Tribune —
Sortir de la dépendance au pétrole
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Les écologistes n’ont pas attendu qu’une marée noire vienne souiller le littoral de Louisiane pour relever les deux défis, indissolublement liées, auxquels l’humanité doit s’attaquer en ce début de XXIe siècle, le changement climatique et le pic pétrolier.
Le problème de la dépendance à cette énergie des siècles passés demeure sous évalué. Outre que le l’ère du pétrole bon marché tire à sa fin, l’espérance de vie du pétrole se situe tout au plus à quelques dizaines d’années. Annonçant l’ère du déclin des ressources en énergie fossile, le pic pétrolier est un défi pour la stabilité économique et sociale. Il est essentiel de le relever si nous voulons atténuer les menaces que le changement climatique fait peser sur nous. Penser dès aujourd’hui l’alternative énergétique relève d’une stratégie de résilience fondée sur l’anticipation du choc pétrolier, la capacité de l’encaisser er de rebondir à l’issue d’une période de transition énergétique.
Sortir de la dépendance au pétrole, c’est d’abord abandonner notre modèle de développement basé sur le gaspillage et la surconsommation. C’est construire une transition entre deux mondes, l’ancien, marqué par la dépendance aux énergies fossiles, le nouveau qui sera forcément le produit d’un mixte énergétique, produit à partir d’énergies vertes 100 % 100 renouvelables, empruntant la voie suivie en Allemagne. C’est aussi une rupture avec une énergie globale qui nous a conduit à des guerres pour le contrôle des ressources pétrolières ou gazeuses. Du Moyen Orient à l’Asie Centrale, de l’Angola à la Birmanie, de grandes entreprises comme Total ont participé directement ou indirectement à l’exploitation des peuples.
Sortir de la « pensée unique énergétique » suppose de faire preuve d’anticipation, d’inventivité et de volonté politique. Le nucléaire qui ne représente que 2% de la consommation d’énergie dans le monde ne résoudra rien. Allons nous construire plusieurs milliers de réacteurs nucléaires, immédiatement et sur l’ensemble de la planète – y compris dans des territoires en guerre ou dans des régions sismiques ? « Ce n’est pas sérieux alors même que l’accumulation de déchets ingérables n’est pas résolue, que les risques de prolifération sont encouragés par le gouvernement français et les accidents type Tchernobyl restent une menace permanente »
Une autre politique énergétique basée sur le concept de « Néga watt » est possible. Il est toujours plus simple et plus efficace d’économiser et de diminuer notre consommation d’énergie que de s’efforcer à produire toujours plus.
Loin des chantiers pharaoniques, coûteux et parfois délirants, l’efficacité et la sobriété énergétiques impliquent de gérer différemment notre mobilité en adaptant nos modes de transport, de relocaliser nos activités économiques et de produire autrement. La rénovation des logements, l’aménagement équilibré des territoires, le renforcement des réglementations existantes de réduction des consommations des appareils et des véhicules sont des politiques gagnantes – gagnantes : économies d’énergies, réduction de la pauvreté énergétique et création d’emplois.
Les énergies renouvelables sont la solution d’avenir. Un bouquet énergétique judicieux et une production décentralisée, également répartie sur les territoires, permettront d’assurer une production énergétique de proximité garante d’un approvisionnement non tributaire des aléas commerciaux, politiques et géologiques.
La France, dominée par les lobbys du tout pétrole et du tout nucléaire, ne consacre qu’une part infime de ses crédits de recherche publics à l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables. La fin de notre accoutumance à l’or noir sera soit imposée brutalement par la réalité du pic pétrolier et organisée de manière autoritaire par en haut, soit assumée par en bas, par une société mobilisée. Les écologistes choisissent cette solution douce et durable, celle de l’engagement déterminée pour une stratégie de transition énergétique.