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Tribune

Une situation ironique qui prouve l’existence de Dieu

Le changement climatique, l’avion, Dieu : une inattendue chaîne logique...


Personnellement, je suis athée, chacun son truc.

Mais la dimension psychologique de la destruction de la planète prend un tour tellement irréel que j’en viens à douter... pour le plaisir de développer un argument.

Autour de moi, famille, amis et ex-collègues écologistes savent ce que je pense en ce qui concerne la responsabilité individuelle des citoyens des pays riches. Néanmoins, ils semblent saisis d’un besoin frénétique de prendre l’avion qui, rappelons-le, d’un point de vue rationnel, est la machine la plus efficace pour détruire le climat, et donc détruire des dizaines de millions d’êtres humains dans les années qui viennent.
En effet, quand un champ est sous un mètre d’eau, ou grillé par le soleil, les gens qui ne peuvent pas se nourrir meurent, il n’y a pas besoin d’être Einstein pour comprendre ça.

Le plus étonnant est qu’un nombre important parmi mes proches est d’accord avec l’analyse selon laquelle la destruction du climat de la planète n’est pas d’abord un problème de petits oiseaux (ça l’est aussi), mais qu’il s’agit d’un génocide. Et ils font coexister cette connaissance de la conséquence de leur acte avec l’acte lui-même - en l’occurrence financer le brûlage de pétrole dans la stratosphère, ce qui permet un forçage radiatif maximum, et une destruction maximum. Bonjour Orwell.

C’est là que je me dis - encore une fois le temps d’une petite séance de « thought experiment » - que, finalement, une situation aussi bourrée d’ironie prouve l’existence de Dieu. Cela ne peut être le résultat du hasard.

Oui, Dieu existe, et il a voulu tester ses créatures. Il savait qu’à un moment donné de leur histoire, la force mécanique leur permettrait de détruire la nature. Il a donc décidé que parmi les différentes destructions, celle du climat qui rend la vie possible sur la planète serait la pire. Mais, ironie suprême, il décida de faire en sorte que cette forme de destruction soit évaluable relativement facilement.
Autant il est difficile de savoir à quel point l’on est responsable, individuellement, des coups portés à la biodiversité, de la pollution toxique des océans, etc., autant il est assez facile de mesurer la destruction dont on se rend responsable par rapport au climat. Cela s’évalue en kg de CO2, ou de CO2 équivalent si l’on prend en compte les autres gaz à effet de serre.

Dernier élément du jeu cruel mis en place par Dieu, la machine appelée « avion ». Elle n’est pas nécessaire à la vie, contrairement à la nourriture, le logis ou la musique. C’est en quelque sorte la chaise à porteur du XXIe siècle, si vous êtes dedans, vous êtes important. Et c’est une machine qui, au-delà de son aspect symbolique, fait exploser le bilan carbone d’une personne. Si vous êtes nihiliste et souhaitez la catastrophe climatique, pour envoyer plus d’une tonne de CO2 dans l’atmosphère en quelques heures, il n’y a rien de « mieux ». A part mettre le feu à une forêt, mais le risque de se faire pincer n’est pas nul.
Alors que, en 2010, prendre l’avion est encore licite, même si cela fait participer à la préparation scientifique d’un génocide.

Dernier élément de la pièce de théâtre qui va s’ouvrir sous vos yeux, Dieu savait qu’il y aurait parmi ses créatures certaines d’entre elles qui se présenteraient comme étant particulièrement « sensibles » à la préservation de la nature.

Maintenant, la pièce peut commencer. Le test machiavélique imaginé par Dieu est prêt. Est-ce que les ceusses et celles qui prétendent se soucier de la planète vont... décider d’utiliser la machine dont ils n’ont pas besoin et qui est la plus efficace à détruire ladite planète ?
Pour ce qui concerne mon entourage proche, la réponse est presque unanime : oui.


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