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Transports

Des habitants des Alpes-Maritimes campent contre l’augmentation du trafic routier

Depuis le 11 juillet, le collectif des habitants de la vallée de la Roya, dans les Alpes-Maritimes, a créé un camp de résistance. Ils sont cinquante à se relayer pour lutter contre le doublement du tunnel de Tende, qui multiplierait les passages de voitures et de poids lourds dans la vallée.


Suite à de nombreuses marches, réunions, et manifestations, le collectif des habitants de la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) a choisi de s’organiser en campement d’occupation. Un moyen d’informer la population et de se faire entendre des pouvoirs publics, muets face à leurs revendications. Revendications de longue date puisque le projet date de 2007. Des habitants de tout âge et de toute profession se relaient ainsi autour de la Chapelle de la visitation, à quelque cinq kilomètres du tunnel.

Les travaux du tunnel franco-italien de Tende ont commencé en juillet 2014. Il s’agissait alors de poser des drains dans le tunnel existant afin de le purger des infiltrations d’eau. Mais cela fait environ un mois que le percement du tunnel a débuté. C’est à la dynamite que les entreprises italiennes à qui ont été confiés les travaux forent le deuxième tube du tunnel. L’objectif : en faciliter et en sécuriser l’accès.

Trop étroit, le tunnel actuel ne permet pas le croisement de deux véhicules. L’accès se fait par alternance, avec des feux de chaque côté. Après la construction du nouveau tube, les deux voies se croiseront à l’intérieur de ce même tube, le temps que l’ancien tunnel soit remis aux normes. A la fin des travaux, prévue dans trois ans, chaque tube accueillera une seule voie.

Manifestation dans le tunnel

Mais certains habitants ont peur que le nouveau tunnel attire de nombreux poids lourds sur cette petite route départementale. Pour Leonor Hunebelle, habitante de la vallée de la Roya, qui connaît fréquemment des épisodes de pollution aux particules fines, « ce projet ne fera qu’ajouter des émissions, dans un endroit qui subit déjà l’influence de la pollution industrielle et des transports ». Mme Hunebelle est administratrice de l’association Roya expansion nature et vit à Saorge. Elle participe activement à la vie du camp. Le tunnel de Tende, qui assure la liaison entre la France et l’Italie, voit déjà passer de nombreux véhicules, notamment des poids lourds. « Rajouter du trafic ici, c’est un hérésie », affirme Mme Hunebelle.

Trois communes de montagne sont traversées en leur cœur par la route d’accès au tunnel : Tende, Breil-sur-Roya et Fontan. La route traverse trois sites Natura 2000, et passe par la périphérie du parc national du Mercantour. Cependant, aucun contournement n’est prévu.

Pour le collectif des habitants, la solution est simple : mettre aux normes le tunnel actuel. « On n’a rien contre la sécurité, au contraire, mais il n’est pas nécessaire d’ajouter un deuxième tube », juge Leonor Hunebelle. Plusieurs instances politiques sont aussi opposées aux travaux. Le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui participe au tiers du financement du projet, a récemment fait marche arrière en refusant de budgétiser sa part. Il demande un moratoire pour finalement sécuriser le tunnel sans le doubler. En février dernier, le village de Breil-sur-Roya a également voté à l’unanimité une motion contre le projet.

-  Télécharger la motion :

Mais le maire de Tende, Jean-Pierre Vassallo, n’est pas du même avis. « Ce tunnel ne respecte pas les normes européennes de sécurité, il devrait être fermé actuellement », dit-il à Reporterre. « Sécuriser le tunnel existant sans en construire un deuxième n’est pas possible, il faudrait fermer la route pendant quatre ans ! » Mais M. Vassallo ne ferme pas les yeux sur la question du trafic. Pour lui, la solution se trouve auprès de la Commission inter-gouvernementale, qui doit réglementer le trafic des poids-lourds. « J’ai envoyé plusieurs courriers au préfet qui vont dans ce sens, il faut limiter la circulation des poids-lourds, en réglementant le tonnage et les gabarits », explique-t-il. « C’est le seul moyen d’apaiser les gens. »

En attendant, le camp continue.

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