Au jardin sans pétrole - La petite histoire et le grand voyage du coqueret du Pérou

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Jardin sans pétroleLe froid subi fait craindre pour la santé de cette plante annuelle originaire d’Amérique latine, dont l’arrivée en France a été motivée par la curiosité.
Coiffés de bonnets et gantés, emmitouflés dans nos parkas, nous pédalons dans la grisaille de novembre jusqu’au jardin. Le froid est arrivé si brusquement ! Il n’a été que de passage, mais le pied de coqueret du Pérou que nous avons planté en mai n’est pas censé supporter le gel. Or, dans la nuit de samedi à dimanche le thermomètre est passé en-dessous de zéro.
Le coqueret du Pérou, en latin Physalis peruviana, est une grande plante annuelle dont les rameaux se couvrent de petites fleurs aux pétales jaunes maculées de pourpre, puis de petits fruits ronds, orangés, qui mûrissent à l’abri d’une cloche végétale et nervurée. Une de ces créations de la nature qui vous laissent admiratif de plaisir. J’avais goûté une confiture de ce fruit lors d’une fête des plantes en pays berrichon, il y a des années, et le goût acidulé ne m’a pas quittée. D’où cette plantation un peu décalée dans le jardin sans pétrole.
Cousine en robe de la tomate cerise
Originaire du Pérou et plus généralement de la chaîne andine, il a été cultivé par les premiers colons du cap de Bonne-Espérance et d’autres pays d’Afrique sud-tropicaux au début du XIXe siècle, puis par ceux de Nouvelle-Zélande, de Tasmanie et d’Australie.

Il n’est arrivé en France que tardivement, cultivé dans un jardin du petit village de Crosnes-en-Essonne, à quelques kilomètres de notre lopin. Auguste Paillieux, industriel renommé dans la production du tulle de coton, était aussi jardinier amateur. À l’heure de la retraite, il créa ce « potager d’un curieux » avec l’intention d’y cultiver des plantes potagères du monde entier (mais surtout des colonies françaises).
Pour se procurer des graines et expérimenter ces nouvelles cultures, il s’était associé à Désiré Bois, éminent botaniste du muséum d’histoire naturelle de Paris et membre de la société d’acclimatation. Ainsi, en 1878, ils reçurent des graines d’un de leurs correspondants de l’administration française, directeur du pénitencier agricole de Dumbéa, en Nouvelle-Calédonie. Ce dernier n’en connaissait pas le nom mais appréciait la saveur des fruits de cette solanée, cousine en robe de la tomate cerise !
Désiré Bois commença son enquête pour identifier ladite plante et découvrir son nom et son origine dans les Mémoires de la société botanique de Cherbourg, décrite par Charles Jouan, un capitaine au long court de Saint-Vaast-la-Hougue…
Elle ne semble pas avoir souffert, pour l’instant, et je ne peux pas faire grand-chose pour lui éviter de prendre froid, si ce n’est de la protéger avec un peu de paille.