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Tribune

La monnaie locale, ça marche !

La monnaie du Pays basque nord, l’Eusko, a été lancée il y a tout juste un an, le 31 janvier 2013. Elle est en pleine forme, et est devenue la plus importante des vingt monnaies locales en circulation dans l’État français, et sans doute la deuxième ou troisième d’Europe.


Le plus grand succès de l’eusko a sans doute été d’avoir été adopté par des centaines de personnes d’horizons très différents. Au lancement, le 31 janvier 2013, nous étions 800 utilisateurs et 192 chefs d’entreprises, commerçants, paysans et professions libérales à avoir fait le pari d’utiliser l’eusko. À la fin de l’année nous étions plus de 2 700 utilisateurs et un peu plus de 500 entreprises et associations !

L’eusko, c’est pour tout le monde !

Selon une enquête menée fin 2013, les particuliers ont d’abord adhéré pour favoriser les commerces de proximité (33 %), pour dynamiser l’économie du Pays Basque Nord (30 %), pour favoriser les pratiques éthiques (17,67 %), et pour promouvoir la langue basque (14 %). Des raisons différentes d’adhérer, mais chacun en utilisant l’eusko soutient l’ensemble de ces objectifs.

De plus, l’eusko crée des solidarités concrètes. Par exemple, selon un sondage réalisé fin 2013, 25 % des utilisateurs de l’eusko ont poussé la porte d’un nouveau commerce parce qu’il acceptait l’eusko, et 62% ont découvert deux commerces ou plus. Soit 87% des utilisateurs qui sont devenus de nouveaux clients pour au moins un commerce.

De leur côté, les commerces et entreprises du réseau, quand ils changent des eusko en euros, paient 5% de commission qui financent les 3% de dons aux associations. Et ces dons aux associations sont versés en eusko, ce qui les incite à les utiliser dans les commerces du réseau. Etc.

90 % de réadhésion des entreprises

Le Code monétaire et financier français impose que tout utilisateur de l’eusko soit membre de l’association Euskal Moneta, et l’adhésion se renouvelle chaque 1er janvier.

Côté entreprises, plus de 90 % ont renouvelé leur adhésion pour 2014 ou sont en train de le faire, seuls 10 % ne renouvelant pas (près de la moitié d’entre eux parce qu’ils ont cessé leur activité). Ce fort taux de réadhésion montre que l’eusko répond aux attentes des entreprises. Elles peuvent trouver des solutions pour réutiliser l’eusko : elles réutilisent en moyenne 71 % des eusko qu’elles reçoivent, pour payer leurs fournisseurs ou leurs salaires.

Selon une enquête menée auprès d’elles fin 2013, 87 % n’ont ainsi pas eu à reconvertir d’eusko en euros. De plus, 93% n’ont rencontré aucune difficulté au niveau de leur comptabilité, 87 % estiment que les défis qu’elles doivent choisir pour l’environnement et l’euskara ne sont pas difficiles à relever, et 35 % ont déjà privilégié le choix de fournisseurs locaux pour réutiliser leurs eusko, ce qui constitue une relocalisation concrète de l’économie, et renforce les échanges entre entreprises du territoire.

Un nouveau défi : changer plus régulièrement

Côté particuliers, les réadhésions sont en cours (à partir de 5 euros, ou 5 eusko) dans n’importe quel des 20 bureaux de change du réseau. Pour continuer à bien se développer en 2014, l’eusko a maintenant besoin que chaque adhérent prenne l’habitude de changer ne serait-ce que 20 ou 30 eusko par mois, et plus si possible.

Pour faciliter l’utilisation de l’eusko, d’ici quelques semaines l’annuaire de l’eusko devrait être imprimé, et les bénévoles et salariés d’Euskal Moneta travaillent aussi à de nouvelles façons des changer des euros en eusko. Mais en attendant, il faut continuer à passer régulièrement au bureau de change, ou alors demander à son employeur de rejoindre le réseau pour recevoir chaque mois une partie de son salaire en eusko !

Chiffres clés

343 538 eusko mis en circulation en un an, depuis le 31 janvier 2013.
98 414 eusko reconvertis par les entreprises.
Donc 245 124 eusko en circulation actuellement.
Et un taux de réutilisation des eusko par les entreprises de 71,35%.

Les 3% : plus de 10 000 € de dons (versés en eusko) à des associations, ces dons étant générés par les utilisateurs de à chaque change d’euros en eusko, et financés par les 5% de commission payés par les entreprises lorsqu’elles reconvertissent des eusko en euros.

Le Fonds Eusko-Herrikoa : 210 000 euros à investir dans des projets structurants pour le Pays Basque et répondant aux objectifs de l’eusko. 30 000 euros ont déjà été investis auprès des entreprises Hodei et Kom’on. Rappel : pour chaque euro changé en eusko, la société d’investissement solidaire Herrikoa prend un euro de ses réserves pour abonder le Fonds Eusko-Herrikoa.

Paroles de chefs d’entreprise

Marie-Hélène Othondo, Indarra informatique à Mauléon.
« J’ai adhéré à l’Eusko parce que c’est une démarche collective, basée sur la solidarité de tous les acteurs de la vie économique en Pays Basque, du producteur au consommateur, pour accroître notre croissance et permettre la création et/ou le maintien des emplois. »

Jérôme Etchebarne, Restaurant Etchebarne à Mendionde.
« L’eusko, finalement, c’est très simple : pas de double caisse, pas de double comptabilité, je déclare tout mon chiffre d’affaires en euros. Je prévois juste un petit fonds de caisse en eusko pour rendre la monnaie. Et puis c’est un paiement plus chaleureux. »

Patricia Paris, Alimentation Bar Paris à Saint Jean Pied de Port.
« Avec l’eusko, j’ai vu arriver de nouveaux clients, et la plupart reviennent maintenant régulièrement. Les bénéfices que ça m’apporte compensent les 5% de commission que je paie sur la partie des eusko que je dois changer en euros. Et puis il vaut mieux avoir un client en plus et payer un peu de commission que de ne pas avoir ce client du tout ! »

Austin Darraidou, Hôtel Restaurant Euzkadi à Espelette.
« Je n’ai aucun problème à réutiliser les eusko que me donnent mes clients car Euskal Moneta a fait entrer plusieurs de mes fournisseurs dans le réseau. Je me paie également un peu en eusko et je n’ai pour l’instant pas converti d’eusko en euros. Continuons... »

Laurent Lagahe, Antenne Plus à Bidart.
« Je ne parle pas basque, mais ce n’est pas un problème, car Euskal Moneta m’aide à traduire mes étiquettes en basque. J’ai même décidé de prendre 20 heures de cours pour apprendre quelques mots, c’est pris en charge par la formation professionnelle. »

Franck Patissier, Hodei, Solution Alternative Numérique à Anglet.
« Avec l’eusko, on contribue au développement économique des entreprises partenaires du réseau, quelque soit leurs domaines d’activité. »

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