Les jeunes et la justice pourraient faire plier Trump sur le climat

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Climat MondeAux Etats-Unis, un juge a estimé recevable la plainte d’enfants et d’adolescents contre le gouvernement : les jeunes le poursuivent pour ne pas avoir pris au sérieux le changement climatique. Le procès va continuer, plantant une sérieuse épine dans la politique hostile au climat de Donald Trump.
Le 10 novembre, Ann Aiken, juge fédérale de l’État de l’Oregon, a jugé recevable la plainte de 21 enfants et adolescents âgés de 9 à 20 ans, qui affirment que l’État fédéral a failli à sa mission de protéger leurs droits constitutionnels fondamentaux, « la vie, la liberté et la propriété », des dangers du dérèglement climatique. Elle a ainsi a autorisé l’ouverture du procès qu’ils réclament contre l’État américain, les agences fédérales et l’industrie fossile.
Il s’agit pour eux, non pas de savoir si les lois environnementales ont été respectées, mais de dire que l’État, qui était informé depuis 50 ans des risques liés aux changements climatique, a violé les droits constitutionnels des jeunes citoyens en continuant de miser sur les industries fossiles. Ils parlent au nom des 79 millions de jeunes Américains de moins de 16 ans, et se considèrent victimes d’une discrimination au profit des « intérêts économiques » d’un « autre groupe de citoyens », en l’occurrence l’industrie extractive.
La plainte contre le gouvernement des États-Unis a été déposée en août 2015. En avril 2016, le juge Tom Coffin du district fédéral de l’Oregon leur a donné une première fois raison, rejetant les requêtes en irrecevabilité du gouvernement, qui souhaitait laisser au Congrès le soin de décider, rejetant aussi les arguments des industriels du charbon et des hydrocarbures qui s’étaient associés à la procédure.
« Un système climatique stable est littéralement le fondement de la société »

Confirmée jeudi dernier par la juge Ann Aiken, cette décision ouvre donc pour la première fois la voie à un procès sur le fond, dont la date reste à déterminer. L’élément clé de la décision de la juge est l’affirmation que les jeunes ont un droit légal à un climat stable. Il n’y a « aucun doute que le droit à un système climatique capable de soutenir la vie humaine est fondamental pour une société libre et ordonnée », écrit Aiken. « De même que le mariage est le fondement de la famille, un système climatique stable est littéralement le fondement de la société sans laquelle il n’y aurait ni civilisation ni progrès. »
Comme l’explique la juge dans son arrêt, il ne s’agit pas « de prouver le changement climatique, ni que l’activité humaine en est responsable », mais bien de « déterminer si les plaignants sont fondés à réclamer des actions au gouvernement et si une juridiction peut ordonner à l’État son comportement, sans contredire la Constitution (...). Ce dossier implique que l’action ou l’inaction des mis en cause a si profondément détérioré notre planète qu’elle menace les droits constitutionnels des plaignants à la vie et à la liberté. »
Pour Julia Olson, principale avocate des plaignants et directrice exécutive de Our Children’s Trust, l’administration Obama pourrait encore négocier un accord avec une décision exécutoire, avant l’investiture de Donald Trump.
Si l’administration Obama choisit de ne pas transiger, le procès aura lieu, contre Trump, futur président qui affirme que le changement climatique « est un canular ». « Nous sommes plus que prêts à aller au procès », a déclaré Julia Olson, « et nous pensons que des témoins qui nieraient le changement climatique ne seraient probablement pas bien vus par le tribunal ».
« Ma génération est en train de réécrire l’histoire », a déclaré Xiuhtezcatl Martinez, l’un des plaignants âgé de 16 ans et directeur de l’association Earth Guardians. « Nous faisons ce que tant de gens nous ont dit que nous nous ne pouvions pas faire : rendre nos dirigeants responsables de leurs actions désastreuses et dangereuses. Moi et mes co-plaignants demandons justice pour notre génération et justice pour toutes les générations futures. Ça va être le procès de nos vies ! »