Chronique — Jardin sans pétrole
Alerte à l’altise, qui boulotte les salades du jardin sans pétrole

Durée de lecture : 3 minutes
Jardin sans pétroleL’altise est un petit insecte grand amateur de crucifères. Son réveil au Jardin sans pétrole laisse les jardiniers démunis, et sans salade.
Avec toutes ces limaces, on a évité de pailler ! Juste quelques feuilles de bambou venant des tuteurs fabriqués pour les tomates et les fèves. Cela n’a pas suffi à protéger la terre des fortes précipitations, avec pour conséquence la formation d’une croûte bien dure en surface que même les herbes folles n’ont pas percée. Après les limaces et la sécheresse, c’est la pluie battante qui a eu raison de nos semis d’arroche rouge, d’amarante verte, de scarole.

Et cette sécheresse soudaine a réveillé l’insecte le plus difficile à réguler dans un jardin de week-end. Il s’agit d’une altise, un tout petit coléoptère qui appartient à la même famille que la chrysomèle du romarin ou le doryphore, qui boulottent le feuillage des pommes de terre. D’à peine quelques millimètres de longueur, doté de pattes arrière qui lui permettent de sauter dès qu’on le dérange, l’altise naît et grandit dans la terre sous les feuilles mortes, les tas d’herbe ou les mottes de terre. Il sort de son hibernation vers la mi-mai à la recherche de sa plante hôte. L’altise qui a poinçonné notre roquette s’intéresse aux crucifères. D’abord à la ravenelle ou la cardamine, fleurs sauvages connues de cette famille botanique. Mais pour pondre, la femelle cherche de meilleurs plants, de roquette, chou Mizuna ou chou, au pied desquels elle pourra pondre ses œufs par dizaines. Pour cela, elle peut voler sur plus d’un kilomètre, aidée par les petites ailes cachées sous ses élytres. Une dizaine de jours plus tard, les larves commencent à ronger les racines et une douzaine de jours plus tard encore, parvenue à l’âge adulte, les attises s’attaquent aux feuilles… Toute la roquette qui avait miraculeusement germé est criblée de minuscules trous. Autant dire que l’animal ne fait pas dans la dentelle !
Le moyen le plus efficace reste les filets anti-insectes
Les parades sont difficiles : poudre de roches ou d’œuf, décoction d’ail et de piment… les retours d’expériences sont mitigés. L’arrosage matinal du feuillage et l’écroutage régulier de la terre autour des plantes agacent le coléoptère. Le moyen le plus efficace reste les filets anti-insectes que nous ne nous sommes pas autorisés à employer dans notre jardin sans pétrole…
Il y a encore plein de fraises à rapporter. Nous les avons rangées méticuleusement dans des godets de récupération tapissés de feuilles avant de les placer dans nos sacoches en séparant les étages avec de larges feuilles de cardon. C’est ainsi chargés de fraises que nous avons roulé vers la gare du RER direction Paris… sans salade. Une première en cette saison depuis que nous avons ce lopin.
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