En bref — Grands projets inutiles
Les écologistes et la gauche s’unissent contre le projet Tropicalia

Durée de lecture : 3 minutes
Grands projets inutiles Luttes- Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais), reportage
On est là ! On est là !
Contre la folie des hommes, nous on est là
28 °C toute l’année
En hiver comme en été
Une nature artificielle on n’en veut pas ! »
C’est sur un ton joyeux et bon enfant que la chorale d’Abbeville a accompagné, sous un ciel bas, les quelque trois cents manifestants réunis, à nouveau, le 6 février, chemin du Petit-Bois, à Rang-du-Fliers, pour s’opposer à la construction de la serre tropicale Tropicalia, présentée par ses initiateurs comme la plus grande du monde. De nombreux responsables politiques étaient au rendez-vous.
Jean Michel Jedrazak, représentant les trente-huit associations du collectif Non à Tropicalia, a introduit les prises de parole en se félicitant de la présence de nombreux représentants nationaux de partis politiques (Générations, La France insoumise,le NPA et EELV). Il lut une lettre transmise par le journaliste Fabrice Nicolino, président de l’association Nous voulons des coquelicots, avant de passer le micro aux différents intervenants.

Catherine Zambon, membre du collectif et écrivaine, a jugé sévèrement le porteur du projet Tropicalia, Cédric Guérin :
Pourquoi devrait-on cautionner la rêverie d’un homme nostalgique de son vécu tropical alors que notre faune locale est en danger ? Que se passera-t-il lorsque le promoteur fera faillite dans cinq ans parce qu’un virus sera entré ou sorti de sa serre ? »
Applaudissements nourris !
Hugo Bernalicis, député La France insoumise du Nord, fustigea l’introduction d’argent public dans ce projet privé, jugé inutile. Yannick Jadot, membre d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), alla dans le même sens : « L’argent public, c’est pas fait pour détruire la nature ! » Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, se fendit d’une citation qui fit mouche : « C’est au moment où l’homme grandit qu’il doit se faire tout petit ! » Karima Delli (EELV) évoqua quant à elle « le mensonge écologique et social » que représente Tropicalia tandis que le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, ravi d’observer sur le terrain l’union des partis écologique et de gauche, des associations et de la société civile, lança aux manifestants : « Continuons ensemble jusqu’à la victoire ! »
Après avoir rendu hommage aux actions des nombreuses associations hostiles à Tropicalia, Sandrine Rousseau (EELV), déclara : « Avec ce projet, on va dépenser des millions afin d’exploiter l’effet de serre alors qu’il faudrait consacrer des millions à la lutte contre le changement climatique et à la réduction des gaz à effet de serre. Les porteurs du projet vont introduire dans leur dôme des papillons exotiques et nous savons par ailleurs que plus de 40 % des papillons sont en voie de disparition. C’est hallucinant ! J’aimerais voir ici, des papillons de notre région libres ! »

Jeremy Latour, du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), observa que « le capitalisme prospère sur la base de l’exploitation de la nature en imaginant de grands projets inutiles et écocides ». Quant à Laura Vandomme, du Parti animaliste — qui se présente comme « transpartisan » —, elle s’est dit scandalisée à l‘idée de voir arriver chaque semaine dans le Pas-de-Calais depuis des fermes d’élevages lointaines, des chrysalides car les papillons exotiques ont une espérance de vie limitée : « Nous dénonçons l’injuste enfermement des animaux exotiques. » Le représentant de la Confédération paysanne insista de son côté sur l’accaparement des terres agricoles et leur enchérissement qu’occasionnerait la réalisation de la serre tropicale.
Avant l’arrivée de la pluie, Jean Michel Jedrazak a évoqué la pétition mise en ligne et apporté sa conclusion aux manifestants conscients des enjeux écologiques et sociaux qui se nouent sur ces terres du Pas-de-Calais : « On reviendra régulièrement, autant qu’il le faudra, sur le chemin du Petit Bois afin de dénoncer ce projet stupide ! »
- Source : Didier Harpagès pour Reporterre
- Photos : © Aline Rosenberg/Reporterre