Chronique — Jardin sans pétrole
La grenouille rousse s’invite au Jardin sans pétrole

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Jardin sans pétroleAu Jardin sans pétrole aussi, c’était la rentrée des jardiniers. Qui appréhendaient les effets de la sécheresse pendant leur absence, mais les dégâts sont mineurs.
Nous ne nous sommes pas absentés si longtemps ! 17 jours exactement. Pourtant, sur le chemin du retour des terres aveyronnaises de Jean-Marie, alors que nous traversons la plaine de la Beauce entre Orléans et Étampes, la joie et l’inquiétude s’emparent de moi. Que s’est-il passé pendant notre absence marquée par une sévère canicule ? Comment les plantes ont-elles survécu à la chaleur estivale ? Nous arrivons en fin de journée à l’heure où la lumière devient bleue. Et c’est la joie qui gagne avec une foultitude de tomates, les pêches qui se touchent sur les branches, des courgettes et du raisin.
En prenant le temps, nous avons pu observer les effets de la sécheresse et des fortes températures. Sur la clôture, un bon nombre de ronces, à l’avant-garde du soleil matinal, a viré au brun sépia. Juste derrière, les framboisiers aussi, même si les pousses de l’année ont la tige encore souple et vivante. Les consoudes ont pris leur aise au milieu des fraisiers, étalant un feuillage vert insolent. Leurs racines, qui peuvent descendre à plus 1,50 mètre de profondeur, captent l’eau qui circule sous la terre. Elles remontent aussi quantité de minéraux, dont le calcium, le phosphore et la potasse, essentielle à la fructification et donc à la formation des fraises l’année prochaine. C’est sans doute à l’ombre de leur luxuriance que les fraisiers doivent leur survie. En regardant d’un peu plus près l’état des pieds, surprise ! me voici nez à nez avec une grenouille pas farouche… ou bien anesthésiée par la chaleur. J’ai pu la prendre en photo et l’envoyer à un naturaliste, spécialiste de la flore et la faune d’Ile-de-France. La réponse ne s’est pas fait attendre : « Ta “bête” est une magnifique grenouille rousse (Rana temporaria), adulte. La chance : elle va limiter tes ravageurs de… fraisiers ! » Merci Xavier Japiot et bienvenue à la grenouille rousse, qui nous l’espérons, aura la patience d’attendre le retour des limaces.

Notre production de tomates de plein air est un succès. Nous avons cueilli des kilos de noires de Crimée et les premières green zébras début août et maintenant nous avons aussi des kilos de cerises brin de muguet, ananas, dites de Montlhéry, spéciales Notre-Dame-des-Landes. Le système de goutte-à-goutte a bien fonctionné, à un bémol près. Sur deux des pieds, les tomates ont le cul noir. Dit comme cela, c’est un peu trivial, mais plus facile à visualiser que la nécrose apicale qui se manifeste par une lésion brune, voire noire, dans la partie basse du fruit. Pour une fois, ce n’est ni un champignon ni un insecte, mais une simple carence de calcium due à la sécheresse. J’arrose copieusement les deux pieds de tomates souffrant de stress hydrique et collecte une brassée de feuilles de consoude. J’en ferais une tisane pour mes tomates.
