Le ministère de l’Écologie, champion des cabinets de conseil

Les locaux du ministère de la Transition écologique situés dans le quartier de la Défense, près de Paris. - © P-O. C./ Reporterre
Les locaux du ministère de la Transition écologique situés dans le quartier de la Défense, près de Paris. - © P-O. C./ Reporterre
À défaut d’être le champion de l’écologie, le ministère de la Transition écologique (MTE) peut se targuer d’un autre titre : celui du ministère qui a eu le plus recours aux cabinets de conseil extérieurs au premier semestre 2022. Comme l’a repéré Contexte, avec 44 millions d’euros dépensés entre le 1ᵉʳ janvier et 30 juin (en raison notamment de « prestations d’appui pour le déploiement de l’éolien en mer »), le MTE devance le ministère de l’Intérieur (23,5 millions d’euros), le ministère de l’Économie et des Finances (12,7 millions) et des Solidarités et de la Santé (9,1 millions).
Si l’on se concentre sur l’ensemble de l’année 2021, le MTE est également sur la première place du podium avec 60 millions de dépenses fléchées vers des cabinets de conseil. Au premier semestre 2022, le ministère aujourd’hui dirigé par Christophe Béchu a donc quasiment autant dépensé que sur une période de douze mois l’an dernier.
Publié lundi soir par Bercy — et depuis plus disponible en ligne —, ce « jaune budgétaire » avait été exigé par les sénateurs dans la foulée de la polémique McKinsey. Avec 118 millions d’euros au premier semestre 2022, l’État s’est targué d’avoir réduit d’environ 10 % ses dépenses en la matière par rapport à la même période en 2021 (131 millions d’euros). Des chiffres qui ne correspondent pas à ceux de la commission d’enquête du Sénat, publiés en mars 2022 : les sénateurs évoquent environ 446 millions de dépenses de conseil dans les « secteurs stratégiques » en 2021, tandis que Bercy, dans son rapport de lundi, évoque 235 millions. Le ministère de l’Économie justifie cet écart par le retrait de prestations informatiques, à hauteur de 198 millions d’euros.
Dans huit jours, une proposition de loi « encadrant l’intervention des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques » — dont la rapporteuse est Cécile Cukierman, membre du groupe communiste — sera examinée devant le Sénat.