Le mois de juin sera « le plus orageux depuis au moins vingt ans »

Orages à Lyon le 23 juin. - © Chasseur d'orages Lyonnais Yannick Devesvre
Orages à Lyon le 23 juin. - © Chasseur d'orages Lyonnais Yannick Devesvre
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Cultures détruites, maisons inondées, toitures endommagées... Les orages, et parfois la grêle, ont frappé la France. La moitié est du pays devrait encore être touchée ce week-end.
Qui sème la canicule, récolte la tempête ? Après une vague de chaleur intense et précoce, une large partie du territoire a été frappée par des orages. Trente-et-un départements du Centre-Est étaient placés en vigilance orange jusqu’à vendredi matin 24 juin. Ailleurs, l’heure est au bilan.
Cultures détruites, maisons inondées, toitures endommagées, pares-brises pulvérisés. Près de Bordeaux, des bâches ont temporairement remplacé les tuiles. La maire du Coteau, un village de 7 000 habitants dans la Loire, a listé les dégâts : « Locaux de l’Amicale laïque dévastés, serres municipales explosées, école maternelle endommagée, installations sportives hors d’usage, inondations dans les quartiers, notamment aux Plaines avec des maisons bâchées à perte de vue. » Grêlons et eaux boueuses ont aussi ravagé nombre de départements du Centre-Est, comme en Saône-et-Loire et en Côte-d’Or, où le vignoble a été touché. Pour les agriculteurs du Sud-Ouest et du Massif central, qui vivent le deuxième épisode de grêle en moins d’un mois, la situation a des airs d’apocalypse.
« La grêle cause des dégâts dévastateurs pour les cultures »
« La grêle cause des dégâts très localisés mais dévastateurs pour les cultures, rappelle Serge Zaka, agroclimatologue. À court terme, on perd les feuilles et les fruits, déchiquetés, mais à long terme, on peut aussi voir des champignons se développer dans les feuilles, un peu comme une infection se développe dans une plaie ouverte. » Même s’il est encore trop tôt pour estimer le montant des dommages – les épisodes de fin mai et début juin devraient nous coûter 1,2 milliards d’euros –, M. Zaka craint que les dégâts soient « particulièrement importants ». « On s’achemine vers le mois de juin le plus orageux depuis au moins vingt ans », assure-t-il.
« Les pluies intenses sont malheureusement inefficaces contre la sécheresse »
La faute au changement climatique ? « Impossible à dire », tempère l’agroclimatologue. « Le Giec [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] ne montre pas de lien entre augmentation de la grêle et dérèglement climatique, ajoute-t-il. Les études sur les orages sont récentes, on n’a pas assez de recul. » Un constat appuyé par Météo France : « La formation d’orages est régie par des phénomènes complexes faisant intervenir des processus qui peuvent être, selon les cas, facilités ou inhibés dans un climat plus chaud, explique le service météorologique sur son site. S’il est désormais établi de plus en plus clairement que le changement climatique occasionne une augmentation de l’intensité des précipitations extrêmes, il n’y a pas de résultat clair sur l’évolution des autres caractéristiques des orages (grêle, rafales sous orage, tornades, foudre, etc.) dans un climat qui se réchauffe. »
Les épisodes de ce mois de juin sont surtout liés à la présence d’une « goutte froide » stationnaire, « une zone d’air froid en altitude » au large de la péninsule ibérique, précise Serge Zaka. Cette dernière agit comme une pompe à chaleur, et provoque des remontées d’air chaud et d’air instable. Le temps devrait d’ailleurs rester orageux sur la moitié est du pays tout ce week-end. Une bonne nouvelle pour nos sols asséchés ? « Les pluies intenses sont malheureusement bien souvent inefficaces, rappelle Serge Zaka. Elles ruissellent, sans entrer profondément dans le sol. C’est un peu comme verser une carafe d’eau d’un seul coup sur une éponge très sèche : cela ne pas pas vraiment la mouiller. » Selon l’expert, on peut tout de même espérer une légère humidification des terres, « un pansement temporaire » sur une plaie craquelante.