Les feux en Amazonie menacent de ruiner la baisse de la déforestation

La grande forête amazonienne a beaucoup souffert des incendies ces dernières années, comme ici sur cette image satellite de 2019 qui montre de nombreux foyers. - NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin / CC BY 2.0 / Flickr
La grande forête amazonienne a beaucoup souffert des incendies ces dernières années, comme ici sur cette image satellite de 2019 qui montre de nombreux foyers. - NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin / CC BY 2.0 / Flickr
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Les feux de forêt ont atteint un pic inquiétant en Amazonie, d’autant plus que ces feux sont de moins en moins liés à la déforestation. C’est l’alarme lancée par une équipe internationale de chercheurs, qui publient ce 16 octobre une lettre dans Nature Ecology & Evolution.
En juin 2023, le nombre de feux actifs en Amazonie était à son plus haut depuis 2007, alertent-ils. Et le nombre total de feux sur le premier semestre 2023 était 10 % plus élevé que pour la même période en 2022. À tel point que « la hausse des feux de forêt menacent [de réduire à néant] les progrès dans la réduction de la déforestation de la forêt brésilienne », écrivent les auteurs.
Progrès perdus
C’était en effet la bonne nouvelle de l’année, jusqu’ici, pour la forêt. Sous l’impulsion de la politique du président brésilien Lula, la déforestation aurait reculé de plus de 40 % entre janvier et juillet, comparativement à la même période en 2022, estiment les chercheurs. La diminution sur l’année pourrait même atteindre 60 à 70 %, selon des estimations brésiliennes, grâce à l’homologation de nouvelles réserves indigènes et à la saisie d’exploitations illégales.
Problème : dans le même temps, le changement climatique aggrave les sécheresses et les vagues de chaleur extrêmes. Sous l’effet de l’arrivée récente du phénomène El Nino, l’Amazonie brésilienne connaît en ce moment même une sécheresse catastrophique. À cela s’ajoute la moindre résilience des forêts aux sécheresses, affaiblies par la déforestation et l’expansion de l’agriculture et donc plus vulnérables à l’embrasement.
« Les feux de forêt sont devenus bien plus communs qu’ils ne devraient l’être dans une forêt tropicale »
« En conséquence, les feux de forêt sont devenus bien plus communs qu’ils ne devraient l’être dans une forêt tropicale fonctionnant normalement », explique dans un communiqué Matthew Jones, co-auteur et chercheur à l’université britannique d’East Anglia.
Seuls 19 % des feux, au premier semestre 2023, étaient associés à la déforestation récente, contre 39 % un an plus tôt, selon les chercheurs. Outre les conditions plus sèches et chaudes que la normale et la moindre résilience de l’Amazonie, la multiplication des feux de pâturage précoces, allumés par les propriétaires en anticipation des politiques environnementales plus strictes mises en place par Lula, contribuent à cette évolution.
Dans leur lettre, les chercheurs appellent à une mobilisation internationale forte et à une gouvernance équitable des risques de feux, alors que les conditions devraient encore s’assécher dans les prochains mois, menaçant l’Amazonie de manière croissante.