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ReportageLégislatives

Victoire écrasante de Mathilde Panot : « Le premier enseignement, c’est la défaite de Macron »

Mathilde Panot avec des militants après sa réélection dans la 10e circonscription du Val-de- Marne, le 19 juin 2022.

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, a été réélue haut la main. À Ivry-sur-Seine, ses sympathisants ont célébré la victoire avec retenue, inquiets de voir arriver 89 députés d’extrême droite au Palais Bourbon.

Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), reportage

21 h 30. Ce soir, « ça va être sobre », dit Darlio, un verre de blanc à la main, ce dimanche 19 juin. Sous les averses éparses, il est venu fêter la réélection de Mathilde Panot, députée dans la 10e circonscription du Val-de-Marne et présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale.

Mais l’état d’esprit du militant de 19 ans est à l’image de la météo, sur cette terrasse d’Ivry-sur-Seine, « contrasté ». « On a plus de 80 députés [LFI], c’est énorme. Mais les scores d’Ensemble et du Rassemblement national (RN) sont trop élevés. On aurait préféré avoir moins de députés et pas de groupe pour le RN à l’Assemblée nationale », assure l’étudiant.

Des militants Nupes regardent les résultats du deuxième tour dans la 10e circonscription du Val-de-marne dans un bar. © Jérémy Paoloni/Reporterre

Didier Pourre, 78 ans, est plus positif. Il salue le « coup de génie » de Jean-Luc Mélenchon, qui a su « proposer quelque chose de concret aux électeurs » en leur demandant de l’élire Premier ministre. Le militant LFI de longue date a observé une dynamique inédite au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle et du score élevé de Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position. « On a vu arriver plein de gens qu’on n’avait jamais vus. Des gens venus des cités, ou bien des jeunes. » Darlio est d’ailleurs l’un d’entre eux. L’étudiant de 19 ans a commencé à militer pour LFI il y a moins de deux semaines. « Il y avait une vraie possibilité pour la Nupes [Nouvelle union populaire écologique et sociale] d’arriver en tête. C’est l’union des gauches qui m’a motivé », confirme-t-il.

Des militants de 16 et 19 ans lors de la soirée de soutien à Mathilde Panot dans le Val-de-Marne. © Jérémy Paoloni/Reporterre

La victoire de Rachel Keke, « la meilleure nouvelle de la soirée »

22 h 30. Les résultats officiels pour la circonscription tombent enfin : la cheffe de file du groupe LFI à l’Assemblée nationale obtient plus de 67,63 % des suffrages exprimés. Cris de victoire de la cinquantaine de militants rassemblés malgré les gouttes de pluie et les coups de tonnerre qui se rapprochent.

Les verres de sangria circulent, mais Mathilde Panot se fait toujours attendre. Elle a en effet passé le début de la soirée au QG national de la Nupes, à l’Élysée Montmartre, à Paris.

Beaucoup de sympathisants gardent le visage tourné vers leurs écrans de téléphone, qu’ils actualisent sans cesse. Ils scrutent les résultats des camarades dans les autres circonscriptions. « L’espoir, c’est Rachel Keke », explique Darlio. L’élection de l’ancienne femme de ménage, dans le Val-de-Marne, met du baume au cœur de beaucoup, ici. « La victoire de Rachel Keke, c’est la meilleure nouvelle de la soirée », renchérit Élise Trouvé-Buisson, attachée parlementaire de Mathilde Panot.

Les militants regardent les résultats. © Jérémy Paoloni/Reporterre

L’Assemblée nationale, « ça va être rock’n’roll »

Le rapport de force au sein de la future Assemblée nationale commence à se dessiner. Sandor, 16 ans, est « super surpris par le score du RN », qui ne cesse de monter. Le parti de Marine Le Pen rafle finalement plus de places que le groupe LFI et devrait ainsi obtenir la présidence de la commission des finances, réservée au premier groupe d’opposition.

Mathilde Panot remercie ses militants après sa réélection dans la 10e circonscription du Val-de-Marne. © Jérémy Paoloni/Reporterre

S’ils sont nombreux à concéder qu’ils espéraient un plus beau score au second tour des législatives, la plupart des militants sont aussi intéressés par la situation inédite qui se met en place à l’Assemblée nationale, sans majorité absolue pour le parti d’Emmanuel Macron. « Ça va être rock’n’roll, sourit Louis Boyer, militant recruté au lendemain de la présidentielle. On va enfin jouer avec les règles du jeu. Avant, c’était de la triche, 20 % de la population décidait de tout. Là, on va devoir écouter tout le monde. » Ses compagnons de tablée discutent d’ailleurs avec animation de la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée nationale, dans un an.

La « responsabilité historique » de la macronie dans la montée du RN

23 h 30. « Mathilde, Mathilde, Mathilde. » Les cris couvrent le brouhaha des conversations. La députée est enfin arrivée. Elle improvise immédiatement un discours, d’une voix de tribun. « Le premier enseignement, c’est la défaite de Macron. Qui aurait cru il y a deux mois, alors que la Nupes n’existait pas encore, qu’Emmanuel Macron n’ait pas de majorité absolue pour mener à bien son programme ? » Et l’élue de condamner la « macronie » qui porte selon elle « une responsabilité historique dans la montée du Rassemblement national ».

Mathilde Panot dans un bar après sa réélection dans la 10e circonscription du Val-de- Marne. © Jérémy Paoloni/Reporterre

La députée, qui annonce son intention de se présenter à nouveau à la présidence du groupe LFI de l’Assemblée nationale, donne le ton du nouveau quinquennat : « Regardez ce qu’on a pu faire à 17 députés [LFI]. Imaginez ce qu’on peut faire à trois fois plus. »


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