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La Commune libre de Tolbiac prospère joyeusement

La Commune libre de Tolbiac a pris son rythme. L’ambiance guerrière des premiers jours, réactivée par l’irruption des CRS – repoussée – dans la soirée du 12 avril, est retombée. À présent, l’antenne de Paris 1 bouillonne d’autres projets.

  • Paris, reportage

Tolbiac, mardi 17 avril, 24e jour d’occupation. Lieu universitaire oblige, c’est d’abord à l’invention d’autres modes de production des savoirs que s’attaque l’occupation. Le 29 mars déjà, les 12 h du Savoir voyaient le jour, en priorité consacrées à l’information autour de la loi ORE et de Parcoursup. Aujourd’hui, l’Université ouverte a bien changé, comme le dit Leïla, une occupante chargée du programme des séances : « On a passé les deux dernières semaines à organiser des ateliers de décryptage de la réforme. Maintenant, on est passé à autre chose. » Parmi ces nouveautés, la venue de nombreuses personnalités, qui entendent débattre d’un thème : l’historienne Mathilde Larrère autour de 1848, la militante racisée Assia Traoré à propos des violences policières dans les quartiers, la députée France insoumise Clémentine Autain sur Mai 68… L’appartenance partisane de cette dernière aurait pu poser problème. Cependant, comme le précise Leïla, « on vote la personne, non le parti politique. Derrière Clémentine Autain, il y a une histoire personnelle qui a convaincu tout le monde indépendamment de ce qu’on pense de la France insoumise. »

Toutefois, l’occupation ne concerne pas que les étudiants. Dans l’amphi K, l’ex-« amphi silencieux » dédié au travail scolaire des occupants, se tenait ce mardi 17 avril l’assemblée générale des personnels enseignants et administratifs de Paris 1. Même si l’on n’y retrouve pas les tambours et le chahut qui rythment les AG étudiantes, l’ambiance, ponctuée de rires, de blagues et d’applaudissements, se place sous le signe de la franche camaraderie. Les questions relevaient des actions possibles du personnel. Que faire des partiels, « pierre d’achoppement des mouvements étudiants » ? L’AG a tranché : « Les examens seront reportés jusqu’au retrait de la loi ORE. » De Parcoursup, « outil aliénant en soi » ? Ne pas l’utiliser. D’autres interrogent l’investissement des personnels dans l’occupation, afin de « soulager des étudiants épuisés depuis deux semaines ». Une enseignante propose, en vue des vacances prochaines, un planning où indiquer ses disponibilités pour épauler les occupants : « Que chacun fasse le peu de choses qu’il puisse faire. »

Certains, enfin, se montrent aussi virulents que les orateurs étudiants. Alors que Georges Haddad, président de l’université, décrivait encore ce matin Tolbiac comme un lieu où règnent « la violence, la drogue, le sexe même » et où « des bandits attendent le moment opportun pour [s’en] emparer », une personne fustige l’« inconséquence » et l’« irresponsabilité » de ses propos. Prenant exemple sur les facultés de Nanterre et de Lyon 2, elle dit que « l’on devrait appeler sa démission. Je dis pas qu’il faut le faire, je dis qu’il faut le suggérer. »

La Commune libre de Tolbiac s’étend néanmoins au-delà du monde universitaire. Installée dans le quartier populaire des Olympiades, elle multiplie les prises de contacts avec les habitants des barres d’immeubles, qu’elle invite à participer à l’autogestion. Leïla évoque ainsi un homme du quartier animant un cours de danse à la fac. Lucas [*], un étudiant si investi dans l’occupation qu’il n’est « pas rentré chez [lui] depuis vingt-quatre jours », justifie les ambitions de l’Université ouverte : « Nous désirons inclure les riverains, en leur donnant la possibilité d’être responsables dans l’autogestion de Tolbiac. On est au cœur d’un quartier populaire : la dalle des Olympiades à côté, plus loin les tours du XIIIe… Il ne faut pas s’en couper. Au contraire, on doit réinscrire la fac dans sa géographie. On cherche à désacraliser l’université. »

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