain pour cette projection-débat. Pour les personnes engagées dans la dynamique de Mâlain, ces moments sont importants parce qu’ils permettent de connecter leurs pratiques à des enjeux politiques plus larges, en prenant le temps de l’échange et de l’écoute.
Mai 2016 : chantier collectif de défrichage et de nettoyage d’une parcelle des terres acquises par le GFA citoyen Champs libres. Les « Défricheurs », cela aura pu être un nom pour le GFA… qui ne défriche pas seulement des terres, mais aussi quelques parcelles administratives et économiques pour créer un outil local, adapté et durable d’acquisition et de gestion collective de terres agricoles.
Lou Di Franco, artiste locale venue animer une journée découverte du projet de café associatif en juin 2016. Une centaine de personnes de Mâlain et des environs s’était déplacée pour découvrir le lieu et partager un repas préparé par des bénévoles de Risomes. Le café associatif est bien entouré avec le fournil d’un côté et la brasserie artisanale de l’autre.
Avril 2016 : des membres du groupe Biodiversités de l’association Risomes installent une ruche sur les terres du GFA. L’objectif est de sauver des essaims sauvages menacés par leur présence dérangeante dans des habitations pour constituer un rucher citoyen.
Juin 2016 : chantier collectif d’autoconstruction du poulailler accompagné par L’Atelier paysan et la Scop Assobois. Le poulailler accueillera 250 poules élevées par Myriam en agriculture biologique avec un parcours en « pré-verger » composé d’arbres de plein-vent de variétés locales et anciennes.
Septembre 2016 : après un an de fonctionnement, deuxième assemblée générale du GFA citoyen Champs libres, qui rassemble 123 associés, habitants du territoire, ayant achetés collectivement à ce jour 6 ha de terres agricoles pour les louer à des paysans pratiquant une agriculture paysanne et biologique.
Octobre 2016 : un vingtaine de personnes sont venues construire des buttes de cultures avec Hélène et Jean-François dans le cadre du projet de jardin potager permaculturel porté par l’association La Milpa sur les terres du GFA Champs libres. En arrière-plan, le bâtiment collectif.
Novembre 2016 : un petit groupe aide Jennifer à finaliser la construction de sa brasserie artisanale bio dans le bâtiment collectif. La première bière sera produite au début du printemps 2017. Un projet de plantation de houblon est également en cours pour alimenter cette brasserie.

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