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En brefPollutions

Dépôt de plainte après l’énorme incendie industriel près de Marseille

Incendie du site de stockage et de tri à Saint-Chamas.

Le 26 décembre 2021, dans les Bouches-du-Rhône, l’entrepôt du centre de tri de Saint-Chamas disparaissait dans les flammes. Près de trois mois après l’incendie, Zero Waste France dépose plainte contre l’exploitant auprès de la procureure de la République du tribunal de Marseille. L’exploitant, c’est la société Recyclage Concept 13, locatrice de l’installation, qui disposait d’une autorisation préfectorale lui permettant de stocker un petit volume de déchets non dangereux. Mais l’association a constaté des manquements quant à la réglementation administrative et environnementale et demande l’application de sanctions financières conséquentes.

Il semblerait en effet que la société n’effectuait aucune opération de tri des déchets qu’elle recevait. Elle se contentait simplement de les accumuler dans l’entrepôt, qui a fini par prendre feu. Autre irrégularité pointée du doigt : l’entreprise, autorisée à stocker 990 mètres cubes de déchets, en entassait entre 20 et 30 fois plus… jusqu’à ce qu’ils touchent le plafond. Rien ne permettait par ailleurs d’attester de la non dangerosité de ces derniers.

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En avril 2021, le maire Dider Khelfa dénonçait déjà ces dérives à l’État. S’en était suivi, au début de l’automne, une inspection de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Trois mois plus tard, le 14 décembre 2021, la préfecture avait fini par mettre en demeure la société d’évacuer les « volumes de déchets excédentaires » pour « limiter le risque d’incendie ». Recyclage Concept 13 disposait d’un mois pour se mettre en conformité… Douze jours ont suffi pour que le bâtiment parte en fumée.

Des pics de pollution comparables à Pékin

Les conséquences environnementales de l’incendie, qui a perduré pendant un mois et demi, sont dramatiques aux yeux de l’association : « L’accident a constitué une pollution néfaste pour la qualité de l’air, la qualité de l’eau et la biodiversité alentour en raison des émissions de particules fines et des produits chimiques rejetés. » Les habitants les plus fragiles du secteur étaient également invités à ne pas sortir de chez eux lors des pics de pollution, qui ont parfois atteint un niveau qu’on observe à Pékin, une des villes les plus polluées au monde.

Par son action en justice, Zero Waste France entend révéler les limites d’un modèle tourné vers la production et la gestion de déchets, plutôt que la prévention : « Une réduction en amont des déchets permettrait de diminuer les besoins de nouvelles installations de tri et de gestion de déchets (...) et de diminuer les quantités de déchets susceptibles d’y être stockées. » Elle réclame, enfin, un alourdissement des sanctions et du montant des amendes infligées aux exploitants travaillant dans des conditions illégales.

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