En bref — Climat : de COP en COP
« Comment osez-vous ? » À l’ONU, Greta Thunberg fustige les politiques

Durée de lecture : 6 minutes
Climat : de COP en COP Huit jours pour le climatGrèves pour le climat, marches partout dans le monde, Assemblée générale des Nations unies sur le réchauffement, rapport du Giec sur les océans… À partir du 20 septembre, des événements majeurs marquent la mobilisation pour lutter contre le changement climatique. Un moment essentiel, que Reporterre a décidé d’accompagner par une série d’articles de fond, sous le sigle « Huit jours pour le climat ».
Lundi 23 septembre se déroulait, à New York, le sommet « action climat » de l’ONU. Sous l’impulsion de son secrétaire général, António Guterres, l’organisation internationale souhaitait pousser les dirigeants du monde entier à respecter leurs engagements pris lors de l’Accord de Paris et à aller encore plus loin dans la lutte contre le changement climatique.
Le bilan de ce sommet s’est avéré décevant : aucun gros émetteur de gaz à effet de serre n’a pris d’engagement fort ou nouveau pour le climat. Seul un groupe d’une soixantaine de pays en développement a répondu à l’appel d’Antonio Guterres et se sont engagés à accroître leurs efforts d’ici à 2020.
« Tout a un coût, mais le coût le plus élevé est celui de l’inaction, avait annoncé António Guterres en ouverture de sommet. Cela coûte plus cher de construire des centrales à charbon et subventionner fossiles. Le moment est venu de taxer le carbone et non plus les salaires »
L’activiste suédoise Greta Thunberg lui a succédé à la tribune et a réprimandé les dirigeants de la planète pour leur inaction contre le changement climatique. « Je ne devrais pas être là, je devrais être à l’école, de l’autre côté de l’océan », a-t-elle déclaré, avec fureur, depuis sa chaise. « Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. »
« Je fais pourtant partie de ceux qui ont de la chance, a-t-elle poursuivi. Les gens souffrent, ils meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez, c’est d’argent, et des contes de fées de croissance économique éternelle ? Comment osez-vous ! »
« Le monde se réveille, et le changement arrive, que cela vous plaise ou non », a conclu Greta Thunberg, très applaudie dans la grande salle de l’Assemblée générale.
Des dirigeants se sont ensuite succédés derrière le pupitre. Le premier ministre indien Narendra Modi a annoncé une augmentation des capacités des énergies renouvelables, en Inde, à 175 GigaWatt (GW) d’ici à 2022, et 450 GW à l’avenir. La chancelière Angela Merkel a présenté le plan climat qu’elle a dévoilé le vendredi 20 septembre, consistant à réduire les émissions allemandes de CO2 de 55 % d’ici 2030, par rapport à 1990. Donald Trump, président des Etats-Unis, était finalement présent.
Le président français Emmanuel Macron a appelé, de son côté, à renflouer le Fonds vert pour le climat, au bénéfice des populations les plus vulnérables au changement climatique. Il a annoncé un total de 7 milliards de dollars déjà récoltés, sur un objectif de 10 milliards. La France a précisé que sa contribution serait de 1,5 milliards, soit un doublement de sa contribution au Fonds vert, à 80 % sous forme de dons.
Quant aux mobilisations de la jeunesse, Emmanuel Macron a déclaré : « On a besoin de la jeunesse pour nous dire d’aller plus vite, pour nous aider à changer les choses, et nous aider à mettre la pression sur ceux qui ne veulent pas bouger, Etats, financeurs et entreprises. » Quelques heures plus tôt, il avait pourtant invité les jeunes à faire « de grandes opérations de ramassage sur les rivières ou les plages corses » tous les vendredi, considérant que « défiler tous les vendredis pour dire que la planète brûle, c’est sympathique, mais ce n’est pas le problème ».
Sur le commerce, faisant fi du CETA, il a dit : « On ne peut plus avoir un agenda commercial qui soit contraire à notre agenda climatique. Je ne suis plus favorable à renforcer les échanges avec des pays en contradiction avec l’accord de Paris. »
Le Président de la République a également marqué son soutien à un objectif climatique européen de 55 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 par rapport à 1990 (au lieu de 40 %), tel que proposé par la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Parlement européen. Le Réseau Action Climat (Rac), saluant cette déclaration, a rappelé que, « pour limiter le réchauffement global à 1,5°C et éviter de très graves impacts humains, l’Union européenne devra aller plus loin et réduire de 65 % ses émissions d’ici à 2030. »
Quelques heures plus tôt, peu avant l’ouverture du sommet, la Russie avait signé une résolution gouvernementale consacrant son adhésion définitive à l’Accord de Paris sur le climat.
Source : Reporterre avec :
. BBC
. Le Parisien
. Réseau Action Climat
. Isabelle Hanne (Libération) sur Twitter
. Audrey Garric (Le Monde) sur Twitter
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