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En brefClimat

En France, baisse « en trompe l’œil » des émissions de CO2

Après un recul historique de - 9,6% en 2020, lié aux confinements, un net rebond des émissions de CO2 avait été observé en 2021, avec + 6,4 %.

Les émissions de gaz à effet de serre ont reculé de 2,5 % en 2022, en France. Le 3 avril, le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) a publié les chiffres provisoires de l’inventaire des émissions françaises. Résultat : celles-ci s’élèvent à 408 millions de tonnes équivalent CO2. Autrement dit, en adéquation avec la Stratégie nationale bas carbone, qui avait donné une tranche indicative à 410 millions de tonnes pour l’an passé.

« Ces chiffres [...] traduisent les effets de notre politique climatique de ces derniers mois », a réagi la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Alors peut-on réellement s’en enthousiasmer ? Non, rétorque sur Twitter Anne Bringault, du Réseau Action Climat, qui rappelle que, pour réparer le préjudice écologique dont il est responsable, « le tribunal administratif de Paris avait enjoint l’État à prendre des mesures pour diminuer davantage les émissions du fait des dépassements des années précédentes. Cela n’a pas été fait. »

Par ailleurs, elle précise que cette baisse « en trompe-l’œil » est « due en grande partie à des conditions conjoncturelles ». Dans le secteur résidentiel et tertiaire, par exemple, les émissions ont chuté de 15 % pour atteindre le niveau le plus bas depuis 1990. Pour le Citepa, le « contexte de crise énergétique, avec une hausse des prix du gaz et des produits pétroliers, des appels à la sobriété énergétique auprès des ménages et des entreprises, un recours accru au bois et un hiver très doux » sont les principales raisons de ce décrochage. Traduction : aucune baisse pérenne n’est pour le moment observée.

Dans le secteur des transports, une hausse de 2 % des émissions

Du côté des mauvais élèves, les rejets carbonés du secteur de l’énergie ont augmenté de 8 % en 2022. En cause : l’arrêt d’un nombre inédit de réacteurs nucléaires, dont la conséquence fut un recours plus important aux centrales à gaz et à charbon. Quant au secteur des transports, principal émetteur en France avec 30 % des émissions nationales, il enregistre également une hausse de 2 % par rapport à 2021.

Pour tenir son objectif de neutralité carbone d’ici 2050, la France doit accélérer. En juin 2022, le Haut Conseil pour le climat rappelait que le rythme annuel de réduction des émissions devait doubler, pour atteindre une vitesse de croisière de -4,7 % par an entre 2022 et 2030. Le compte n’y est pas.

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