Sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, la destruction des cabanes a commencé

Durée de lecture : 24 minutes
Notre-Dame-des-LandesCe jeudi 17 mai, l’intervention militaire a repris sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Elle viserait à expulser les habitants qui n’ont pas déposé de formulaires individuels. Sept lieux de vie ont été expulsés et quatre d’entre eux ont été détruits. Reporterre suit le fil des événements.
- Le récit de la journée en vidéo, réalisée par Reporterre en partenariat avec Taranis News :
- Le récit de la journée vue par les Zadistes : vidéo produit par l’équipe Automédia de la Zad :
Le fil des événements
- 18 h 25 : Plusieurs rassemblements sont en cours en soutien à la Zad de Notre-Dame-des- Landes : à Alençon, Blois, Bordeaux, Bressuire, Die, Guigamp, Loches, Lyon, Nantes, Poitiers, Rennes, Rouen, Sète, Saint-Etienne, Saint-Malo, Toulouse...
- A Paris, des dizaines de personnes sont rassemblées à l’ombre sur le terre-plein central, à la sortie du métro Belleville.
« On espérait que ça ne reprenne pas, expliquent Catherine et Nicole. C’est terrible, on est en colère, ils ont une stratégie épouvantable d’encerclement. Ils cassent tout, ils cassent l’espoir et ça fait mal au fond de l’âme. On est dans une société libérale qui mène droit dans un mur. On a une maison autonome, on sait ce que ça représente d’essayer de bâtir des modes de vie meilleurs, respectueux. À Notre-Dame-des-Landes, ils sont en train de briser ces tentatives pour “faire autrement”, d’offrir un avenir plus désirable pour nos enfants et nos petits enfants avec le changement climatique, le risque nucléaire. On est effaré devant la politique de Macron... c’est tout pour l’économie. »
De nouvelles personnes arrivent et quelques prises de parole s’amorcent. « Ces gens respectent la terre. Ils ne voulaient pas d’un projet individuel, ils n’étaient pas dans le chacun pour soi », dit un homme. Une habitante de la Zad, à Paris pour la semaine souligne à quel point il est « important de sentir qu’on se bat pas seul et qu’on fait partie d’un mouvement qui touche les gens. Nous sommes pris dans un engrenage administratif pour faire traduire nos projets dans le langage de l’administration. Or, nous avons voulu sortir ce territoire des logiques marchandes et de l’état vertical. Il y a beaucoup de peur depuis un moment. On flippe que des copains soient blessés, à cause des condamnations qui sont très dures ».



- 17 h 51 - Dans un communiqué, les Naturalistes en lutte déplorent les dégâts à l’environnement causés par l’intervention des gendarmes :
« Les gendarmes mobiles entourent ce matin la forêt de Rohanne et ses
annexes. Après avoir visité la partie est de la zad ravagée par
l’attaque de début avril, nous connaissons d’avance les conséquences de
cette intervention dans une zone boisée et sensible sur le plan
écologique : ornières très profondes (parfois plus d’un mètre), haies et
talus détruits, arbres arrachés, cabanes à faible impact écologique
transformées en tas d’ordures par la « déconstruction » à coup de
pelleteuse lourde et de bulldozer. Tout ceci alors que malgré des
agressions répétées le dialogue n’a jamais été interrompu, que le projet
collectif et écologique de la zad est largement explicité et que bon
nombre de ses acteurs et actrices se sont nommée.e.s. Il faut aussi se
rappeler que tout au long du bras de fer contre le projet d’aéroport,
les différentes personnes composant le mouvement d’occupation ont montré
un souci constant de leur impact écologique malgré les fortunes diverses
de cet épisode. Les sollicitations fréquentes des Naturalistes en lutte
à divers sujets en témoignent. Ainsi, une véritable déconstruction des
rares cabanes situées dans les zones les plus sensibles était
envisageable. Ces habitats légers n’auraient, à cette condition, laissé
aucune trace.Ces destructions en pleine période de nidification des oiseaux et de
reproduction pour la plupart des espèces sauvages du site s’accompagnent
bien entendu d’un nuage de gaz lacrymogène et d’un grand nombre de
grenades explosives. Nous connaissons les conséquences de ces batailles
lourdement équipées en terme de pollution chimique et sonore, fatale à
un certain nombre d’animaux et gâchant le travail agricole pour
longtemps.Nous regrettons qu’une fois de plus, dans ce haut lieu de biodiversité,
la préservation de la nature soit considérée comme peu de chose, et que
la priorité soit donnée à la démonstration de force et à l’étalage
d’armement. »

- 16 h 56 - Une sortie du triton en toile, réplique zadiste des dragons chinois de carnaval, a mené en milieu d’après-midi près de Bellevue une parade parodique face aux gendarmes mobiles, imitant une charge et se retirant en rigolant, raconte notre autre reporter.
- 16 h 40 - D’après notre reporter, la situation est calme. Il a seulement observé une charge isolée des gendarmes dans le champ de la Wardine, où 1.000 gendarmes ont fait face tout l’après-midi à 50 zadistes. Les tractopelles sont revenues de la Châteigne. Les gendarmes ont fait l’annonce qu’ils avaient détruit quatre lieux — la Châteigne, la Vosgerie, Pui Plu et la Datcha
- En plus de tous les gendarmes déployés sur la zone, cinq-six compagnies sont restées en stand-by sur la route tout l’après-midi. En face, les effectifs de zadistes ont baissé par rapport au matin. « Le moral est pas bon », indique notre reporter. Le terrain a également souffert. « Les gendarmes et les entreprises ont tronçonné des arbres, tracé des chemins, on circule facilement à pied à des endroits où on ne progressait qu’avec peine à cause des broussailles il y a quelques semaines. On sent que les gens encaissent le choc et le terrain aussi. »
- 15 h 57 - D’après un journaliste de Ouest-France à Nantes, un zadiste (une seule mention au casier) jugé pour des violences sans incapacité temporaire de travail (ITT) sur un gendarme vient d’être condamné à un an ferme, avec mandat de dépôt. Et à six ans d’interdiction de Loire-Atlantique.
- 15 h 46 - Notre reporter a assisté à la démolition de la Châteigne, désormais achevée. Deux petits tractochenilles et un plus gros ont mis par terre les constructions, les plus petits opérant dans le sous-bois. Les opérations ont été faites avec fracas, en démolissant des arbres, des arbustes, en faisant des ornières d’un mètre de profondeur. Les chemins ont été élargis à l’arrache pour laisser passer les engins et les arbres ont été retournés. Les conducteurs des engins ont travaillé cagoulés. Les huissiers étaient sur place, équipés de casques prêtés par les gendarmes. Ces destructions se sont faites sans opposition, sans que personne ne harcèle le chantier. Le symbole est fort, puisque ce hameau avait été reconstruit en novembre 2012 lors de la manifestation de réoccupation qui a suivi l’opération César et qui avait rameuté 40.000 personnes en plein hiver.
- 15 h 18 : La destruction de la Châteigne est en cours. Notre reporter ne peut pas y accéder car l’accès est réservé aux journalistes avec carte de presse. Radio Klaxon rapporte que des bruits de tronçonneuse ont été entendus au niveau de la Datcha, une cabane située dans la forêt de Rohanne.
- Par ailleurs, dans le champ de la Wardine, face à la forêt, une vingtaine de zadistes avec des miroirs qui sont en train d’éblouir les gendarmes, nous rapporte notre reporter. La situation est figée depuis des heures. Il n’y a plus d’affrontements depuis 11 h à Bellevue.


- Plusieurs rassemblements de soutien sont prévus dans la soirée : à 18 h devant la préfecture à Nantes, à 18 h sur l’esplanade Saint-Vincent à Saint-Malo, à 19 h devant la sous-préfecture à Bressuire, etc.
- 14 h 51 - Une fille invective les gendarmes en faction statique dans le champ près de la Wardine, raconte notre reporter. « C’est désespérant, des gens comme vous, à rien faire. Pas de projet, pas d’avenir... Je sais pas, faites un truc, du macramé, n’importe quoi, mais restez pas comme ça, debout à rien foutre ! ».
- Au même moment, Radio Klaxon annonçait que des bruits de pelleteuses qui cassent des cabanes avaient été entendus. Etant donné que cinq pelleteuses se dirigeaient vers la Châteigne quelques minutes auparavant, l’automédia en a déduit que les cabanes de la Châteigne étaient en train d’être détruites.
- 14 h 42 - Entre la Wardine et l’Ambazada, la ligne de gendarmes mobiles est au calme, rapporte notre reporter. Les gendarmes ont même retiré leurs casques. Pas d’opposition en face d’eux. Six tractochenilles passent derrière eux, accompagnés à pied par un civil cagoulé — sans doute un salarié de l’entreprise de BTP — que les gendarmes mobiles laissent passer sans encombre. Les gendarmes mobiles tournent le dos pour éviter les renvois de soleil par des miroirs zadistes.
- Par ailleurs, selon Radio Klaxon à 14 h 39, cinq pelleteuses se dirigent vers la Châteigne. Les trous à l’entrée de la Châteigne ont été rebouchés et les pelleteuses pourraient donc pouvoir entrer dans le lieu de vie.
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- 13 h 26 - « Tous les objectifs » fixés pour cette matinée de jeudi à Notre-Dame-des-Landes « ont été atteints », selon la gendarmerie nationale citée par Europe 1. Les quelque 2.000 militaires mobilisés pour la seconde opération d’expulsion des occupants illégaux ont cerné et évacué la forêt de Rohanne. Le lieu est emblématique dans l’histoire du conflit : c’est là que s’était embourbée l’opération César, qui s’était soldée par un échec en 2012. « Jeudi à la mi-journée, sept lieux de vie, des cabanes et des tentes, ont été évacués, et sept habitants expulsés sur une centaine de présents. Les affrontements ont été relativement mineurs », a commenté le général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale. « Il y a eu des contacts, il y a eu des jets de projectiles mais on n’est pas dans les niveaux de violence qu’on a pu connaître. » À midi, des engins de chantier remblayaient les fossés creusés par les zadistes sur les routes et détruisaient les barricades. Les camions de déménagement devaient ensuite enlever les possessions des habitants, avant la destruction des lieux. Selon la gendarmerie une dizaine de squats au total seront évacués durant l’opération qui « va durer quelques jours ».
- 13 h - Selon notre reporter, après une échauffourée à base de feux d’artifices, de grenades lacrymogènes et une dizaines de grenades F4 dans le champ limitrophe à la Wardine, au niveau du Maquis, et un tour d’hélicoptère à basse altitude, la situation est à nouveau calme depuis 12 h 30. Les gendarmes mobiles et les zadistes déjeunent. La Wardine est toujours encerclée par des centaines de gendarmes mobiles mais qui restent statiques dans le champ des bâtons et sur le chemin de Suez. Peu de mouvements à part quelques escarmouches.
- Par ailleurs, notre reporter confirme que la Châteigne est bien tombée ce jeudi matin, et indique qu’elle est probablement en train d’être détruite par un engin de chantier. Les gendarmes mobiles encerclent complètement les lieux dans un périmètre de 500 mètres, impossible de s’approcher pour avoir davantage d’informations.
- 12 h 50 - Une vidéo réalisée par Zone à défendre résume l’ambiance de la matinée :
Vidéo de la matinée, les cabanes sont toujours debout, tout continue ! #ZAD pic.twitter.com/8LuRLW3K8s
— Zone À Défendre (@ZAD_NDDL) 17 mai 2018
- 12 h - Des zadistes, des représentants de Copain 44 et des Naturalistes en lutte ont donné une conférence de presse à la Rolandière, à trente mètres de la ligne des fourgons de gendarmes stationnés en ligne continue, pare-choc contre pare-choc, entre la Rolandière et la Saulce.
« On est dans une colère profonde. Aujourd’hui on détruit des bâtiments, des vies et des pratiques agricoles. Les négociations c’est de l’enfumage, comme face aux cheminots et aux étudiants. La seule logique, c’est l’expulsion. Il n’y a pas de distinction à faire entre une cabane et une ferme en dur, on ne va jamais faire le tri. Un habitat dans une forêt c’est la maison de gens, ça nous suffit, a insisté un zadiste. En attaquant ces différents lieux, c’est l’ensemble de la vie rurale qui est attaquée. » Concernant la Châteigne, « c’est un village reconstruit en 2012 lors d’un chantier collectif auquel ont participé les 250 comités de soutien créés après l’opération César, a rappelé le zadiste. C’est aussi une manière d’effacer l’histoire de cette lutte ». « On ne négocie pas avec des chars d’assaut sous la gorge, a-t-il achevé. On s’en fiche des fiches individuelles, le but affiché c’est de contraindre à ce qu’il ne reste plus grand-chose sur la Zad à la fin des opérations. »
Une représentante de Copain 44 a ensuite pris la parole : « Nous sommes aussi très en colère. Et pas que pour des raisons agricoles. Mais quand on voit des gendarmes piétiner des foins, mettant en péril nos activités agricoles... On a même vu une pause pique-nique en plein milieu d’un champ où du foin allait être récolté ! » « Ça fait trois semaines, un mois qu’il y a les flics sur la zone, a renchéri un zadiste. L’agriculture est donc empêchée d’exercer son activité. »
« Une vie rurale, ce ne sont pas que des paysans, c’est aussi du social, du culturel, il n’existe pas de terrain occupé à 100 % par l’agriculture, a poursuivi une zadiste. Ou alors on oblige tout le monde à déposer des demandes d’autorisation pour son petit potager. » Un autre a abordé la dimension politique de l’agriculture à la Zad : « On n’est pas venu ici pour faire de l’agriculture bio. Les projets agricoles, ce sont des armes politiques pour nourrir la lutte. »
Le représentant des Naturalistes en lutte a dénoncé « les destructions en pleine forêt vont transformer des cabanes construites à très faible impact écologique en déchets qui seront en partie laissés sur place. Ce n’est pas de la déconstruction, ce sont des ravages. Les explosions de grenades vont évidemment impacter les nichées d’oiseaux ».
« Les gendarmes nous parlent de libérer les routes mais ce sont eux qui les bloquent, a poursuivi une zadiste. On sent une volonté d’éradiquer cette zone et les espoirs, les solidarités qu’elle porte. »
Une action syndicale « Triton surprise » est prévu ce jeudi après-midi à 14 h 30 à Bellevue. Vendredi 18 mai à 11 h est prévue une conférence de presse consacrée à la demande d’inscription de la Zad et de ses habitats au patrimoine mondial de l’humanité. « Sur les dix critères d’inscription, il y en a quatre qui conviennent parfaitement à la Zad », a souligné Geneviève Coiffard.
- 11 h 18 : Le lieutenant-colonel Philippe Marestin, officier presse, interrogé par Reporterre, fait le point sur la situation vue par la gendarmerie :
« Entre 1.500 et 1.700 gendarmes ont été déployés pour l’opération. Quatre squats étaient ciblés, ce matin, à l’ouest du RD 81, entre la Rolandière et le carrefour de la Saulce : Pui Plu, le Châteigne, la Vosgerie et Shi-Fu-Mi. Aucun des lieux où des dossiers avaient été déposés n’ont été touchés.
La durée de l’opération ne dépend pas que de nous. Nous avons rapidement investi les lieux, mais ensuite il faut pouvoir faire intervenir les différentes sociétés de déblaiement et autres. Les axes ont été rendus impraticables par des tranchées, des fosses à char, assez profondes. Il faut pouvoir mettre du remblai, faire un travail de terrassement, sinon les véhicules ne peuvent pas passer. Tout ce temps-là, forcément, ancre un peu plus notre présence. Je ne sais pas à quelle heure nous aurons terminé. Ça dépend aussi du comportement de certains, qui harcèlent les forces de l’ordre, ralentissent la manœuvre.
La suite ? Il était indiqué qu’une dizaine de sites étaient concernés par cette opération. Aujourd’hui on en fait quatre, demain on en fera six. Il ne m’appartient pas de dire ceux qui seront concernés, mais il n’y a pas d’effet de surprise de recherché. Il est fort possible que demain, nous procédons de la même manière en indiquant, en toute transparence, ce qui sera fait. Ça rassurera sans doute ceux qui ont des inquiétudes sur le devenir de leur habitat.
En face, nous de rencontrons pas véritablement de grosse résistance : quelques actes d’intimidation, de provocation. Quelques Black-Blocs ont été localisés et ont tenté de venir au contact, mais il n’y a pas eu de heurts, d’affrontements. On est sur une intensité relativement modérée comparativement avec ce qu’on a pu avoir par le passé. »

- 10 h 54 - Notre reporter nous signale une charge de gendarmes mobiles sur 50 mètres dans le champ près des Lascars, avec jets de grenades lacrymogènes. Un secouriste espagnol des Médics est revenu de sa palabre avec les pompiers et un médecin : à son retour, il explique en anglais que ces pompiers sont là pour d’éventuelles blessures des gendarmes mobiles, pas des zadistes. Un gendarme mobile au mégaphone : « Le monsieur au pantalon bleu, arrêtez d’énerver l’équipe cyno ! »
- 10 h 41 - Le bulldozer a dépassé la barricade des Lascars, d’après notre reporter. Un face à face « tranquille » se déroule dans le champ à côté. Radio Klaxon confirme que les gendarmes sont garés sur la D81, ont pris Lascar qu’ils ont déblayé avec des tractopelles, et se sont engagés sur le chemin de Suez quasiment jusqu’à la Riotière. Par ailleurs, des affrontements ont lieu à La Hulotte. Trois portes-chars et trois pelles à chenilles ont été repérés à Héric en direction de Notre-Dame-des-Landes, indique Radio Klaxon.
- 9 h 54 - Des affrontements sont en cours dans le champ de Bellevue et vers la Hulotte. D’après notre reporter, des personnes ont pu quitter les différents lieux de vie qui étaient encerclés par les gendarmes mobiles pour se rassembler à la ferme de Bellevue. Elles souhaitaient se rendre en soutien à la Châteigne, mais ont échoué à le faire à cause des gendarmes présents partout. Une centaine de personnes équipées de boucliers et de bâtons sont désormais face à face avec les gendarmes mobiles, le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig) et les chiens. Une vingtaine de grenades F4 ont été lancées. L’hélicoptère de la gendarmerie survole la scène, ainsi que deux drones. « Tout à l’heure, j’ai vu un rapace qui essayait de chasser un de ces drones, il en avait peut-être assez de se faire gazer », rapporte notre reporter.



- Concernant les destructions des lieux de vie, difficile d’avoir des informations précises. D’après notre reporter, la Châteigne est tombée. Il n’entend pas encore le bruit des machines mais il n’a pas réussi à voir la cabane à cause des gendarmes. Sept expulsions ont eu lieu ce matin à la Châteigne et un homme est toujours perché sur le toit d’une cabane, selon 20 Minutes Nantes. D’après un journaliste de Ouest-France, la Vosgerie, dans la forêt de Rohanne, vide sur les photos, « vit ses dernières heures ». Une pelleteuse est en train de démonter les barricades des Lascars, selon Radio Klaxon.

- 9h50 - Au carrefour de la Saulce, un tractopelle jaune évolue dans la poussière, racle le sol, raconte notre reporter. Un zadiste déchiffre le logo de l’entreprise : Bergerat-Monnoyeur.
- 9h30 - Au carrefour de la Saulce se trouvent trois blindés, des jeeps, des camions de la sécurité civile et des tractopelles. Des zadistes se moquent rageusement des gendarmes mobiles en mimant une charge et en rigolant, raconte notre reporter. Ils s’appuient sur les blindés par bravade ou nettoient une tache de boue en se marrant.
- 9h05 - D’après notre reporter basé à la Wardine, il ne s’est pas passé grand-chose depuis 8h. Le lieu de vie est encerclé par plusieurs centaines de gendarmes mobiles et ses habitants sont pris dans la nasse. Pas de nouvelles de l’est de la Zad, car les communications sont brouillées et on ne peut pas se déplacer, indique-t-il. Mais d’après lui toutes les opérations sont concentrées dans et autour la forêt de Rohanne. Les gendarmes mobiles sont ainsi présents au Liminbout, à la Wardine et à la Chateigne, mais il n’y a pas d’affrontements, seulement des face à face.
- Selon notre second reporter, à la Wardine les gens mangent, assis à table à moins de cent mètres des gendarmes mobiles positionnés en ligne le long du chemin de Suez et entourant le bus de Radio Klaxon.



- 8h50 - Un paysan discute avec un gradé à propos du bien-fondé de l’opération : « moi je pourrais potentiellement signer une convention avec l’État, mais je ne le ferais jamais tant qu’il y aura une occupation militaire. Vous signeriez, vous, avec un revolver braqué sur la tempe ? »
- 8h45 - Communiqué des collectifs d’action non-violente sur le site zad.nadir.
Nous dénonçons la poursuite des expulsions et des opérations militaires à Notre-Dame-des-Landes, rendant impossibles des négociations sereines sur l’avenir de la zone. (...) L’État s’entête dans son autoritarisme inadmissible. Le lourd dispositif militaire présent sur la zone depuis plus d’un mois constitue une entrave à toute démarche constructive. Ceci alors qu’il n’y avait aucune urgence à expulser qui que ce soit. (...) Nous dénonçons également la contradiction d’un gouvernement qui d’un côté prône une « transition écologique et solidaire » mais d’un autre côté détruit sans scrupule des expérimentations d’habitat à faible impact écologique, des innovations agricoles, des formes de démocratie alternatives… pourtant reconnues par les spécialistes pour leur richesse ! Enfin, nous dénonçons la stratégie de l’État visant à briser l’incroyable collectif humain construit depuis des années, en jouant la carte de la division, du harcèlement militaire et de la désinformation.
- 8h37 - Le dispositif militaire empêche toute personne — autre que gendarme mobile — d’approcher du bois de Rohanne, dans lequel se situent plusieurs cabanes visées. Impossible de savoir ce qui se passe dans ce périmètre, constate notre reporter.
- 8h34 - Devant un cordon de gendarmes mobiles sur le chemin de Suez, un zadiste cagoulé crie : « vous portez toute la charge de la violence de l’État ! » Pour cette deuxième opération, dix-neuf escadrons de gendarmerie sont mobilisés, soit entre 1.500 et 1.700 gendarmes. Deux huissiers sont également présents à leurs côtés pour mener ces procédures.
- 8h20 - Des paysans désolés : « Pour le foin qu’on devait récolter demain, c’est mort, avec ce qu’ils balancent dans les champs. Et les bêtes derrière la haie, elles sont en plein dans les gaz ».
- 8h11 - 150 à 200 personnes se trouvent à La Wardine. Elle est entourée d’une masse de gendarmes, qui empêchent les gens de sortir.
La Chateigne semble avoir été prise par les gendarmes, avec énormément de grenades en un seul coup et un seul assaut.
Pour l’instant, il n’y a pas d’affrontement direct. Toute la zone est sèche, il n’y a pas de boue, et la circulation dans les champs pour les engins et les gendarmes est donc beaucoup plus facile.
- 7h58 - D’après le site zad.nadir, les gendarmes lancent l’attaque sur la Châteigne. Ce lieu fait partie du symbolique "village de cabanes" construit par 40.000 personnes à l’occasion de la manif de réoccupation du 17 novembre 2012.

- 7h55 - Sur Twitter, le ministre de l’Intérieur explique que l’intervention de ce jeudi vise « les occupants illégaux ayant refusé de déposer un projet agricole ». Une dizaine de lieux de vie pourraient être ciblées aujourd’hui.
Conformément aux engagements du Gouvernement, le processus de retour à l’État de droit se poursuit à Notre-Dame-des-Landes.
De nouvelles opérations d’expulsion débutent.
Elles visent les occupants illégaux ayant refusé de régulariser leur situation en déposant un projet agricole.— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 17 mai 2018
- 7h49 Les gendarmes mobiles ont chargé pour occuper le chemin de Suez, et ont pris position en ligne, dans le champ, à 100 m au-delà du chemin, vers Le Rosier.
- 7h45 - Suite aux expulsions en cours, le collectif NDDL-IDF appelle à un rassemblement à Paris, au métro Belleville, ce soir à 18h.

- 7h33 - Des affrontements ont lieu dans le champ entre le Maquis et la lisière de la forêt de Rohanne. Les tirs de grenades depuis les sous-bois cassent les branches d’arbres. Les sommations succèdent aux sommations. Les gendarmes mobiles dégagent les haies à coup de matraque pour pouvoir avancer.

- 7h12 - Un de nos reporters a vu tellement de camions de gendarmes sur la Zad qu’ils ont créé un bouchon entre le village de Notre-Dame-des-Landes et le carrefour des Ardillères. Il y a des camions du carrefour de la Saulce jusqu’au carrefour des Ardillères. On compte cinq blindés. Pour l’instant, aucun tir de grenade.

- 6h47 - Trois gradés sans casque ont avancé dans le champ en demandant à parler à un responsable. Quelqu’un s’approche suivi d’une deuxième personne cagoulée. Le message des gendarmes : « Si vous n’attaquez pas la ligne, tout reste tranquille de notre côté. Sinon, on a la possibilité juridique d’attaquer la ferme de Bellevue et d’opérer des arrestations ». Les zadistes réfléchissent pour garder Bellevue. Les lieux qui devraient être détruits aujourd’hui : Pui Plu, la Datcha, la Chateîgne, la Vosgerie.

- Jeudi 17 mai - 6h29 - Un peu avant six heures, sous l’hélicoptère, les gendarmes mobiles ont dépassé une barricade à un kilomètre du Liminbout et avancé en trottinant pour prendre position sur 800 m, le dos au bois de Rohanne, face au champ des bâtons, qui accueille le camping de Bellevue.

- Mercredi 16 mai - Communiqué du Conseil des ministres : « Pour ceux des occupants qui n’ont pas voulu inscrire leur avenir dans le cadre d’une installation légale, toutes les conséquences devront en être tirées ; ce sera le rôle de la gendarmerie nationale de continuer à sécuriser la zone, de mettre en œuvre les procédures judiciaires faisant suite aux violences commises à l’encontre des forces de l’ordre et de poursuivre la mise en œuvre des décisions d’expulsions. »
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